Manuel Valls avait pris les devants en annonçant une rentrée difficile
mais il n’a pas fallu attendre septembre pour que les mauvaises nouvelles
arrivent dont la censure par le Conseil Constitutionnel d’une partie de la loi
sur le « Pacte de solidarité » qui devait accompagner le non moins
fameux « Pacte de responsabilité ». La France, toujours en
croissance zéro, demande l'indulgence de l'Europe. Michel Sapin est prêt à
aller à Canossa demander à la BCE, très influencée par la politique allemande, et
à Bruxelles de ne plus exiger le respect des critères de Maastricht. Il faut
simplement redire que l’adhésion à l’UE suppose une dette publique ne dépassant
pas 60% du PIB et un déficit budgétaire plafonné à 3% du PIB. De toute évidence
nous ne pourrions rentrer dans l’UE si nous devions le faire aujourd’hui avec
une dette qui va en 2015 s’approcher des 100% du PIB et de 4% du PIB pour le
déficit budgétaire.
Il est vrai que
peu de pays sont dans les clous de ces contraintes puisque même l’Allemagne n’y
satisfait pas en ce qui concerne la dette mais elle peut envisager de diminuer ce
pourcentage avec un déficit budgétaire réduit à zéro et la croissance du PIB,
ce qui n’est pas notre cas, même si elle accuse un net fléchissement de son
taux de croissance. Notre pays a vu son Produit intérieur brut (PIB) en volume
stagner au deuxième trimestre comme déjà au premier, a annoncé l'Insee jeudi,
relevant que la quasi-totalité des moteurs de croissance était en panne. Cette
panne a été d'envergure européenne au printemps : l'Allemagne a annoncé jeudi
une contraction de 0,2% de son PIB au deuxième trimestre après un bon premier
trimestre, tandis que l'Italie est retombée en récession.
Aux problèmes de
désindustrialisation et de non réduction du chômage, latents dans la période
2000-2007 et révélés dans la période d’après la crise financière, est venu
s’ajouter celle des dettes souveraines dans la zone Euro, qui a dramatiquement
réduit les marges de manœuvres des gouvernements français successifs. En un
sens, la crise de 2007-2008 a révélé le caractère insoutenable de la stratégie
de croissance adoptée par l’économie française dans la période précédente. Le
poids de la crise, en effet, se fait désormais sentir depuis six ans, même si
elle est plus spectaculaire dans les pays du sud, Grèce, Portugal, Espagne et Italie.
La croissance est à l’arrêt et les facteurs de croissance, consommation,
investissements et commerce international sont déprimés.
En France, cette
croissance zéro au printemps s'explique en particulier par un nouveau recul de
l'investissement des entreprises (-0,8% par rapport au premier trimestre, qui
avait déjà vu une baisse de 0,7%), en dépit de l'aide fournie par le
gouvernement notamment via le CICE (Crédit d'impôt compétitivité et emploi). Au
total le gouvernement soutient les entreprises à hauteur de 40 milliards
d'euros en quatre ans. La production totale de biens et services en France
s'est légèrement contractée au deuxième trimestre (-0,1%), ce que l'Insee
explique "en partie" par
"le nombre plus élevé qu'en moyenne
de jours de ponts potentiels au deuxième trimestre". Par ailleurs le
commerce extérieur a confirmé son statut de point faible de l'économie
française : sa contribution a été "négative",
selon l'Insee, et a coûté 0,1 point de PIB sur la période. Les exportations ont
stagné au deuxième trimestre, quand les importations augmentaient de 0,4%. Fin
juin, la France accusait un déficit commercial de quelque 30 milliards d'euros,
soit presque le même niveau qu'à la même date en 2013.
Au final, seules
la consommation des ménages (+0,5% au deuxième trimestre par rapport au
premier) et la dépense publique (+0,5%) ont soutenu l'activité. Ce qui se
traduit par une contribution positive au deuxième trimestre de la demande
intérieure, qui a apporté 0,2 point de PIB. Mais même cette progression de la
demande privée est en partie en trompe l'œil : l'Insee explique en effet que la
consommation a surtout été soutenue par un bond de 3,5% des dépenses globales
d'énergie, corrigeant un recul de 3,9% au premier trimestre. Il s'agit d'un
retour à la normale après un hiver très doux, précise l'Institut de
statistiques. Les dépenses en "biens fabriqués", plus révélatrices de
la vraie propension à dépenser des Français, sont "étales", selon
l'Insee (+0,1% au deuxième trimestre, après une stagnation au premier). Du côté
des ménages toujours, leurs investissements, c'est-à-dire pour l'essentiel les
achats de logements, ont fortement reculé, de 2,4% au deuxième trimestre après
-2,9% au premier, ce qui est de très mauvais augure pour un secteur de la
construction déjà en crise.
Au total, la France se retrouve fin juin
avec un "acquis de croissance" de 0,3%, terme technique qui signifie
que sans accélération, la croissance pour l'ensemble de 2014 ne dépasserait pas
ce taux, bien loin de la prévision initiale de 1% du gouvernement. Le ministre
des Finances Michel Sapin a pris acte de cette "panne" d'activité dans une tribune publiée jeudi par le Monde,
et a revu à 0,5% la prévision de croissance officielle pour cette année, à
peine mieux que la croissance de 0,4% enregistrée en 2013. Il n'attend pas pour
2015 une croissance "très supérieure" à 1%.
Avec une
croissance proche de zéro et une démographie positive, le PIB par habitant
décroit mécaniquement. J’ai pu montrer que cet indicateur était sans doute le
meilleur indicateur global de la santé économique d’un pays. Ce pays est en
proie à une crise conjoncturelle certes mais surtout structurelle fortement
liée aux politiques économiques et sociales menées depuis plus de trente ans.
La « politique de l’offre »,
récemment prise par François Hollande, n’est pas déclinée dans le bon sens car
la propension à l’investissement ne peut être soutenue par une accession facile
au crédit si les entreprises n’ont pas une vision incitative du marché futur. On
n’investit pas si, objectivement ou subjectivement, on ne voit pas de
rentabilité suffisante de l’investissement même si l’on peut le faire par
autofinancement. Par ailleurs la hauteur des diminutions des charges sociales
et des impôts sur les entreprises n’a qu’un impact limité sur la compétitivité
qui demande de gagner 15 à 20% suivant les pays importateurs.
La politique
menée actuellement ne peut que nous faire continuer dans une crise de longue
durée dont l’issue peut être fatale. La hauteur de la dette publique nous rend
très sensibles à une hausse des taux d’emprunt. La faiblesse de croissance de
la zone euro, les perspectives moins florissantes pour l’Allemagne, les mauvais
résultats de la politique d’austérité dans les pays du sud, peuvent s’ajouter à
la défiance des investisseurs dans la solidité de notre pays et nous faire
remonter vers des taux insoutenables. Par ailleurs la baisse du PIB/habitant et
le carcan des obligations budgétaires de Bruxelles ne peuvent que diminuer les
marges de manœuvre des gouvernements car elles sont synonymes d’augmentation
des dépenses sociales publiques et de baisse du pouvoir d’achat donc du moteur
de la consommation pour la croissance. Le « que faudrait-il faire ? » fera l’objet d’un autre article. En
attendant des jours meilleurs :
« Du
soleil toute l’année, des plages merveilleuses, une nature protégée et
préservée, une capitale moderne et dynamique l’une des moins chère du
monde, une fiscalité avantageuse et une population heureuse et optimiste font
du PANAMA le pays où le sentiment de bien-être est le meilleur. Accédez, vous aussi, au bonheur en venant
Vivre au Panama ! »
Entre la politique de l’offre et la politique
de la demande
Le cœur des gouvernants balance, leur
raison hésite
Et finit par gérer un salmigondis
destructeur
De l’économie de notre pays !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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