On voit fleurir, ici et là mais de plus
en plus souvent, l’idée d’une VIème République en particulier à gauche avec
Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg. La droite s’accroche plus au testament
de De Gaulle qui a taillé celle-ci à sa dimension historique. Notre Vème a
incontestablement permis à De Gaulle de remettre la France sur de nouveaux
rails et en particulier à lui redonner un sentiment de confiance dans une France
retrouvée. La désespérance avant 1958 était à l’image des gouvernements qui se
succédaient à une cadence parfois de quelques mois et des tractations de partis
qui rendaient impossible l’émergence d’une politique cohérente et assumée.
L’histoire
ne se répète jamais mais elle produit des situations semblables relevant des mêmes
causes. Il semble bien que nous venons aussi d’entrer, après le calamiteux passage du
gouvernement Ayrault, dans une dégénérescence du pouvoir politique où la
cohérence doit être mise en avant pour justifier au moins d’un même cap. Chacun
sait que lorsque l’on est obligé de dire c’est moi le chef, c’est qu’on ne l’est
déjà plus. Il en est de même de la cohérence affichée aujourd’hui derrière un
Pacte de Responsabilité encore dans le vague.
Les partis
cherchent aussi leur cohérence et les déchirements ne cessent de demander des
recollages. Le Front de Gauche cherche une nouvelle base d’alliance. Les
contestataires socialistes forment un groupe qui entre dans la dissidence. L’UMP
éclate derrière les ambitions qui n’attendent plus le retour de Sarkozy. Même
au sein du FN, la vieille garde s’oppose au mouvement Marine et on ne fait pas
taire son Président d’Honneur même dans une période d’expansion.
Tout
cela sent une fin de régime avec les réformes sociétales qui mettent le feu au
poudre surtout parce que le peuple de la rue n’est plus entendu comme l’avait
encore écouté François Mitterrand. L’explication tient à notre Constitution. Elle
a été écrite à la mesure du Général respecté et auréolé. Elle a fourni à son
prestige le moyen de faire taire les partis et d’assumer le pouvoir avec un
lien privilégié avec le peuple dans la pratique du référendum et l'élection du Président au suffrage universel. La justesse de
ses vues et son pouvoir de persuasion ne lui faisait pas redouter le verdict
direct populaire. Mai 68, la volonté américaine de le déboulonner, l’appel de
Cochin de Pompidou, le retour d’une opposition, jugulée pendant les vaches
maigres mais audible dans un pays redevenu une grande puissance, l’ont fait
chuter pour cause de référendum perdu sur la décentralisation.
De
Gaulle a respecté le peuple, il est parti… On voit bien que nous sommes dans un
autre temps où on ne quitte plus pour un référendum perdu et même on jette le
référendum aux orties. D’ailleurs on a pris la précaution de mettre de telles
conditions de nombre de signatures à la demande d’un référendum d’Initiative populaire
qu’il est quasiment impossible à imposer à l’État. Depuis De Gaulle, nous n’avons
plus eu d’hommes de sa trempe (j’allais
dire de sa hauteur !), mis à part peut-être Mitterrand qui a cru
malheureusement à l’Europe parce qu’il ne croyait plus assez en la France. De
Président en Président nous avons élu des hommes pour lesquels le costume de la
Constitution est devenu de plus en plus grand pour leurs capacités en déclin.
Nous
venons désormais d’avoir un Président normal, et c’est bien cette normalité qui
ne colle plus ni avec la Constitution taillée pour un homme fort, exceptionnel,
ni avec un peuple où la révolution numérique permet de disposer d’une foule d’informations
qui permettent à chacun de participer beaucoup plus à la problématique interne
de l’économie et des réformes sociétales et, pour un nombre plus restreint, à
la géopolitique. La réflexion du citoyen dépasse le cadre national. La
globalisation et l’échange rapide d’informations planétaires fait que chaque
jour on note sur internet les débats, les forums, qui traduisent le sentiment
des Français appelant à changer nos institutions. La révolution numérique fait
découvrir davantage au citoyen l’étendue de l’information à sa disposition et
son aptitude à agir seul ou avec d’autres, librement choisis.
Or
nous avons à la tête de l’État, politiques et Haute Administration, des
individus pour la plupart sortis de l’ENA et n’ayant jamais été à la tête d’une
entreprise. Forts de leur diplôme ils nous assènent leur vérité avec un certain
dédain pour le citoyen ordinaire et forment une oligarchie de fait. Il n’est
que d’écouter Alain Jupé tacler ceux qui osent lui parler de sortir de l’euro.
Valls a la bonne solution puisqu’il l’affirme. Non il ne s’est pas trompé en
soutenant la précédente, il réajuste le canon pour un nouveau tir de mesures
qui va faire mouche. D’ailleurs si ça ne marche pas, la faute en reviendra aux
patrons qui n’ont pas tenu leurs engagements. Quant à nous notre obéissance est
impérative pour les mesures sociétales et économiques, ainsi que pour l’agrandissement
de l’Europe. La preuve, nous ne sommes pas capables d’inventer un aussi bel
instrument que le Pacte de Responsabilité… Attendons néanmoins vu les
précédents !
Le mode de gouvernance est probablement
à changer sur le mode de la démocratie participative. C’est d’ailleurs le seul
moyen de la sauver. Les modèles ne manquent pas dans le monde, à commencer par
notre petit voisin la Suisse qui nous ridiculise par sa réussite. La société
civile peut désormais prendre les rênes en s’appuyant sur le peuple et le
fourmillement de ses idées, que l’élite s’ingénie à étouffer. L’étatisme que
pratiquent ceux qui gouvernent avec comme devise « Je dépense donc je suis »,
pourrait se recentrer sur les seules tâches régaliennes et ouvrir un grand
espace de liberté à l’expression du peuple et au dynamisme des entreprises.
Notre Constitution offre un costume trop
grand
Pour des hommes trop petits,
Et la France se délite
Avec notre Élite !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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