Les derniers chiffres de la croissance
et du déficit budgétaire ne sont que le reflet de la descente économique de
notre pays. La prévision initiale de croissance était de 1%, le dernier
réajustement donne 0,4%. Michel Sapin a l’outrecuidance de justifier cette
contre-performance par la faiblesse de la croissance de l’UE et de la zone
euro. Certes la France n’est pas parmi les pays les plus mauvais dans une
croissance molle mais la prévision faite a été ridiculement optimiste, comme d’habitude.
Dès la préparation du budget 2014, les experts indépendants en économie avaient
prévu que nous atteindrions difficilement 0,5%. C’est cela qui est
insupportable. On ne peut pas dire, personne ne s’y attendait ou c’est avouer
soit que l’on est frappé d’autisme soit d’une obstination qui tourne à l’incompétence
soit plus probablement d’une application normale de l’enfumage de l’opinion.
Le Royaume-Uni
va probablement finir avec une croissance voisine de 2,7%, l’Allemagne avec
1,7% au lieu de 1,8% prévu. La crise ne touche que les pays qui ne sont pas en
mesure d’être compétitifs. L’Allemagne qui a serré les salaires, jugulé les
dépenses de l’État, pompe les économies des pays faibles et alimente sa
croissance. Le Royaume-Uni joue sur sa monnaie, mène une politique d’austérité
et attire les travailleurs et les investisseurs étrangers. En résumé ces états
font ce que nous sommes incapables de faire. Par contre nous brandissons notre
système social que nous détricotons jour après jour.
Nous
nous enfonçons également dans la dette avec un déficit de 4,4% du PIB qui sera
supérieur de 0,1% à celui de 2013. Adieu veau, vache, couvée… le pot aux roses
est renversé. L’atteinte de l’objectif de 3% du PIB est repoussée à 2017. Il n’y
a pas si longtemps qu’on claironnait que l’objectif serait atteint en 2015,
alors qu’il avait déjà été repoussé de 2 ans. Évidemment les chiffres du
chômage, qui vont tomber sous quinzaine, ne seront pas bons. La France souffre
depuis la fin du quinquennat précédent en 2011 avec le gouvernement Fillon et
la politique menée nous conduit droit dans le mur.
Cette
agonie économique génère une crise politique à droite et à gauche. La droite
qui a vu sa politique continuée avec les résultats constatés aujourd’hui n’a
pas de véritable changement à proposer et donne libre cours à une guerre de
petits chefs qui savonnent la planche de Sarkozy ou se rangent prudemment sous
son aile. A gauche l’arrivée de Manuel Valls avec comme mission la mise en œuvre
du Pacte de Responsabilité ne change rien, car notoirement insuffisant. Depuis
son arrivée rien n’a changé et il y a fort à parier que l’entente Hollande-Valls
ne va pas durer. Le jeune ambitieux ne va pas supporter longtemps de couler
avec son mentor.
A
cela s’ajoute les frondeurs qui s’estiment floués par rapport aux annonces du
candidat et qui ne se voient plus rentrer dans leurs circonscriptions avec un
discours où le libéralisme supplante le socialisme. Que le budget soit voté ou
non, le ver est dans le fruit et il ne cessera de le pourrir. Le Front de
Gauche va retrouver une nouvelle vigueur dans le discours mais il traine, comme
un boulet, ses alliances électorales. La masse des mécontents grossit et
alimente l’abstentionnisme dans un premier temps et le FN ensuite. Ce dernier n’ayant
aucune véritable représentation à l’Assemblée, nous nous dirigeons vers une
crise de régime.
La
dissolution de l’Assemblée Nationale est inéluctable, seule la date est
inconnue et dépend du Président, mais elle ne dépassera pas 2015 dans une France
en décomposition morale, politique et économique. La répression budgétaire
couplée à une inflation très basse enfonce le pays dans des difficultés dont il
ne sortira pas. Le peuple est en permanence soumis aux mensonges et aux approximations.
Michel Sapin annonce que les impôts n’augmenteront pas en 2015. Faut-il lui
rappeler qu’ils devaient diminuer après l’augmentation dite exceptionnelle en
2014 ?
Agiter
l’épouvantail de la montée du FN ne résout rien, catastrophe dite insupportable que
la démocratie nous réserve, il vaudrait mieux réfléchir à une véritable
politique de rupture. Celle-ci passe d’abord par notre décrochage de l’euro-mark.
La baisse actuelle de l’euro par rapport au dollar est très insuffisante pour
retrouver de la compétitivité. On constate bien d'ailleurs que l’argent déjà distribué aux
entreprises n’a ni boosté la croissance, ni diminué le chômage. En donner plus
continuera à creuser le déficit sans faire bouger significativement les deux
curseurs de la croissance et du chômage.
Tout
va de pair et notre aura internationale devient de moins en moins reconnue. C’est
le cas du Royaume-Uni et de l’Allemagne avec laquelle nous fonctionnons en
tandem (sur les trains à vapeur, on y mettait le charbon nécessaire à la
machine). Par ailleurs nous sommes les supplétifs des USA. A ce titre nous nous
précipitons pour envoyer quelques avions en Irak pour bombarder les combattants de l’État islamique que nous avons soutenus, nous votons les sanctions contre la
Russie, etc. Il est vraiment temps de bousculer le monde politique aux mains
des puissances économiques. Le peuple doit se révolter.
La France se meurt sous l’éteignoir et
se ridiculise
Et la confiance fond dans le chacun pour
soi.
Même en son multiculturalisme elle s’enlise
Perd son identité et ne sait plus
pourquoi
Tout son génie s’envole vers d’autres
rives
Où travail et liberté sont porteurs d’espoir.
Notre France de cocagne s’en va à la
dérive
Et nos éléphants roses sont peints en
noir !
Jacques Ouvert
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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