A peine le discours
présidentiel passé sur les ondes, la réalité d’une France qui perd nous saute à
la figure. L'indice PMI d'activité dans
le secteur manufacturier est à son plus bas niveau en décembre depuis sept
mois, à contre-courant de nos voisins. Les replis de la production et des
nouvelles commandes se renforcent en novembre et le recul de l’emploi s’accélère.
Alors qu’aucun retournement de notre situation ne se profile encore à l'horizon,
« l'indice PMI d'activité dans
l'industrie de l'ensemble de la zone euro a ainsi grimpé en décembre à son plus
haut niveau depuis 31 mois, porté par une performance toujours solide de
l'Allemagne, ainsi que par des rebonds en Grèce et en Espagne. » (Le Point). D’ailleurs le marché
automobile est au plus bas depuis quinze ans.
David Cameron plastronne et vante sa politique en la
comparant à la nôtre (bien que le mot France soit sous-entendu) mais avec 1,4%
de croissance en 2013 pour notre pauvre 0,2% et 2,4% espéré en 2014 à comparer
à nos 0,9% (déjà jugés optimistes), nous faisons pâle figure. C’est un lourd
pavé dans notre mare car effectivement la politique britannique est à l’opposé
de la nôtre, nous évoluons en sens contraire. On peut seulement ajouter que la
grande différence entre eux et nous, c’est qu’ils sont maîtres de leur monnaie
et qu’ils ne se privent pas d’en user.
Notre compétitivité ne nous permet pas de jouer dans
la cour de l’Allemagne avec le carcan de l’euro. Il faudra bien un jour que
nous en convenions. Malheureusement les vœux du Président ne se résument qu’à
un discours politique bien loin de projections économiques réalistes. Le Pacte
de responsabilité est tourné vers un donnant-donnant, argent-emploi. Le mot
emploi est toujours présent parce que c’est l’engagement du Président encore
non tenu. Il résonne bien dans les oreilles de la gauche de la gauche, mais il
n’est malheureusement pas un raisonnement économique. L’entreprise crée de la
richesse, si elle s’enrichit elle va croître et éventuellement elle embauchera.
Elle n’est pas responsable de l’emploi.
Avec des entreprises en retard de deux ans et demi
sur leurs investissements, avec leurs marges à un plus bas historique, il y a
peu de chances que la priorité pour elles soit l’emploi. En dehors d’un effet
d’aubaine, toujours sans lendemain, on ne peut, sous-prétexte de diminuer les
charges des entreprises, leur imposer des créations d’emploi sans perturber le
fonctionnement normal de l’économie. Une entreprise qui réussit, remet ses
marges à un niveau raisonnable et investit. Elle choisit selon ses besoins
entre le matériel et les hommes. Forcer la main, n’est qu’une ingérence de plus
dans le fonctionnement des entreprises. Rien n’est pérenne et la concurrence
est distordue.
De plus la diminution des charges va porter sur les
charges sociales et rien n’a été dit sur ce point du qui paiera (TVA sociale
vilipendée par la gauche sous Sarkozy ?), à moins que les dépenses de
l’Etat diminuent dans son fonctionnement et non dans ses investissements, comme
les infrastructures ou une mise à niveau de l’armement de la Défense Nationale.
On peut encore rêver. La position du Medef, toujours à l’affût d’argent supplémentaire
qui profite bien aux multinationales, contraste d’ailleurs avec le syndicat des
PME-PMI qui ne peuvent assumer un tel pacte.
Après le pacte compétitivité, issu du choc du même
nom, nous nous nourrissons d’un nouveau pacte, pour l’instant nébuleux et à
contre-courant. Ce sera encore de longs palabres, mais le temps presse. L’année
2013 a le record du nombre d’entreprises qui ferment. A ne pas vouloir trancher
entre rigueur et austérité, à ne pas mettre l’argent dans la recherche,
l’innovation et les infrastructures au lieu de multiplier les emplois aidés, à
force de ne pas vouloir remettre en question les régimes spéciaux, à force de
ne pas remettre à plat la formation (toujours 500.000 emplois non pourvus) qui
est un tonneau des danaïdes, à force de continuer à nier que l’euro plombe
notre économie, etc. la France s’enlise pendant que d’autres renaissent ou
continuent à s’engraisser.
Que dire sur la transition énergétique, citée dans
les objectifs 2014, sinon que c’est une phrase éminemment politique pour les
Verts. Pourtant nous parcourons le monde pour vendre notre technologie
nucléaire et nos réacteurs pendant que la durée de vie de nos centrales a été
repoussée de 10 ans amortissant un peu plus les coûts de construction et que
nous supportons sur nos factures d’électricité les travaux d’amélioration de la
sûreté nucléaire et de construction des énergies renouvelables. L’incohérence
de la politique énergétique ne le cède en rien à la politique étrangère où nous
nous lançons seuls dans des actions humanitaires qui sont du domaine de l’ONU
et pour lesquels nous allons payer longtemps en même temps que nous réduisons
notre budget de la Défense.
Le
gouvernement ne sait plus où il va, sauf qu’il voit
Pointer une éclaircie pour le deuxième
semestre !
Mais
son autisme et sa satisfaction de soi
Sont
si grands que rien ne viendra !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon