Le pitre
nauséabond Dieudonné a été interdit de spectacle à Nantes. Vals et sa cour
médiatique sont aux anges. Il convient bien sûr de se réjouir que des propos
outranciers, insultant l’histoire, dénaturant un chant patriotique, symbole de
la Résistance française, soient condamnés. Pourtant le déroulement des faits
pose deux problèmes graves. Dieudonné n’en est pas à son coup d’essai de propos
répréhensibles. Cette interdiction tardive en devient suspecte, d’autant plus
que, d’une part le motif de trouble à l’ordre public ne peut s’appuyer sur
aucun trouble antérieur, et que d’autre part les propos diffamatoires ont été
jugés avant d’être prononcés à Nantes.
La
procédure normale eut été de faire constater durant la représentation par
huissier que les propos du spectacle donné à Nantes étaient susceptibles d’une
comparution devant la justice. Celle-ci avait alors tous les éléments pour
condamner cet individu s’il était prouvé que ses propos étaient diffamatoires
et tombaient sous le coup de la loi. Or nous avons assisté à une procédure
accélérée sur motif de trouble à l’ordre public par un tribunal administratif
qui l’a rejeté, puis dans les deux heures qui ont suivi une interdiction par le
Conseil d’Etat. Ironie de cette
affaire, dans son interdiction du spectacle de Dieudonné, celui-ci
stipule « l’exercice de la liberté d’expression est une condition
de la démocratie » avant de condamner !
Une
décision aussi rapide du Conseil d’Etat, prononcée par un seul juge, est une première
dans l’histoire de la République. Cela laisse un goût nauséabond de servitude
de la justice au pouvoir, même s’il n’en est rien. Désormais il reste que deux
juges ont donné une appréciation différente et, même si le jugement
d’interdiction ne fait pas jurisprudence, on voit mal les tribunaux
administratifs des autres villes se prononcer contre le jugement du Conseil
d’Etat. Il y a là une tentative de restriction de la liberté d’expression sans
un véritable respect des procédures. C’est pourquoi le Président de la Ligue
des Droits de l’Homme, Maître Eolas, s’est exprimé en termes mesurés, mas
réprobateurs :
«Nous
sommes maintenant dans un régime préventif de la liberté d’expression, et c’est
une boîte de Pandore qui est ouverte. Dans son ordonnance, le
Conseil d’Etat souligne que « l’exercice de la liberté d’expression est
une condition de la démocratie ». Et quelques lignes plus loin, il commet
un attentat contre cette liberté d’expression. […] Les voies de recours
internes sont épuisées, mais les avocats de Dieudonné ont six mois pour saisir
la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Et la décision du Conseil
d’Etat ne tiendra pas. La France est déjà classée 3e pour les atteintes
à la liberté d’expression, avec 25 condamnations, devant la Russie. Elle
n’est pas près de nous rattraper… »
L’État a gagné, certes, parce que le jugement de la Cour européenne demandera des
années et Dieudonné sera attaqué d’ici là sous un autre angle, celui de
l’argent éventuellement dissimulé. Mais quel que soit les bonnes raisons
d’interdire de tels spectacles, un Etat, garant du respect des lois, ne peut se
permettre de prendre des décisions qui laissent un doute sur le respect des
procédures normales de la justice, ni de faire preuve de mesures à l’aspect totalitaire.
Il ne peut en aucun cas prétendre que la fin justifie les moyens.
L’autre
aspect de cette histoire c’est que le laxisme le plus grand a laissé se
développer des chansons dont les paroles sont des plus irrespectueuses envers
les valeurs de notre pays et des actes ignobles comme ce drapeau français
servant de papier-cul ou ces « femens » profanant une église. Que
fait-on contre ce chanteur Raphaël Haroche, né le 7 novembre 1975 à Paris,
d'une mère argentine et d'un père d'origine russo-marocaine vivant dans les
quartiers bobs parisiens mais…allant s’asseoir sur la statue de Jeanne
d’Arc pour affirmer son mépris, mépris qu’il exprime dans ses textes :
"Si
j’étais moins intelligent. Si j’avais pas ma carte de lâche .Je leur foutrais
mon pied dans les dents. Je leur faciliterais pas la tâche. En première page
des magazines. Ils sont partout dégueulant. Leurs réformes et leur grippe
porcine. Le bon peuple et son président". "Il faut
chanter la Marseillaise. Et avec la main sur le cœur. Moi je la siffle avec les
Beurs. Prie pour qu'au foot on soit de la baise. L’ordre moral est bien
partout. La démago de gauche à droite. J’aime mieux attendre qu’ils soient bien
saouls. Avant de me battre".
Quand on s’insurge à ce point contre les paroles
d’un artiste, il faut que cela soit valable pour tous au nom d’un principe
républicain d’égalité devant la loi. Il eut fallu interdire toutes les chansons
rap ciblées qui ne sont que des cris de haine sur notre pays. Il n’eut pas
fallu incarcérer pendant un mois un jeune homme pour trouble de l’ordre public
avec un teeshirt « Manif pour tous », ni lancer des gaz lacrymogènes
sur une manifestation pacifique et familiale.
L’État ne peut se laver de tout par un lynchage et
une parodie juridique. Oui il faut punir ceux qui contredisent à la loi, mais
pas comme ça ! C’est notre société qui va à la dérive car ses repères
moraux se délitent et se heurtent à ceux d’une autre civilisation, c’est elle
qui est malade. Les réactions du pouvoir tournent à des actions à relent
totalitaire, preuve d’un certain désarroi devant un phénomène qu’internet et
les réseaux sociaux ne permettent plus de juguler. A la diarrhée verbale, il
ajoute la constipation cérébrale.
La France est
en pleine régression et en perte d’identité.
Elle oublie
la valeur vitale des libertés intellectuelles
Et le tort
que se fait une société à elle-même
En les
diminuant !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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