Le niveau de nos élèves sortis de l’Éducation
Nationale est en moyenne parmi les derniers des pays européens après les classements
publiés en décembre. Le Ministre de l’Éducation Nationale a fustigé la
situation dégradée dans laquelle il trouvait l’enseignement public, sous-entendu
dans laquelle la droite l’avait laissé. Cela a justifié un train de réformes
touchant aux programmes, aux rythmes scolaires et à l’augmentation du personnel
enseignant avec un effort plus substantiel sur les ZEP qui sont devenus des REP
parce que... le changement c’est maintenant.
A
part les syndicats d’enseignants qui sont évidemment pour une augmentation du
nombre de personnels enseignants, le doute sur l’utilité de cette augmentation de
fonctionnaires a touché même la Cour des Comptes, car le coût actuel et futur est loin d’être
négligeable. De plus le recrutement des enseignants est difficile,
particulièrement dans certaines matières comme les mathématiques or les
conditions d’admission au CAPES ont été abaissées au détriment de la qualité
des recrutés.
Tous
ces changements sont proclamés haut et fort dans l’intérêt des enfants. C’est
particulièrement le cas de l’aménagement des rythmes scolaires. Or le
calendrier scolaire 2016-2017, concocté dans l’intérêt des enfants, vient d’être
modifié dans l’intérêt économique. Les vacances de noël sur deux semaines qui
devaient débuter le 21 décembre pour permettre aux enfants de revenir en classe
avec un intervalle suffisant par rapport à la fin des festivités, débuteront le
samedi précédent sous la pression des stations de ski qui ont fait valoir les
locations qui vont du samedi au samedi.
Le comble
de l’histoire, qui marque bien le fossé entre l’économie et les acteurs qui
agissent sur le rythme scolaire de l’enfant,
est que cette proposition de déplacement de date a été proposée au Conseil
supérieur de l’éducation qui l’a rejetée à l’unanimité, fait exceptionnel, le
16 janvier. Ce Conseil, composé d’enseignants, de parents, d’étudiants et de
lycéens, de collectivités locales, d’associations d’éducation, considère qu’il
n’est pas conforme à l’intérêt des élèves. Le choix du ministre a donc été clairement
celui de l’économie et non celui de l’intérêt de l’enfant.
Voilà
comment on s’assoit sur ses principes et on aménage le rythme scolaire dans l’intérêt
des enfants. On peut comprendre qu’il faille tenir compte de tous les
impératifs mais alors il ne faut pas faire croire à ce qui n’est pas
réalisable. Il ne faut pas promulguer des aménagements d’horaires en impliquant
par la loi des communes qui ne sont pas responsables de l’éducation scolaire et
qui n’ont pas la possibilité de répercuter les frais réels des contraintes
imposées. En dehors du fait que l’État se défausse de sa responsabilité, il s’introduit
dans les dépenses communales et enlève au maire un peu de son pouvoir de
gestion dans la mesure où cela devient à terme non pas un choix mais une
obligation.
Aménager
le temps scolaire, qui devait respecter l’équilibre entre sept semaines de
cours et de deux semaines de congé, pour que les parents, qui en ont les moyens,
puissent dépenser leur argent aux sports d’hiver montre que les principes ne
tiennent que dans les discours. On pourrait penser que le monde économique s’adapte
aux contraintes des rythmes scolaires, ce qu’il sait faire comme on le voit
pour le travail du dimanche et les soldes. Désormais le virage est pris, le
monde de l’économie doit dicter sa loi, c’est le changement que le Président a
réactualisé pour les années à venir. Les principes restent des principes et on
les adapte aux circonstances dont le poids décisionnel peut être beaucoup plus
grand que les principes en eux-mêmes.
Il
en est ainsi comme de beaucoup de choses. La liberté est un principe de la
démocratie mais la République en fait ce qu’elle en veut. L’égalité est un principe
de la République, mais les inégalités augmentent sans que cela trouble le
gouvernement. La Fraternité a trouvé son credo avec le « Vivre ensemble »
et l’on fait tout pour qu’une guerre de civilisation se prépare.
En principe, les principes devraient
être respectés,
Mais ce ne sont que des principes,
Comme les cigares ils finissent en fumée !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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