Manuel Valls relayant son mentor nous promet monts et
merveilles et claironne que désormais l’entreprise est le moteur du pays. L’entreprise
applaudit à la manne qui va se répandre sur elle mais ce n’est ni plus ni moins
qu’un chèque en blanc… provisoire de plus. La France est dans un tel état qu’il
faudra beaucoup de création d’entreprises, beaucoup de confiance retrouvée,
beaucoup plus de marges des entreprises pour que le chômage diminue et que le
PIB/habitant recommence sa progression. Les deux ou trois années qui viennent
pendant lesquelles on va insuffler de l’air dans les poumons de l’entreprise ne
seront pas suffisantes pour combler le handicap de compétitivité. Par contre la
dette est assurée de progresser avec les intérêts qu’elle génère.
Ce qui est désespérant c’est que les deux partis dominants
sont responsables de l’état de la France aujourd’hui et que ni l’un ni l’autre
n’ont pu la remettre sur de bons rails. Tous les deux ont fait progresser le
chômage en nous vantant l’euro. Tous les deux n’ont pas cessé d’augmenter les
dépenses publiques et la dette publique. Tous les deux ne résorbent pas le
déficit de la Sécu mais diminue les prestations de santé. Tous les deux
laissent le problème futur des retraites non résolu. Tous les deux ne revalorisent
pas les retraites à un niveau correspondant aux articles de consommation
correspondant à cette catégorie d’âge, voire les bloquent tout simplement. Tous
les deux ont laissé se déliter le tissu industriel, etc.
Quand on espère en Valls ou en Juppé, on se raccroche à une
planche même pourrie pour espérer encore surnager un moment. Tel que le prennent
ces deux formations politiques, l’objectif, de ralentissement du chômage et de croissance
du niveau de vie, est inatteignable par nous-même. Hollande a raison quand il
dit que ce qui peut nous sauver c’est la reprise en Europe, aux États-Unis
voire dans le monde entier. Nous ne comptons plus sur nous-même mais sur les
autres ! La triste raison est que la France est un mauvais élève. Ceux que
nous avons fait arriver au pouvoir par nos votes successifs depuis quarante ans
ont globalement pris de mauvaises décisions. L’enfumage de l’opinion est tel
avec le relais médiatique de plus en plus présent à toute heure fait que nous
ne voyons que derrière nous les dégâts provoqués, l’avenir nous est bouché,
caché. Notre bonne foi dessert le Bien Commun et sert des carrières et des
intérêts particuliers ou corporatifs.
J’ai la mauvaise habitude de fonder mon opinion sur des
chiffres en se méfiant tout-de-même de ceux qui sont truqués. A cette réserve
près, les chiffres ennuient les politiques parce qu’ils traduisent des réalités
qu’ils s’ingénient à masquer. Je vous propose donc deux graphiques simples,
mais parlants, avec quelques commentaires pour illustrer mon propos sur la France
mauvaise élève donc sur des dirigeants dont les capacités intellectuelles n’ont
pas été utilisées pour le Bien commun mais surtout pour eux-mêmes et pour tous
ceux qui gravitent autour d’eux. On va examiner comment se comporte les bons et
les mauvais élèves de l’Europe sur trois indicateurs clés, la croissance, le
chômage et le PIB/habitant.
La croissance est reconnue comme étant un facteur clé de la
santé économique. L’évolution du taux de chômage est considérée comme une
résultante de la croissance. Le PIB/habitant est le paramètre important qui est
la photo du niveau de vie moyen d’un pays. Il inclut donc tout le passé
économique. Nous allons nous intéresser à six pays ou groupement de pays à
savoir : UE, Zone euro, France, Norvège, Suisse, Islande. Les trois
derniers sont notoirement de bons élèves. Il est bon de comparer la France aux
chiffres de l’UE et de la Zone euro, les trois étant les mauvais élèves de l’Europe.
J’ai montré dans un article précédent que la France pouvait encore être
considérée comme le moins mauvais élève des pays du sud.
Le premier graphique montre la valeur du chômage et de
la croissance dans ces 6 pays en 2013. On peut en déduire une loi de variation
du chômage avec la croissance. Il est évident visuellement qu’il y a bien 2
groupes, les bons et les mauvais élèves. Malheureusement la France fait partie
des mauvais. On voit même qu’elle n’a pas su utiliser efficacement son petit
taux de croissance positive pour diminuer le chômage qui aurait dû être de 10%
et non de 10,8% soit plus 27.000 chômeurs en moins. La même réflexion pourrait
s’appliquer à l’Islande mais on atteint des niveaux de chômage très loin du
nôtre. Les trois pays du groupe bon élève sont hors de la zone euro et même
hors de l’UE pour la Norvège et la Suisse. Pour ceux qui croient que sortir de l'euro serait une catastrophe, je les invite à aller dans ces trois pays pour y prendre des leçons.
Le second graphique donne la position de ces 6 pays
sur le chômage et le PIB/habitant en dollars. On pourrait penser que plus un
pays est riche plus il peut donner du travail et diminuer le chômage. C’est
globalement ce qui se passe. Les pays riches ont un bas taux de chômage et
inversement, sauf pour la France. N’oublions pas que le PIB/habitant est le reflet
de l’histoire économique du pays. Autrement dit la France est plus riche que la
moyenne des pays de l’UE mais cela ne se traduit pas par une diminution du
chômage. Cela n’entraîne d’ailleurs pas une diminution de la dette.
Nous avons accumulé un patrimoine et une épargne supérieure
aux autres pays de l’Europe mais elle n’a pas servi notre économie comme elle
devrait l’avoir fait. L’Épargne n’est pas allée vers l’économie de son plein
gré. La politique menée a donc été dissuasive et la richesse accumulée est
restée bloquée. Il reste alors deux solutions soit faire en sorte que les
fruits du capital investi soient attractifs ou faire une ponction étatique sur
l’épargne. J’ai bien peur que ce soit finalement la deuxième solution qui soit
adoptée. Chypre y a déjà pensé.
Les difficultés actuelles de la France ne
datent pas d’aujourd’hui. Elle est un mauvais élève depuis quarante ans mais
elle n’en subit les conséquences que maintenant et elle a perdu l’outil
monétaire qui permet de renverser la situation. Ni l’austérité, ni le chèque en
blanc fait aux entreprises n’apporte la solution. L’austérité réduit l’augmentation
de la dette mais diminue le pouvoir d’achat. Le chèque en blanc augmente la
dette ou alourdit la fiscalité qui diminue le pouvoir d’achat et fait plus que
rogner le gain potentiel de croissance.
Cessons de louer nos
gouvernants et d’espérer en eux
Ils sont comptables de
la situation actuelle
Ils ne méritent plus
notre confiance !
Quarante ans c’est trop !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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