Le Président de la République a, sur
un ton monocorde et dénué de volontarisme, agité le chiffon rouge du danger
ukrainien, sous-entendu la menace russe de conquête de ce pays voire plus. Cela
permet de ne pas s’étendre sur la difficile négociation avec Bruxelles sur
notre nouvelle demande de report du déficit à 3% du PIB. Le succès de
l’italienne au poste de la diplomatie européenne a beau être salué comme une
victoire française, cela masque la difficile attribution du poste de
Commissaire européen à l’économie pour Pierre Moscovici. Il est vrai que l’important
est l’évolution rapide de la situation en Ukraine.
L’armée de Kiev est
proche de la défaite si ce n’est de la déroute comme celle que nous avons connue
en 1940. Contrairement au catastrophisme de circonstance affiché par le
Président, ceci est plutôt une bonne nouvelle pour ce qui est de la menace d’un
conflit généralisé. La défaite probable du chaos organisé par les USA et du
suivisme européen et français évidemment, défaite qui va montrer encore une
fois que l’UE est allée contre ses intérêts, éloigne cette perspective de
conflit avec la Russie. En effet les USA reculent devant un engagement
militaire au-delà des conseillers et services secrets sur place. L’Allemagne
dans son alignement atlantique refuse d’envoyer des armes.
De son côté la Russie n’a plus
d’intérêt à intervenir pour sauver les populations pro-russes dans la mesure où
elles se défendent seules même si le transit d’armement de la Russie vers eux
ne fait aucun doute. Par contre l’armée russe avec ses moyens lourds ne s’est
certainement pas engagée contrairement aux assertions des USA, dites preuves en
main. Les photos d’une colonne de blindés n’est d’une part pas localisable et
peut être prise en Russie de l’autre côté de la frontière ukrainienne et
d’autre part les Novorossiens auraient pris 50 chars de fabrication russe aux
forces de Kiev, les UKies. Ces derniers sont encerclés dans plusieurs poches,
les déserteurs et les abandons de matériel se multiplient.
L’intervention de Hollande sur le ton
de l’urgence d’intervention ne traduit que le désarroi de Porochenko qui vient
d’annuler son déplacement en Turquie et implore l’aide de Bruxelles alors qu’il
ne maîtrise plus la situation. Cette fois la coalition atlantique en est
convaincue. Elle peut se mordre les doigts d’avoir mis en place ce Président,
en violation de la Constitution, de l’avoir poussé à la guerre en pensant que
ses 50.000 hommes ne feraient qu’une bouchée des 15.000 qui avaient pu se
mobiliser à l’est. La qualité des matériels et des hommes ne pouvaient
qu’amener une reddition rapide à défaut d’une destruction des
« insurgés ». Porochenko a mené une véritable guerre d’épuration
visant à détruire toute résistance même au prix de milliers de morts et de la fuite
de centaines de milliers de russophones en refusant une négociation.
Porochenko a débordé les intentions
de ses mentors et va fracasser son armée sur une résistance que la Russie ne
pouvait abandonner totalement. Désormais, sauf engagement militaire peu
probable de l’OTAN, il va falloir statuer d’une façon ou d’une autre sur une
partition de l’Ukraine. L’Ukraine va se déchirer en trois ou quatre parties car
ce n’est pas un ensemble homogène de par son histoire. Les sanctions prises
contre l’URSS s’avèrent contre-productives car Poutine a moins besoin de nous que
l’inverse. Les premiers froids et les négociations sur le gaz font geler les
tentatives de pourrissement du conflit.
Vu l’habilité de Poutine dans ce
conflit qui a résisté aux provocations et retenu ses militaires, le risque d’un
affrontement OTAN-Russie sur le terrain s’éloigne. Cela n’aurait pas été le cas
si les forces de Kiev étaient en train de s’emparer du contrôle de la
république de Donetsk. Par contre notre diplomatie avec celle du clan
atlantiste essuie un nouveau revers. Alors que nous avions une position de
choix pour être le pays bon office entre la Russie et l’UE-OTAN, nous n’avons
pas respecté les règles élémentaires de la démocratie et des lois pour aboutir
à un massacre de population, une fuite d’une grande partie de celle-ci, une
destruction des entreprises industrielles de l’est et à cristalliser des haines
dans une grande nation.
L’hégémonie américaine a poussé l’UE à agrandir son
périmètre. L’UE y a vu la conquête d’un nouveau marché pour ses produits qui
deviennent surabondants pour son marché intérieur. Les USA veulent en profiter
dans le cadre du Traité Transatlantique qu’ils vont nous contraindre à signer.
Surtout c’est un énorme pion de moins dans le glacis de la Russie. L’étau de l’OTAN
pourrait s’installer au plus près de la frontière russe. La partie est mal
engagée car la Crimée ne retournera pas à l’Ukraine et celle-ci court vers un
découpage en plusieurs parties.
La mine grave mais déconfite de notre
Président, maniant le discours de la peur, pour effacer l’erreur grossière de
politique étrangère et l’impasse économique qui détruit un peu plus l’aura de
la France, indique bien que, dans ce domaine aussi, la France est en perdition,
et en soumission à l’hégémonie mondiale des États-Unis et à celle européenne de
l’Allemagne. Hollande défend sans honte une aide à un régime imposé pour mater
une population contestataire alors qu’il aide une population rebelle en Syrie
contre un pouvoir démocratiquement élu… sans doute dans le droit fil de la
nouvelle cohérence de son gouvernement !
La France suit ou devance pour plaire aux maîtres du monde !
Elle n’a plus comme politique étrangère que celle
D’installer chez nous une civilisation étrangère
Qui imposera la soumission ou l’exclusion !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon
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