La longue conférence de
presse du Président n’a donné lieu chez les commentateurs, journalistes et
politiques, qu’à des propos sur deux sujets : celui dont le Président ne
voulait pas parler sur sa vie privée, dont le ridicule de l’homme casqué en
scooter voulant aller découcher incognito n’a pas échappé à la presse
étrangère, et le Pacte de Responsabilité.
On peut même dire que le premier sujet l’a
emporté sur le second qui était pourtant le sujet majeur de la politique
« d’accélération » du second tiers du quinquennat. Après avoir floué
les électeurs avec des promesses de gauche sur la justice sociale et l’avenir
des jeunes, le Président vire de bord pour retrouver ce pourquoi il a pu être
adoubé par les milieux bancaires et économiques. Il doit lâcher du lest au
grand patronat, sa cote de popularité le laisse en période de soumission aux
dictats.
Il est navrant de voir une presse vantant les
mérites de l’aventure européenne et laissant entendre que le Président gouverne
en toute transparence et toute autorité. Non le Président n’a plus les mains libres
et laisse à croire de sa toute puissance. Le FMI, la BCE, l’UE, avec en
sous-main les puissances de l’ombre, veillent à ce qu’il retrouve le chemin qui
lui a été assigné.
Angela Merkel, forte d’un gouvernement de
coalition qui lui laisse la bride, peut avertir la France qu’un tour de corde
sera ajouté au licou dans le duo France-Allemagne. « Sooner or later,
the currency will explode, if the necessary cohesion is lacking. » Le
maintien de l’euro nécessite un rapprochement entre les deux pays dans les politiques
fiscales, économiques et budgétaires. Autrement dit, Hollande va devoir copier
la feuille de route allemande et signer un « contrat » de liaison
avec l’Allemagne. Il n’a pas les moyens d’y résister. Il lui reste seulement la
possibilité de faire croire que c’est une décision de sa part.
Le Pacte de Responsabilité part sur de
mauvaises bases car le Medef ne va pas pouvoir promettre grand-chose avec un
allègement de charges de 30 à 35 milliards (flou non levé) dont 20 déjà engagés
dans le CICE (Crédit d’impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) alors que
celui-ci parle d’un décalage de compétitivité de 116 milliards. Si
l’accélération se réduit à une dizaine de milliards, il n’y a pas grand-chose à
attendre d’autre qu’une augmentation des marges des entreprises qui sont de 28%
contre 42% en Allemagne.
Par ailleurs le Medef ne s’engagera jamais ni
sur un écrit contractuel ni sur l’acceptation d’un contrôle tatillon du nombre
d’emplois créés pour la simple et bonne raison que la création d’emploi ne
dépend pas seulement de l’allègement des charges mais de l’optimisation que
fait chaque entreprise entre l’emploi et l’investissement. Obliger à embaucher,
c’est détruire une partie de la compétitivité.
François Hollande dresse contre lui la gauche
de la gauche car on ne voit pas comment communistes et Front de Gauche peuvent
accepter une nouvelle rallonge aux patrons avec une perspective aléatoire
d’emplois. Il a la légalité pour lui, même si son élection a été saluée par
beaucoup plus de drapeaux étrangers que de drapeaux français. Par contre il bat
des records d’impopularité et trois quarts des français ne lui font plus
confiance. Il y a une distance avec le pouvoir qui s’est encore agrandie depuis
Sarkozy qui avait largement désacralisé la fonction avec des interventions de
charretier.
Il y a dans les esprits comme un air de
révolution froide dont le début peut être situé lors du référendum sur la
Constitution Européenne dont le refus a
été contourné par voie parlementaire. Ce déni de démocratie a réactivé un débat
fondamental : celui qui porte sur les empiètements constants à la
souveraineté de la Nation et par là à la réalité de l’État. C’est le
« détricotage » entrepris par les institutions européennes qui
éloigne le peuple du pouvoir dont il sent plus ou moins consciemment qu’il ne
représente plus l’identité de la Nation.
Alors la légitimité, mais non la légalité,
n’est plus attachée à la souveraineté elle-même en voie constante
d’affaiblissement. Du coup elle perd son sens et les cris de « Hollande
démission » vont se faire de plus en plus entendre au fur et à mesure que
les promesses vont toujours être repoussées à demain. Le combat pour l’emploi
n’est toujours pas gagné, de l’aveu même du Président, et les promesses d’argent
déversé sur les entreprises ne trompe pas ceux qui devront payer d’une façon ou
d’une autre, c’est-à-dire nous.
On parle de lier les prestations sociales au
revenu des individus avec évidemment le souci que la somme globalement
collectée soit plus élevée, c’est cela que l’Etat entend par réduction des
dépenses publiques. Regrouper les régions n’a jamais réduit le nombre de
strates comme on nous le laisse entendre et le regroupement n’a de sens que si
on diminue le nombre de fonctionnaires… on attend de voir.
Au sens sociologique la légitimité est un
accord tacite subjectif et consensuel axé selon des critères éthiques et de
mérite quant au bien-fondé existentiel d'une action humaine. François Hollande
répond de moins en moins à cette définition, le pouvoir devient faible et les
actes totalitaires fleurissent. Il devient risible quand, de surcroît, il se
comporte comme un adolescent attardé (selon Manuel Valls) dans sa vie privée
que les étrangers ne peuvent dissocier de sa vie publique.
Jamais
la France depuis la seconde guerre mondiale
Ne
s’est trouvée dans une telle situation.
Dans
la disparition de la souveraineté
Légalité
et légitimité se désunissent !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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