dimanche 3 août 2014

Quand dire la vérité signifie aveu d'impuissance !


Il vient de se passer quelque chose d’étrange à Matignon, le Premier Ministre veut dire la vérité aux Français, ce qui laisse sous-entendre que ce n’était pas le cas avant. Donnons-lui acte de cette reconnaissance de culpabilité envers la démocratie, encore qu’il ne semble pas avoir été très affecté par les mensonges durant les presque 28 mois de gouvernance. La situation est telle que la rentrée de septembre va faire éclater aux yeux de tous que non seulement le gouvernement ne peut pas tenir ses engagements mais que les mesures d’austérité vont devoir être renforcées. 

"La rentrée va être difficile en matière de conjoncture économique. Il faut dire la vérité aux Français, affronter la réalité. Ne rien cacher", a dit le Premier ministre à l'issue de la réunion gouvernementale présidée par le chef de l'État. Le discours de François Hollande des lendemains roses ne tient plus, les cache-misères deviennent transparents. La vérité va apparaître dans toute sa dureté, le mensonge devient destructeur du peu de confiance que garde le chef de l’Etat. En effet les chiffres sont mauvais. Le chômage augmente toujours et la croissance de 1% prévue au budget 2014 s’annonce comme impossible à réaliser. Pire la France sera à la traîne d’une légère embellie de la croissance dans la zone euro. 

Les remèdes annoncés soit non pas d’effet à court terme comme la politique de relance de l’offre, soit ne sont pas à la hauteur de l’enjeu comme les assises de l'investissement, la réforme des professions réglementées, le dialogue social dans les entreprises ou la relance de l'apprentissage. Pourtant la France bénéficie de taux d’emprunt au plus bas et inférieur aux prévisions, les investisseurs mettant encore la France et l’Allemagne dans le même panier de confiance car la France est considérée comme trop grosse pour « faillir ».

 Le plan de réduction des dépenses de 50 milliards d’ici 2017 signifie déjà 21 milliards à trouver en 2015, le gouvernement ne sait pas aller plus loin. La première loi de finances rectificative pour 2014 a été adoptée définitivement le 23 juillet. Elle fait l’objet d’un recours devant le Conseil Constitutionnel et ne sera donc publiée au journal officiel qu’après la décision du Conseil. Elle comprend des réductions d’impôt exceptionnelles de 350 à 700€ suivant la situation de famille des contribuables au titre de l’impôt sur le revenu 2013, la  prorogation de l’exonération de la taxe d’habitation  et de la contribution audiovisuelle au-delà de 60 ans sous condition d’un revenu inférieur à un plafond. Pour les entreprises, la contribution exceptionnelle de l’Impôt sur les sociétés, à hauteur de 10,7%, est prorogée sur les exercices jusqu’au 30 décembre 2016. Les sanctions et contrôles sont renforcés, comme sur l’obligation de produire le fichier des écritures comptables et la comptabilité analytique.


Même regarnie, la fameuse "boîte à outils" de François Hollande paraît bien dérisoire devant la "crise de confiance" qui touche entreprises et ménages. On va donc chercher les responsabilités ailleurs et justifier ainsi que les erreurs commises doivent obliger leurs auteurs à accepter que les engagements budgétaires ne soient pas respectés. Le coupable c’est la zone euro avec sa politique économique inefficace, l’absence de politique de change et l’euro trop cher. La politique économique et budgétaire de la France est évidemment la bonne et ne saurait être remise en cause. 


La balle est donc renvoyée dans le camp de l’Europe, car la France a fait tout ce qui était possible. L'Allemagne doit désormais faire des concessions et à accepter un vaste plan de relance pour la zone euro. On compte sur le nouveau président de la Commission, le conservateur Jean-Claude Juncker, qui a promis 300 milliards d'investissements publics et privés dans les prochaines années. C'est d'ailleurs le candidat français à la Commission européenne, Pierre Moscovici, qui pourrait être chargé de la mise en musique de la relance européenne, à Bruxelles, après ses excellentes prestations à la tête des Finances françaises. 


"Je me refuse à annoncer un effort supplémentaire", a signifié Manuel Valls. La flexibilité des règles européennes, maintenant axées sur le déficit structurel - indépendant des soubresauts de l'activité économique -, pourrait, comme en 2013, lui servir de porte de sortie. Autrement dit la France ne sait plus s’en sortir seule et prie pour qu’on lui permette de continuer à renier ses engagements, pour que la croissance des États-Unis et celle de l’Europe, viennent la sortir du bourbier dans lequel elle s’enfonce. Les lunettes roses de François Hollande ne suffisent plus pour faire croire à l’embellie et septembre va jeter une lumière crue sur l’état piteux dans lequel va se trouver notre pays. Ce n’est plus de la fumée que le gouvernement va projeter mais des gaz lacrymogènes qui vont faire pleurer les français. 

La politique d’austérité, qui ne taille pas dans le vif des dépenses de fonctionnement donc surtout salariales de l’État, qui augmente la pression fiscale, qui engage les capitaux de l’État dans des entreprises en perdition, qui augmente les contrôles sur les entreprises et alourdit leur travail tout en créant un crédit d’impôt qui ira, pour sa majorité vers les grandes sociétés d’hypermarchés et les multinationales, n’est ni une politique de demande, ni une politique de l’offre. C’est un ersatz dit socio-libéral, pâle copie d’un système suédois qui maîtrise sa monnaie, gère au plus juste ses dépenses sociales et de fonctionnement, investit dans les infrastructures et tout ce qui peut soutenir la recherche et l’innovation et prépare sa jeunesse à des connaissances qui lui permettront d’exercer d’abord un métier avant toutes choses. 

Quand les nuages noirs s’amoncellent 

On peut ouvrir les parapluies ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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