La
France paye son tribut à la guerre qui fait couler le sang innocent de ses
compatriotes. Elle considère qu’elle est le gendarme supplétif des USA au nom
de la démocratie, modèle que nous nous croyons autorisés à imposer partout
comme la solution pour tous les peuples quel que soit leur degré de
développement, leur histoire ethnique et tribale. Nous y allons munis ou non
des autorisations de l’ONU que nous suivons à notre gré comme en Libye. Notre
hésitation à frapper en Syrie tient plus à nos problèmes militaires et surtout
à notre position devenue ambigüe vis-à-vis de Bachar el-Assad que du souci de ne
pas avoir le blanc-seing de l’ONU.
La France ne s’est jamais
fait admirer pour ses incursions militaires en Afrique en particulier où nous
sommes considérés d’abord comme des envahisseurs par une partie de la population
que nous avons combattue puis comme des colonialistes invétérés par la
population aidée. La grandeur de la France a été saluée et sa voix entendue
quand elle mit fin à l’ère coloniale. Son attitude devenue menaçante ou interventionniste
tous azimuts (Afghanistan, Libye, Mali, Centrafrique, Syrie, Iran, Ukraine,
Irak), il a fallu qu’Obama nous retienne pour la Syrie, en fait une cible de
haines qui s’accumulent dans une expansion rapide de l’Islam en Europe et
particulièrement dans notre pays.
Au moins quarante pays, dont
la France, participent à la coalition anti-Daech menée par les États-Unis en
Irak. Pourquoi donc l’organisation « Djound al khilafa » a-t-elle enlevé un ressortissant français
et non celui d’un autre des pays membres de cette coalition ? En Irak nous
entrons dans un conflit purement musulman sur une terre musulmane où des
communautés s’affrontent pour des interprétations différentes du Coran et des
sourates. Dans ce bouillon de culture, ce chaudron porté à ébullition, nous les
croisés, nous nous faisons fort de résoudre un conflit ethnique et religieux
par les armes.
Penser qu’à terme on en sera
reconnaissant à la France, c’est oublier plus de mille ans de guerres
incessantes et croire que les croisés sont les bienvenus. Donner une
appellation de civilisation de paix aux adeptes du Coran, c’est oublier qu’un
peu plus d'un demi-siècle à peine, après la création de l’Islam par Mahomet par le glaive et
le pillage, la conquête musulmane se déroulait en Espagne. C’est vouloir ne pas
comprendre l’attitude ambigüe de la Turquie en oubliant que les Ottomans ont
assiégé Vienne avant de repartir. La puissance pétrolière, donc financière, des
pays du Golfe, de la Syrie et de l’Iran ont fait renaître des ambitions de
domination du monde musulman avec un objectif de califat dont il faut
déterminer s’il sera au Caire, à Bagdad, à la Mecque ou ailleurs. C’est ce même
pétrole qui alimente l’EI ou Daesh. Désormais le nombre de plus en plus grand
de musulmans dans le monde et la puissance du pétrole leur fait dire que l’objectif
est le monde entier… comme l’ont fait les religions chrétiennes.
Quand l’Espagne a conquis l’Amérique
Centrale et une partie de celle du Sud, des populations ont été massacrées, le
sang a coulé au nom de la religion de la Croix. Après des siècles de lutte en Espagne
contre les musulmans, Grenade est tombée et l’aventure de Christophe Colomb
sonnait alors comme une revanche de la religion chrétienne. Mais la Monarchie catholique espagnole ne s’est
pas privée de conquérir Mexico par la force et de raser la ville. Il faut donc
relativiser les massacres et les décapitations perpétrées par des musulmans fanatisés
tirant d’humiliations successives leur force de revanche.
La faiblesse de l’Islam
tient au fait qu’aucune autorité n’a permis jusqu’à aujourd’hui de fournir une
interprétation unique des textes fondateurs. Le califat est donc un rêve
souvent éphémère qui cristallise les affrontements des différentes tendances
particulièrement entre sunnites et chiites et entre toutes les sous-tendances
comme le salafisme qui nourrit le djihadisme. Nous avons connu cela dans les
guerres de religions en France qui l’ont considérablement affaibli en leur
temps. La création de la Confédération Française du Culte Musulman, créée par
Sarkozy, ne représente qu’un rassemblement de notables de différentes
tendances. Il n’est que le résultat de tractations avec l’Algérie et le Maroc.
On voit que même la définition d’une date de fête musulmane est l’objet de
longues discussions.
Nous sommes donc en Irak au cœur
d’un conflit interne à la civilisation musulmane qui inclut tous les pays du
Golfe, la Turquie, l’Égypte, l’Iran, la Jordanie, le Kurdistan sur une zone de
guerre qui comprend le Liban, la Syrie, la Palestine, Israël et l’Irak. Au
milieu de tout cela, les chrétiens d’Orient et les Yézidis, mouvement
hétérodoxe de l'islam sunnite, et le problème des Kurdes qui veulent aussi leur
état. Si le monde musulman ne prend pas à son compte le règlement par la négociation
et l’étude théologique, ce conflit n’aura pas de fin autre que le chaos. Par contre le
rassemblement du monde musulman contre toutes les autres civilisations dont l’occidentale
créera toujours des alliances d’opportunité.
Inutile de dire que régler
un conflit aussi complexe ne peut l’être ni par la guerre ni par toute
ingérence quelle qu’elle soit. On ne met pas un éléphant dans un magasin de
porcelaine surtout quand le cornac n’a qu’envie de piller celui-ci. Par contre
toutes nos interventions extérieures contre le « terrorisme »
musulman, qui n’est que l’expression de la conquête par les armes,
complémentaire de celle par le peuplement, nous ciblent comme le pays à
terroriser compte tenu de notre relation avec la mort et nos valeurs qui ne
sont pas les leur. Il en résulte que c’est sans doute de l’ordre de 1000
candidats français au djihad qui sont partis ou qui sont prêts à agir, et dont
on peut penser que le terrain de notre pays leur est aussi dévolu puisqu’ils en font
partie.
Les
manifestations
orchestrées d'horreur et de protestation sur le ton "eux c'est pas nous"
en France par le CFCM sonnent faux et n’ont pour but que d’éviter
(j’allais dire retarder) une montée de racisme. Leur véritable action
serait de
réagir au sein de l’OCI, représentative de l’ensemble mondial de
l’Islam, pour
qu’une interprétation commune du Coran fasse réellement naître une
civilisation
de paix. Le résultat actuel est une montée de l’insécurité dans notre
pays due
à la décision de notre intervention en Irak. Nous lui opposons des
mesures de
sécurité qui vont vite apparaître comme dérisoires car ce pays est fier
de
montrer sa force à l’extérieur mais n’a plus la détermination nécessaire
pour assurer
la sécurité à ses ressortissants, sécurité qui est pourtant le premier
devoir
régalien de l’État… bien trop enclin à s’occuper de tout.
La politique américaine a échoué partout dans la pacification
Parce que leur objectif n’est que celui de l’hégémonie.
En la suivant bêtement nous détruisons notre aura
Et nous importons la guerre chez nous !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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