Le
sommet de l’OTAN, en fait le sommet de la puissance militaire des USA, a montré
une fois de plus la servilité des puissances européennes même si le consensus
sur la mise à l’index de la Russie n’est pas unanime au sein des 28 de l’UE.
Les plus puissants états européens étaient réunis autour d’Obama avec pour
objectif la diabolisation de la Russie et un accord sur une difficile partie de
poker à jouer contre l’État islamique qui a échappé à ses géniteurs et veut se
tailler des territoires jusqu’à Bagdad pour y mettre un califat.
Débarrassé d’une présence militaire importante en Afghanistan, les USA
constatent que la Russie renait des cendres de l’URSS et est redevenue une
grande puissance exportatrice de richesses gazières et pétrolifères en même
temps qu’une puissance militaire qui se modernise même plus vite qu’eux-mêmes. L’Europe
étant la chasse gardée des américains, il faut la considérer comme le glacis
permettant de s’approcher au plus près de la Russie, glacis qu’il faut
impérativement détacher le plus possible d’une puissance qui donnerait à l’Europe
une voix contestataire et un poids militaire qu’elle n’a pas. L’opération
ukrainienne, ourdie de longue date avec les opposants au régime ukrainien
corrompu, était destinée à permettre l’implantation de bases militaires dans ce
pays qui devait entrer dans l’OTAN.
La complicité de l’UE était facile à obtenir pour qu’elle fasse entrer l’Ukraine
dans son giron quand l’UE cherche de nouveaux débouchés pour une production
surabondante sur le marché intérieur. Cela avait de plus l’avantage de détacher
ce pays de l’alliance économique tissée par la Russie avec des ex-républiques
de l’URSS. On a d’abord introduit à Kiev des experts de la CIA, du MI6, des
commandos israéliens et fascistes, parmi les manifestants. Le désordre créé et
les morts de la place Maïdan ont permis de justifier l’ingérence, sous couvert implicite
de l’ONU, des occidentaux dans la vie politique de ce pays. La mise en place de
Porochenko a été réalisée rapidement par les occidentaux, à la barbe de Poutine,
en violant la constitution ukrainienne mais les opinions favorables occidentales
ont été magistralement acquises sous le drapeau de la lutte pour la démocratie.
On a évoqué largement d’ailleurs la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes…
ce que, au passage, on n’admet pas pour la Crimée, ni pour le Donbass.
Jusque-là l’opération était un grand succès pour les occidentaux. Ce qui
n’avait pas été prévu, c’est la force de l’attachement de l’est à la langue
russe et aux échanges commerciaux avec la Russie. Fort de l’appui des
occidentaux, Porochenko a refusé d’écouter leurs revendications, en particulier
sur le maintien de la langue russe comme deuxième langue officielle. Par
ailleurs il est apparu que les promesses de l’UE ne compensaient pas les pertes
économiques dues à un éloignement de la Russie. Porochenko a décidé de passer
outre et a envoyé, non pas des forces de police, mais des militaires pour mater
les insurgés. Ces troupes, devant la résistance, ont alors bombardé des villes
et leurs habitants, transformant un conflit interne négociable en guerre civile
meurtrière qui pourrit l’espoir de retrouver une Ukraine unie. Porochenko et
les occidentaux pensaient que les insurgés seraient rapidement vaincus, vu la
disproportion des forces en présence.
Entre-temps la Crimée, essentiellement russe par son histoire récente, s’est
autodéterminée par référendum pour son rattachement à la Russie, ce qu’évidemment
la Russie a accepté avec joie. Le tout s’est fait sans effusion de sang. Évidemment la perte de sa base navale sur la Mer Noire et son passage sous la
coupe de l’OTAN était l’assurance de voir des navires américains s’y installer
et maitriser l’accès à la Méditerranée de la marine russe. Heureusement que la
Crimée s’est autodéterminée car dans le cas contraire on aurait pu craindre une
véritable intervention de l’armée russe.
La situation
militaire de Porochenko est aujourd’hui désastreuse, ses troupes sont défaites
et une bonne partie de leur matériel est passé à l’est, soit au cours des
combats, soit par la défection de ses propres troupes. Il doit négocier et
demander l’appui des occidentaux. L’arrêt des combats est désormais demandé par
la Russie et il est difficile, vis-à-vis des opinions occidentales de ne pas
faire chorus. On a donc inventé l’arrivée de troupes russes pour expliquer la
défaite, comme on a très probablement inventé la destruction de l’avion de la
Malaysia par les russes ou les pro-russes. Si l’aide russe en conseillers,
voire en petit équipement,
parait très probable, cela ne suffisait pas pour diaboliser la Russie qui
demandait d’envoyer un convoi humanitaire et un accord de cessez-le-feu. Quelques
photos satellites, dont il est impossible de savoir le lieu de vision, avec une
dizaine de chars suffit à l’affaire. Peu importe que les insurgés du Donbass aient
récupéré 50 chars sur leurs adversaires, les chars ont été introduits par les
russes !
La porte était ouverte à de nouvelles sanctions, concoctées les 4-5
septembre au Pays de Galles durant le sommet de l’OTAN. Malgré le cessez-le-feu
dans l'est de l'Ukraine, l'Union européenne a décidé vendredi soir de renforcer
ses sanctions contre la Russie. Ces mesures limiteront l'accès de la Russie au
marché des capitaux, de la défense et des technologies "sensibles".
En outre, la Commission européenne a établi une nouvelle liste de personnes –
dirigeants des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk,
ainsi que de la Crimée et personnalités russes" - déclarées non grata dans
l'UE. Le président du Conseil européen Herman van Rompuy et le président de la
Commission européenne José Barroso ont écrit samedi dans leur lettre commune
s'attendre à l'adoption définitive lundi des nouvelles sanctions sectorielles
contre la Russie.
Mais ce n’est pas tout. L’OTAN prévoit de déployer cinq bases en Europe
de l'Est. Selon le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung,
elles apparaîtront sur le territoire de la Lettonie, de la Lituanie, de
l'Estonie, de la Roumanie et de la Pologne. Selon les plans de l'OTAN, environ
600 soldats pourraient être déployés à long terme sur chacune des bases.
D’autres détails importants n’ont pas été divulgués. Grâce à l’opération
Ukraine, l’OTAN peut installer de nouvelles bases militaires aux frontières de
la Russie. Des discussions sont aussi en cours en Géorgie. N’oublions pas que
la Crimée avait été cédée par l’URSS avec la promesse que l’OTAN cesserait désormais
de mettre des bases aux frontières de l’URSS. La guerre froide est donc
rallumée et un nouveau mur se dresse entre la Russie et l’Europe, mur inutile
et pouvant mener à un conflit généralisé où l’Europe sera aux premières loges
et a tout à perdre.
La peur de perdre
de l’hégémonie étreint les USA.
Il lui faut
désormais s’appuyer sur l’Europe
Pour tirer vite parti
de sa prééminence
Car même le dollar
est menacé
Et ce, à n’importe
quel prix !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire