jeudi 4 septembre 2014

Quand le Mistral vient de l’Ouest



Quand le Mistral vient de l’Ouest, le provençal perd le Nord. C’est ce qui vient d’arriver à la diplomatie française. La décision de reporter la livraison du premier navire Mistral prévue en Novembre 2014, sans donner d’ailleurs de date, est une décision calamiteuse pour la France. Le fait de jouer sur le report pour ne pas parler d’annulation est ridicule. Elle l’est d’autant plus que la Russie s’implique auprès de Porochenko pour définir un cadre acceptable par les insurgés pour un cessez-le-feu tout en demandant que celui-ci soit négocié et signé par les deux parties engagées dans cette guerre civile. Or le Président ukrainien vient d’évoquer un accord possible sur les propositions russes et un cessez-le-feu négociable.

Cette regrettable annonce de report de livraison est la tentative d’une arrivée sans frais au sommet de l’OTAN avec l’argument d’une implication française dans le conflit des occidentaux avec la Russie. C’est l’ancien Secrétaire du Parti socialiste qui est à la manœuvre du chèvre-chou. En jouant sur le fait que report n’est pas annulation, le président Hollande ne trompe personne mais signe sa vassalité aux USA qui avaient demandé l’annulation pure et simple de la commande. Il laisse percevoir que ceci n’est qu’une manœuvre et qu’il n’a pas au fond l’intention d’annuler ce contrat. C’est donc un pétard mouillé mais dont les conséquences peuvent être désastreuses. J’ose espérer que, dans les soi-disant échanges téléphoniques avec Poutine, le Président n’a pas joué double-jeu en avertissant celui-ci que ce n’était que de pure forme, histoire de faire plaisir à Obama. 

La France s’exclut de pouvoir intervenir auprès de la Russie pour chercher une solution diplomatique au conflit ukrainien. Elle envoie un signal, de non-fiabilité et d’alignement sur la position américaine, au monde entier et en particulier aux pays émergents. La rétention de matériel de guerre ne peut s’entendre qu’en cas de conflit déclaré engageant notre armée contre le client. Qui dit d’ailleurs que Poutine n’est pas en droit de demander des compensations pour non-respect des délais du contrat ? Si ce report n’est qu’une posture pour siéger au sommet de l’OTAN, elle n’impressionnera que les journalistes mais pas la Russie. 

La France parle désormais avec une voix de fausset. On ne peut imaginer une telle décision prise par De Gaulle et même Mitterrand ou Chirac. Mais les conséquences économiques peuvent être désastreuses pour tous les marchés soumis à l’autorisation française. C’est des milliers d’emplois qui sont en jeu. Dans une période de grande difficulté pour la France où la quasi-totalité des voyants sont au rouge, il est d’une rare inconséquence de jouer avec le feu. La Russie a versé 1 milliard et a fait confiance à notre pays, alors que l’UE fait tout son possible pour s’accaparer le marché ukrainien majoritairement tourné vers la Russie. Cette dernière deviendra d’une grande méfiance envers nous. N’oublions pas que de nombreuses entreprises travaillent dans ou avec la Russie. Leurs salariés apprécieront aussi une décision de bureaucrate asservi qui se répand en discours sur la priorité de la diminution du chômage. 

Non seulement la France n’a plus de politique extérieure 

Mais elle n’existe plus que par celle des autres 

Dans un désastreux comportement 

De supplétif menteur et indécis ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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