Il y a de quoi s’énerver devant la politique économique
menée depuis quarante ans. Elle détériore de plus en plus la puissance
économique de la France au fur et à mesure des gouvernements qui se succèdent. Le
dernier s’avère pire que les précédents et ce n’est pas peu dire car il aggrave
l’incohérence de la politique étrangère déjà lancée sous Sarkozy. Il a été
coupable de notre entrée dans l’OTAN, de l’invitation de Kadhafi à l’Élysée et
notre participation à son exécution pour laisser la Libye dans le chaos et les
pétroliers s’engraisser un peu plus.
Mais notre propension à excuser notre
propre incapacité à gérer un Etat-providence, dans le contexte d’économies
libéralisées et de plus en plus globalisées, nous fait rechercher chez nos
voisins la cause de nos échecs. Si l’UE marche mal c’est parce qu’elle n’a pas
une monnaie unique dans tous les pays. On en arrive à souhaiter le départ du Royaume-Uni
parce qu’il est sur la voie d’une croissance retrouvée. On ne pose pas la
question de savoir pourquoi le florin et la couronne suédoise ne se posent
nullement la question d’en venir à l’euro. Demandez à l’Islande pourquoi elle
refuse l’euro malgré les appels du pied de l’UE. On ne se pose pas la question
de savoir pourquoi la plupart des pays faibles économiquement en sont friands.
Demandez à la Croatie.
Mais le grand méchant loup c’est l’Allemagne
qui nous impose une cure d’austérité, une purge dont le goût est pour nous pire
que l’huile de foie de morue. L’Allemagne vampirise effectivement les économies
des pays du sud. Mais ces pays sont entrés dans la monnaie unique avec une monnaie
surévaluée et une conception de l’austérité qui tient plus des douceurs de
Capoue que des rigueurs de l’hiver allemand. La France s’est endormie
préoccupée de « justice sociale » sans prendre garde au fait que les
pourvoyeurs du bas de laine à distribuer se faisaient plus rares et donnaient de
moins en moins.
Le « Too big, to fail » (Trop gros pour faire faillite) a permis
à nos dirigeants de distribuer à tous vents en fonction du poids des corporations
et de leurs électeurs. Le déficit ne parait pas un problème tant que l’on peut
emprunter. Il a tout-de-même trois inconvénients. Le premier c’est qu’il s’accumule
pour former la dette publique. Le second c’est que les intérêts n’augmentent
que tant que la baisse des taux d’intérêt compense l’augmentation de la dette.
Le troisième c’est que les taux d’intérêt sont liés à la confiance que donne un
pays aux investisseurs dans sa capacité à rembourser. Le jour où elle s’élude
ou disparait, le pays vacille sous le poids des remboursements. Ce fut le cas en
Grèce entre autres et le pays est alors mis sous tutelle de la troïka UE-BCE-FMI.
La France cherche 50 milliards à
déverser sur son économie, c’est justement le montant des intérêts de la dette
que nous remboursons chaque année. Voilà pourquoi ma sœur est muette. Cela nous
met déjà dans une situation différente de celle de l’Allemagne dont la dette n’augmente
plus et dont le poids des remboursements d’emprunt diminue avec un PIB
croissant et un taux d’intérêt très faible garanti par la solidité de son économie.
Si notre capacité de production n’avait pas baissé et si la monnaie unique n’entravait
pas notre compétitivité, la croissance nous permettrait de résorber le déficit
budgétaire. Elle le ferait d’autant mieux si nous affichions une politique de
rigueur en particulier dans l’Administration publique où le nombre global de
fonctionnaires est pléthorique par rapport à l’Allemagne.
Pour l' instant les allemands peuvent
dormir tranquilles : la France est un bon client qui vit dans le déni de
son propre déclin, et qui paie plutôt bien... Et en plus les français sont
tellement orgueilleux et plein d'amour-propre qu'ils ne reconnaissent même pas
l'étendue de leur désastre et du fossé qui les sépare de leur puissant voisin.
Il y en a qui mettent les motifs de la suprématie allemande sur le compte de
leurs faibles coûts salariaux, des mini-jobs,
de la main d'œuvre bon marché venue de l'Est et de leur natalité : tout
cela est vrai bien évidemment mais n'explique pas pourquoi ils sont de loin les
premiers en termes d'innovations technologiques, de qualité et de pénétration
des marchés à l'extérieur...
Chacun sait que la croissance et la
rigueur budgétaire ne tombent pas du ciel. Du jour au lendemain en 2000, passer
de 39 heures à 35 payées 39 ne donnait pas un coup d’accélérateur alors que notre
balance commerciale s’équilibrait à peine. Si l’on ajoute à cela l’effet,
retardé de deux ou trois ans, de l’euro sur notre économie, il n’en fallait pas
plus pour faire sombrer notre économie et dévaster le potentiel industriel
français. Michel Sapin remet la discussion sur les 35 heures entre les
partenaires sociaux. Les entreprises ayant utilisé tous les moyens de la loi
pour dépasser la semaine de 35 heures au prix de surcoûts, on comprend que dans
une période de chômage record les syndicats soient beaucoup enclins à en
discuter.
Là encore ce qui est en cause ce n’est pas les 35 heures c’est le coût moyen du salaire brut horaire pour les entreprises, du salaire net pour les salariés et le nombre d’heures qu’elle peut leur offrir. Revenir à 39 heures dans l’industrie ne pose pas de problème, elle le pratique. Il est souvent financièrement plus intéressant pour elle d’allonger la durée du travail plutôt que d’embaucher sans parler de toutes les contraintes administratives et de code du travail qui s’y rattache. Il est évident que c’est parce que nous avons aussi rigidifié la stabilité de l’emploi à l’inverse de l’Allemagne et du Royaume-Uni, que nous avons freiné l’embauche et un peu plus la croissance avec comme résultat le chômage et une balance commerciale très déficitaire.
Là encore ce qui est en cause ce n’est pas les 35 heures c’est le coût moyen du salaire brut horaire pour les entreprises, du salaire net pour les salariés et le nombre d’heures qu’elle peut leur offrir. Revenir à 39 heures dans l’industrie ne pose pas de problème, elle le pratique. Il est souvent financièrement plus intéressant pour elle d’allonger la durée du travail plutôt que d’embaucher sans parler de toutes les contraintes administratives et de code du travail qui s’y rattache. Il est évident que c’est parce que nous avons aussi rigidifié la stabilité de l’emploi à l’inverse de l’Allemagne et du Royaume-Uni, que nous avons freiné l’embauche et un peu plus la croissance avec comme résultat le chômage et une balance commerciale très déficitaire.
Il faut s’avouer que rien n'est dû au
hasard, et qu'il existe outre-Rhin des puissants leviers en amont qui
permettent à la technologie allemande de bien s'exporter et aussi de fortes
incitations financières à l'innovation technique. A force de voir la paille
dans l’œil de notre voisin allemand, ce vilain partenaire qui vend plus qu’il n’achète
chez nous, on se perd en accusations qui ne sont que le reflet de notre
incapacité à prendre les bonnes décisions et à la leur de leur politique
réaliste et courageuse. N’oublions pas qu’ils ont dû payer pour réussir la
réunification de leur pays même s’ils en tirent désormais les bénéfices.
Si les économies du sud, dont nous
faisons partie, sont vampirisés par l’Allemagne, il y a une raison majeure, l’euromark
est trop cher pour notre économie en 2014. La France doit le faire comprendre à
l’Allemagne qui n’a finalement pas intérêt à avoir un client insolvable et pour
cela convaincre les pays du sud de faire poids avec elle. Ce serait beaucoup
plus salutaire que d’aller quémander une rallonge de temps pour la politique d’austérité
à l’allemande.
Cela ne suffit pas mais c’est une
condition nécessaire avant toutes choses, sous peine de rendre caduques toutes
les autres mesures. C’est ainsi que les mesures sur la construction, sur les
professions privilégiées, peuvent avoir un impact sur la relance d’activité ou
la justice sociale, elles n’apparaissent que des emplâtres qui ne s’attaquent
pas au fond des difficultés inhérentes à notre pays. L’urgence est à la flexibilité
du travail, à la formation des emplois qualifiés, à l’allégement des
contraintes administratives et du code du travail, à la baisse de la fiscalité,
au soutien à l’innovation, aux investissements dans les infrastructures, à la
réduction du coût de l’Administration publique pléthorique en effectif, à l'arrêt de certaines décisions écologiques inintelligentes.
Pour tout cela il faut la confiance.
Elle s’obtient sous quatre conditions : un chef qui n’ait pas déçu par son
action et ses mensonges ou par ses démêlés avec la justice, un plan crédible
par son bon sens et l’ampleur du changement, une volonté d’agir pour le Bien
Commun et non pour sa carrière politique, une association étroite du peuple aux
grandes décisions par le référendum. Combien de ces conditions sont réunies ?
Quelles chances de réussir a le gouvernement Valls 2 ? Je vous laisse
conclure.
« La difficulté en politique, c’est
de choisir,
Entre deux mauvaises solutions,
La moins mauvaise »
Nous y sommes !
Richelieu
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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