Pour
clore le dossier à propos de l’argumentation de l’écologisme sur l’arrêt du nucléaire,
il faut ajouter que celle-ci nie à priori toute l’évolution que la science peut
apporter dans ce domaine. Il faut tout-de-même rappeler que c’est ce qui a
amené le gouvernement socialiste, pour des raisons électorales, à arrêter
Superphénix à Creys-Malville, un réacteur de type surgénérateur. Les raisons évoquées de
dépassement du coût initial et des nombreux arrêts de ce réacteur, tête de
série d’une nouvelle filière affublée pour l'affaire du titre de dangereuse, nous ont fait
perdre notre leadership dans cette avancée technologique. Or le dépassement de
coût est accepté pour Flamanville où se construit un réacteur de 3ème
génération alors qu’il ne s’agit pas d’un saut technologique mais d’une
amélioration des réacteurs à eau sous pression sur le plan de la sûreté. Par
ailleurs les causes des arrêts de Superphénix ne touchaient que la partie non
nucléaire de l’installation. Enfin le réacteur expérimental Phénix a continué à
fonctionner à Marcoule et invalidait l’argument de dangerosité.
Ce
fut la première décision politique mais antiéconomique qui nous a coûté 23
milliards de francs en raison des engagements avec nos partenaires étrangers,
plus les frais de démantèlement. Elle offrait une meilleure utilisation du plutonium que les
combustibles MOX inventés par la suite. Elle nous amputait d’un marché
prometteur de réacteurs purement français et fermait une nouvelle voie
technologique dont nous aurions bien besoin aujourd’hui alors que nous
développons toujours la même filière où nous avons de plus en plus de
concurrents. Voilà pourquoi, le domaine de l’énergie électrique demande de prendre
les bonnes décisions stratégiques et elles ne le sont jamais quand on refuse
les progrès de la science.
En
dehors du fait que nous n’avons pas besoin de moyens supplémentaires en dehors
du nouveau réacteur de Flamanville3 en fin de construction pour démarrage en
2016, la deuxième question à se poser pour justifier un changement radical de
politique énergétique est : produira-t-on de l’électricité moins chère ?
La réponse est encore NON ! Si l’on enlève les aides, subventions et
rachats aux particuliers à des prix gonflés, les énergies renouvelables
produisent une électricité trois plus chère pour l’éolien, dix fois plus chère
pour le solaire. Grâce à l’introduction de la CSPE (Contribution au Service
Public de l’Electricité) sur votre facture le prix de l’électricité ne cesse de
croître puisqu’il faut d’une façon ou d’une autre rembourser EDF des surcoûts
qu’elle assume.
Autrement
dit nous payons tous l’implantation des panneaux solaires et des éoliennes que
nous le voulions ou non. Il est d’ailleurs intéressant de savoir que l’EDF
récupère la plus grande partie du surcoût par la CSPE et le reste par le fait
qu’elle vend des panneaux solaires et des éoliennes par l’une de ses filiales
EDF Energies nouvelles. Ce qui explique l’attitude parfois ambiguë de l’EDF sur
le sujet et la marge de manœuvre du gouvernement sur l’évolution de la CSPE.
Ceci lui permet d’afficher envers l’opinion une attitude de défense du
consommateur en limitant la croissance de la CSPE juste ce qu’il faut pour qu’EDF
soit toujours bénéficiaire. Ce dernier sera ainsi un conciliant promoteur des
énergies renouvelables.
La
CSPE est censée permettre de combler quatre postes de dépenses : les
énergies renouvelables, les surcoûts de l’électricité dans les îles, la
cogénération (production simultanée d’électricité et de chaleur utile), les tarifs
sociaux et le budget du Médiateur national de l’énergie. Son montant est arrêté
par le ministre chargé de l'énergie sur proposition de la Commission de
régulation de l'énergie (CRE) selon les coûts prévisionnels
calculés. Si le ministre ne prend pas d'arrêté avant le 31 décembre, la
proposition de la CRE pour l'année suivante s'applique automatiquement, dans la
limite d'une augmentation de 3€/MWh (0,3c€/KWh) par rapport à l'année
précédente.
C’est
6,2 Mds€ que l’État va récupérer avec la CSPE en 2014 dont 3,46Mds€ pour les énergies
renouvelables. Ce qui est remarquable c’est l’augmentation de la CSPE depuis
2009. En 2014 elle est multipliée par plus de 6. L’éolien coûte 2,7 fois plus
cher et le photovoltaïque 40 fois ! On voit clairement sur le graphique l'envol
des charges dues au surcoût des contrats d'achat d'énergies renouvelables,
ainsi que la croissance continue des surcoûts dus à la péréquation tarifaire. Si
l’on estime qu’il faut que l’État participe pour faire démarrer ces nouvelles
énergies, on doit néanmoins considérer qu’au bout de cinq ans la période d’aide
est terminée. Doit-on continuer à faire payer l’ensemble des consommateurs d’électricité
pour ceux qui ont choisi le solaire ? Doit-on encore continuer à
subventionner une technique non rentable ? Le bons sens devrait nous faire
répondre d’arrêter mais le bon sens a-t-il encore un sens en politique ?
S’il n’y a aucune
inflexion de la politique énergétique actuelle, nous sommes loin de stabiliser
ces dépenses. Selon la CRE en 2020 le coût de l’éolien terrestre va avoir augmenté
de 39%, l’éolien en mer de 119%, le photovoltaïque de 22%, la biomasse et le
biogaz de 39%. Les dépenses totales des énergies renouvelables de métropole en
2020 seraient de 8,3Mds€ selon la CRE et 6,5 selon EDF soit une augmentation minimale
de 88%. Le cumul de 2015 à 2020 représenterait une somme de 27 à 32Mds€ imputables
aux EnR (Energies renouvelables) pour la métropole seulement !
Notons
de plus que la CRE ne distingue pas les surcoûts de production dans les zones
non interconnectées (ZNI) pour 0,262Mds€ ; l'impact total des surcoûts des
EnR est de ce fait sous-estimé. En 2014 notre contribution totale particulière à
la CSPE est de 16,5€/MWh (0,0165euro/KWh), elle passerait toutes proportions gardées à 22,1€/MWh
en 2020. Le coût annuel moyen par abonné est en 2014 de 77€, il passerait à 103€ ! En
2014 pour les petits consommateurs, la CSPE représente 18% du coût du KWh, qui
est de l’ordre de 0,14€/KWh, dont 10% pour les énergies renouvelables soit 9,23€/MWh.
Les
EnR coûtent à l’État 3,46Mds€ en 2014 et s’acheminent vers 6,5 à 8,3Mds en 2020,
coût qu’il répercute sur les abonnés. Nous dépensons donc pour une production
superfétatoire et qui n’est toujours pas rentable. Alors pourquoi continuer ?
L’argument-massue est l’indépendance énergétique que procurent les EnR. J’ai
déjà eu l’occasion de démonter cet argument mais nous y reviendrons succinctement
dans un prochain article. Nous verrons également que ces énergies ont des
nuisances qui nous sont imposées.
Tant que nos gouvernants feront fi
Des évidences économiques,
Du progrès et du bon sens,
La France reculera !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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