Le
bon peuple, dont nous faisons partie, est abreuvé de déclarations péremptoires
sur le cataclysme que déclencherait une sortie de l’euro. Le sujet était même
tabou et ne méritait que le dédain de ceux qui y voyaient un sujet important de
discussion. C’était un peu « Passez, il n’y a rien à voir ! ».
Les tenants d’une discussion de fond étaient traités de récalcitrants ignares
en économie.
Seuls les dirigeants de haut vol, préparés dans la fonderie de l’ENA
aux seules vertus du keynésianisme déformé, étaient, à gauche et à droite, en
mesure de mener une politique européenne à monnaie unique pour le bien de la France.
Sur ce point, il y avait un front républicain du Front de Gauche à l’UMP prêt à
sortir de ses gonds à la moindre contestation de la vérité monétaire, du
fleuron de la pensée unique ! L’écho médiatique ne manquait pas d’occulter
les discussions à ce sujet ou amenait les opposants à un lynchage par des
économistes choisis, à la solde de l’État et des puissances financières, comme
les médias.
Patatras ! La rentrée de septembre
s’annonce difficile selon Manuel Valls, celui qui mène, au moins selon la
Constitution, la politique du gouvernement. Au discret mais constant ralliement
des économistes à la thèse de la nocivité de l’euro et aux doutes de politiques
de gauche et de droite, viennent s’ajouter les performances désastreuses de la
politique gouvernementale. Tous les voyants sont au rouge : croissance
proche de la déflation, déficit budgétaire plus important que prévu, PIB/habitant
en baisse, déficit chronique du commerce extérieur, pression fiscale en hausse,
recul des investissements, chômage au plus haut… si un feu vert avec la croissance
qui croit de 0,5%... grâce à la hausse des prix de l’énergie !
Le Pacte
de Responsabilité, qui succède au Pacte de Compétitivité, sans que l’on sache
vraiment ce qu’il contient, s’annonce plutôt un pacte avec le diable, un Medef
insatiable qui avance des chiffres de création d’emploi fantaisistes et qui œuvre
essentiellement pour les grandes entreprises. Les 50 milliards, dont déjà 10
dépensés, s’étalent sur une période suffisamment longue pour n’être que d’une
efficacité limitée. Il va entraîner une pression
à la baisse sur les rémunérations des salariés, ce qui va peser négativement
sur la consommation. Les perspectives pour 2015 ne sont guère plus
encourageantes malgré une croissance à prévoir de 0,8%. Mais, compte tenu des
tendances actuelles à la dégradation de la situation internationale, l’année
2015 pourrait bien être aussi
mauvaise que ne le sera déjà 2014. Nous devrions atteindre le cap des 4
millions de demandeurs d’emplois (pour la catégorie « A »
seulement…).
La France
n’a pas d’avenir à proposer à ses compatriotes, la morosité fait fuir la
confiance et le taux de suicide déjà historiquement élevé pourrait augmenter.
Les dernières dispositions sorties du Conseil des Ministres d’aujourd’hui sont
plutôt du niveau des gadgets que d’une véritable avancée vers une perspective
de progrès atteignable. Le choix de l’euro apparaît donc de plus en plus mis en
cause, alors que l’Europe et surtout la zone euro prend du retard dans la
compétitivité et la croissance mondiales. Le freinage de l’Allemagne, qui a
fini de ponctionner sur les états voisins appauvris, ne peut que relancer le
débat. Le sujet est en passe de devenir incontournable d’autant plus qu’aucune
démonstration valable n’a été avancée du cataclysme de la sortie de l’euro par
les politiques.
Du coup les européistes font ressortir les
arguments pour un peuple économiquement débile avec un empressement fébrile.
Alors quels sont ces arguments ? Le premier fut le prix de l’essence,
argument pour benêt, qu’il est facile de démonter quand l’on sait que 75% du
prix est représenté par les taxes et que le pétrole brut n’intervient que pour
5%. La sortie de l’euro accompagnée d’une dévaluation de la monnaie de 20% n’entraîne
qu’une augmentation de 1% du prix de l’essence à la pompe. Cette variation est
tout-à-fait de l’ordre des variations mensuelles du prix que nous constatons.
Plus
sérieux est l’augmentation des produits importés. Cependant l’essentiel de
notre consommation quotidienne est nationale. D’autre part notre dévaluation
entraînera soit une sortie de l’euro avec une dévaluation plus importante en Espagne,
en Italie et en Belgique, pays auprès desquels nous importons beaucoup, soit
nous nous reconcentrerons sur une production nationale dans l’agriculture par
exemple. Avant que nous fabriquions les autres produits importés, il faut s’attendre
à une hausse de quelques % du coût de la vie pour les 20% de dévaluation. Ils
peuvent facilement être compensés par une hausse des salaires et des retraites.
De plus la diminution attendue du chômage grâce à la substantielle amélioration
de la compétitivité peut permettre de consacrer des ressources aux allocations
sociales.
Le
second argument, beaucoup plus effrayant, c’est l’augmentation de la dette,
supposée de 20% selon la même hypothèse, et donc d’une augmentation brutale de
400 milliards d’euros de la dette publique. Par ignorance des pratiques
judiciaires mondiales, cet argument revient en boucle et suffit à jeter aux
orties l’idée de sortie de l’euro. On peut lire ainsi dans le Monde : « L’enjeu
financier des quelque 2 000 milliards d’euros de dette tricolore est tel que la France aura du mal à passer en
force en imposant ses conditions à 97 % de ses créanciers – sous peine d’être
tenue responsable de faillites ou de faire fuir de futurs prêteurs. Il faudra à
l’évidence en passer par un compromis. »
Deux remarques d’abord
s’imposent. Qui peut au nom de la justice nous rendre responsables des prises
de risque des banques étrangères ? Si la sortie de l’euro rend la France plus
solvable, les prêteurs ne fuiront pas bien au contraire. Mais cet argument
tient d’autant moins que la question de la dette publique se fonde sur une jurisprudence constante, tant
internationale que nationale, depuis les années vingt. La dette émise sur le
sol français sera remboursée dans la monnaie de la France, quelle que soit
cette monnaie ! Par ailleurs le tableau ci-contre montre que l’État ne
sera touché que pour 3% de sa dette, soit une augmentation de la dette de 0,6%
ou 12 Mds€, moins que le déficit annuel de la Sécurité Sociale.
Le contrecoup
sera plus dur pour le reste des dettes privées touchées pour 19% d’entre elles
avec une augmentation de 3,8% de la dette mais cela est à comparer aux 20% de
gain de compétitivité acquis immédiatement. Le seul risque c’est la fuite immédiate
des capitaux dès l’annonce. L’État sait maîtriser ce genre de risque comme l’a
prouvé Chypre en fermant les marchés boursiers et financiers pour quelques
jours après une annonce faite le vendredi soir. Les capitaux seront bloqués…
sauf pour les coupables du délit d’initiés !
Le
gouvernement tourne toujours dans le même pot oscillant entre une politique de
la demande puis de l’offre, cette dernière étant un peu chèvre et chou. Devant
la perte de confiance du pays, la faiblesse des outils mis en place malgré les rodomontades
du duo gouvernemental, l’état de délabrement de l’industrie française, et une
situation internationale devenue très instable, il n’y a pas d’autre porte de
sortie que celle de l’euro. C’est une condition nécessaire même si elle n’est
pas suffisante. C’est une condition sine qua non !
Croissance en paquetée de compétitivité
et de responsabilité
Chômage, fils adultérin de la
désindustrialisation,
C’est l’ « heure au »
choix de sortie !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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