C’est en gros la teneur du discours d’Arnaud
Montebourg et de Benoît Hamon tenu hier. La réaffirmation de la politique de la
« demande », utilisée pendant deux ans avec les résultats que l’on sait,
est réaffirmée par ce duo avec en plus la fin de l’austérité. On peut dépenser
à tout va, du moment que l’argent pris au citoyen retourne un peu plus dans ses
poches. On croit rêver devant tant de présomption économique même si on peut
donner une indulgence à celui qui n’a qu’une formation d’avocat plutôt tournée
vers le redresseur de torts que vers le redresseur d’économie. De là à penser
que l’important est de faire du non-Hollande et du non-Valls pour se réaffirmer
comme un candidat en campagne pour la présidentielle, il n’y a qu’un pas.
J’avoue
que si c’est l’objectif, c’est réussi, car peu importe le discours qui ne
comporte que des mots que l’on interprète à sa façon ensuite ou que l’on renie
tout simplement avec cette belle formule : « Compte-tenu du contexte
économique européen (et pourquoi pas mondial), il nous faut changer de cap ».
J’irai même à penser que c’était le meilleur moyen de faire imploser le gouvernement
du taureau Manuel Valls qui devait foncer tête baissé sur le chiffon rouge
agité devant lui. Il l’a fait, le gouvernement est dissous. Les cartes sont à
redistribuer et Montebourg devient le porte-drapeau qui vient de franchir le
pont d’Arcole entraînant avec lui une troupe qui n’attendait qu’un chef.
La préoccupation
des Français étant la réussite économique qu’ils traduisent par moins de
chômage et plus de pouvoir d’achat, le choix d’une bataille économique interne
au parti socialiste est un choix parfaitement adapté pour mettre le chef de l’Etat
cul par-dessus-tête, lui asséner ses 17% de confiance et l’envoyer commémorer sous
la pluie les 128 volontaires partis de l’île de Sein vers Londres en juin 1940.
Des têtes vont tomber, d’autres incapables de redresser la France vont leur
succéder mais désormais la démission du Président est dans la tête des
Français.
Le
fera-t-il dans un acte courageux, afin de permettre un rapide virage de la
politique économique et monétaire du pays, par un simple constat devant la
nation ou faudra-t-il qu’une autre élection catastrophique, pour ce qui reste
de sa majorité, lui permette de justifier sa sortie ? Lui seul peut en
décider mais il est de plus en plus isolé et il va être intéressant d’entendre
le Président de l’Assemblée Nationale, troisième personnage de l’État, à ce
sujet.
La droite
qui a, plus ou moins clairement il est vrai, soutenu la politique de Valls en
demandant simplement d’aller plus loin que les 50 milliards, va encore devoir
manger son chapeau en demandant la démission de Valls ou de l’Assemblée
Nationale. N’ayant aucun contre-projet valable puisque sa politique n’est qu’un
ersatz de celle définie en janvier par Hollande, elle va encore devoir enfumer
l’opinion par la stigmatisation des actions de ce gouvernement, tout comme l’a
fait celui-ci. Le résultat est que la France ne s’en sortira pas mieux que sous
Sarkozy et les 28 mois de Hollande.
Les
raisons profondes sont que la croissance ne sera plus que faible et qu’une
légère déflation, correspondant aux progrès technologiques, n’est pas à
craindre, contrairement aux idées sur lesquelles surfent avec certitude nos têtes
politiciennes. L’un des phénomènes les
plus mal étudiés est le cycle d’innovation et ses conséquences sur la
productivité, les taux, l’inflation et bien sûr le chômage. Nous sommes à la
fin d’un cycle de progrès technologique, nous sommes dans le cycle de
propagation des innovations des 20 dernières années. On crée moins de richesse,
relativement, et les conséquences négatives du progrès des techniques et des
processus de production deviennent de plus en plus importantes et mal tolérées.
La difficulté de la France est qu’elle est en train
de réussir moins bien que la moyenne des autres nations européennes pour deux
raisons fondamentales, d’une part le carcan de la monnaie et de Bruxelles, d’autre
part l’omniprésence de l’État dans l’économie privée et les contingences
toujours plus fortes qu’il exerce sur le fonctionnement de celle-ci. Bien que
bénéficiaire du « boostage » de la croissance par le déversement d’énormes
liquidités par la Fed, la BCE et les banques nationales chinoises, britanniques et
japonaises, même si la majeure partie va vers les marchés et non vers l’économie
productive de biens, la France ne prend pas sa part du gâteau et s’appauvrit
tant dans son patrimoine que dans ses capacités de production.
On n’échappe
pas à la réalité, ce sont les conditions réelles qui meuvent l’Histoire,
Pas
les discours, fussent-ils ceux des "savants" qui gèrent les mystères…
En
maniant enfumage, copinage, machiavélisme et carriérisme.
Cette
réalité ébranle désormais la Vème République !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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