Les évènements en Irak et en Syrie s’interpénètrent avec
ceux en Ukraine. La situation devenant chaque jour plus complexe, la poudrière
du Moyen-Orient finit par mettre la guerre aux portes de l’UE. Comme on pouvait
s’y attendre le cessez-le-feu en Ukraine est précaire et l’aéroport de Donetsk,
en particulier, est une verrue importante de Kiev dans la zone pro-russe de
même que l’accès portuaire à la mer d’Azov. La signature de l’entrée de l’Ukraine
dans une zone de libre-échange avec l’UE ne fait que ranimer un conflit avec la
Russie qui la voit s’échapper de sa zone d’influence et considère que dans l’état
actuel des choses, il s’agit là d’une nouvelle provocation après le
renforcement des sanctions.
Mais la Russie se trouve
mêlée aux évènements en Irak pour lesquels les États-Unis et quelques alliés n’excluent
pas d’aller porter l’aide militaire et le feu aérien en territoire syrien. Si
la Russie ne peut s’opposer à la destruction d’un islamisme radical et
terroriste, elle ne peut envisager que, sous ce prétexte, les occidentaux
profitent de l’occasion pour bombarder la Syrie et annoncent le renforcement militaire
des rebelles. Plusieurs éventualités peuvent se produire. L’EIIL étant désormais
en conflit avec les rebelles syriens, la fourniture d’armes supplémentaires à
ces derniers risque de passer pour partie dans les combats aux mains de l’EIIL.
Le gouvernement syrien et la Russie ne peuvent exclure que les bombardements
sur la Syrie ne viennent pas également frapper les troupes de Bachar al Assad
dont on a refusé l’aide contre l’EIIL.
La Syrie a annoncé qu’elle
considérerait toute attaque aérienne de la coalition comme une violation de son
territoire et un acte de guerre contre lequel elle riposterait. Désormais mieux
dotée de moyens anti-aériens, on peut entrevoir le risque de destruction d’un
avion de la coalition, acte que les occidentaux s’empresseront de stigmatiser
pour justifier une attaque plus directe de l’armée syrienne, voire l’élimination
de Bachar al Assad qui n’a pu aboutir jusque-là. François Hollande s’est d’ailleurs
dit prêt à une attaque de ce genre comme il avait déjà poussé Obama à le faire
sans succès.
Deux autres partenaires
importants dans ce conflit géopolitique viennent troubler le jeu occidental. C’est
d’abord la Turquie qui ne peut voir d’un bon œil la fourniture d’armes aux
kurdes irakiens qui auront vite fait d’en faire passer aux kurdes turcs. Or ces
derniers sont en rébellion avec le gouvernement turc dans une région qui n’est
toujours pas pacifiée. C’est ensuite l’Iran qui soutient le gouvernement
irakien pro-chiite. Rien n’est décidé par ce dernier sans l’approbation de
Téhéran. Sa chaise vide à Paris pour la réunion de coalition en dit long sur
son accord sur pour une intervention militaire débordant sur la Syrie alors qu’il
soutient le gouvernement syrien comme la Russie. Ce partenaire est
incontournable mais peut du jour au lendemain changer de camp au moment où il
renforce sa liaison avec Moscou. Enfin cette intervention militaire sur l’EIIL
s’insinue dans une rivalité Qatar-Arabie Saoudite où la France qui a noué des
liens privilégiés avec le Qatar peut difficilement jouer un rôle de médiateur.
Trop d’intérêts divergents
se font ou se feront jour dans cette nouvelle guerre. Tout est réuni pour un
nouvel affrontement des deux camps que les occidentaux ont voulu créer en
allant étendre les ailes de l’Europe et les bases de l’OTAN aux frontières
russes contrairement aux accords passé lors de la séparation de la Crimée et de
l’URSS. De plus l’indépendance de celle-ci est toujours contestée malgré les résultats
sans ambigüité du référendum et le déroulement sans heurts ni victimes de ce
rattachement à la Russie, rattachement conforme à l’histoire de cette région. Son
inclusion dans l’Ukraine s’était faite sans l’accord de cette population, son
indépendance, voulue par le peuple, lui est aujourd’hui contestée… Où est le
respect des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
De ce rapide survol d’une
situation de guerre pouvant aller de l’Europe au Moyen-Orient on peut
raisonnablement en déduire que les risques de conflits vont au moins s’étendre
sur une longue période avant de se calmer mais qu’il devient tout-à-fait
possible que cette poudrière explose en un conflit d’une ampleur beaucoup plus
grave. Or ce conflit n’est pas exclu, le terme est faible, par le complexe
militaro-industriel et financier des États-Unis. Ils jouent la dernière carte
de leur hégémonie avant que l’histoire tourne une nouvelle page où celle-ci lui
sera contestée. Le temps presse pour affaiblir la Russie, la repousser hors de
l’Europe qui gagnerait en autonomie et pour empêcher la constitution du trio
Russie-Iran-Chine dont la force économique et militaire s’appuiera sur les plus
grandes richesses pétrolières et gazières du monde.
Sauf évènement imprévisible,
cette bataille sera finalement perdue mais elle fera encore beaucoup de morts
et peut même nous amener à une troisième guerre mondiale. La France joue un jeu
dangereux en suivant, que le Président Hollande en convienne ou non, les États-Unis. Nous serons du côté des perdants et nous aurons ligué contre nous
des forces musulmanes dont notre disparition reste l’objectif malgré leurs
rivalités. C’est ainsi qu’un peuple sort de l’histoire par des mauvais choix
historiques et l’illusion qu’il peut surfer encore sur son passé pour ne pas
préparer l’avenir dans le présent. Nos chefs doivent désormais faire parler les
armes pour se donner encore l’illusion de compter dans l’histoire du monde… Triste
constat de leur faiblesse.
Tant que nous n’aurons pas le souci de notre propre destin
Nous perdrons notre âme dans celui des autres
Qui ne nous veulent pas que du bien !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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