samedi 14 septembre 2013

Un budget 2014 en trompe-l’œil !

Un effort sans précédent de 15 milliards d’économies est l’information que l’on faire entrer dans l’esprit des français. Cela est d’autant plus important car pour les citoyens l’année 2014 sera celle de la plus grosse pression fiscale. Quand le gouvernement dit avoir pris conscience du « ras-le-bol fiscal », cela ne se traduit que par un ralentissement de l’imposition et par des pas de sioux pour glisser quelques mesurettes supplémentaires dans les tiroirs comme la taxation des « vaporettes », de l’aspartam, des boissons énergisantes, etc. L’imagination gouvernementale dans ce domaine est inépuisable !

Entre déclaration sur le budget 2014 avant-même que le conseil des ministres en ait discuté, le lancement d’une non-taxation sur le diesel par le ministre de l’écologie, le ballon d’essai sur la réception de nouvelles taxes par l’opinion et la déclaration au plus haut niveau de fin d’augmentation de la pression fiscale, on peut dire que la communication continue à faire des couacs. Du coup les Verts partent en guerre et la majorité parlementaire s’inquiète de l’impact sur son électorat car c’est bien les particuliers qui auront la plus grande part de l’augmentation de la pression fiscale. 

Alors si l’on regarde de plus près les économies on s’aperçoit que 6 milliards viendront des prestations sociales. 2,5 milliards seront principalement trouvés dans les dépenses de santé en diminuant le remboursement des médicaments, dans l’incitation aux médecins de moins prescrire et dans la diminution des tarifs des biologistes et des radiologues. La pression sur des professions libérales et des moindres remboursements ne peuvent être considérées comme de vraies économies, celles d’une diminution d’un service à qualité égale. Le particulier va de toute façon devoir assumer ces économies et non l’État ! 

Déjà une réforme sociale va toucher les retraités en ce qui concerne l'assurance vieillesse où les retraités subiront un report de la revalorisation de leurs pensions de six mois, du 1er avril au 1er octobre. Gain de ce décalage de dépense dans le temps? 600 millions. Il va falloir trouver encore d’autres milliards dans ce domaine pour arriver à 6 milliards ! 

L’État se réserve 9 milliards d’économies mais le budget 2014 ne sera que de 371,4 milliards au lieu de 371,5 en 2013, soit 100 millions d’économie. C’est peu mais il faut reconnaître que c’est historique, même si ce petit chiffre a été choisi pour son impact politique qui permet d’affirmer que le budget diminue. Sur le champ plus restrictif des dépenses de l'État hors charge de la dette et pensions de retraite, la baisse programmée pour 2014 est de 1,5 milliard. Pour atteindre cet objectif, il réduira les transferts de l'État aux collectivités locales de 1,5 milliard. Ces dernières évidemment gèreront cette diminution en empruntant un peu plus pendant l’année électorale 2014 et augmenteront les impôts locaux en 2015… comme d’habitude. 

Il reste évidemment un stock de mesures désagréables qu’il va falloir distiller à l’opinion et à la majorité jusqu’au vote par le Parlement pour trouver les 15 milliards annoncés. De plus de l’avis de nombreux économistes, la prévision de croissance est toujours trop optimiste à +0,9%. Ceci veut dire que très probablement la dette à fin 2014 sera plus importante qu’annoncée surtout si les taux d’emprunts continuent à remonter. Même si la diminution de la dette n’est plus la préoccupation majeure, car devenue la diminution du déficit à 3% du PIB pour 2015, la charge de la dette pèsera de plus en plus sur le budget dans les années à venir et la crédibilité sur la solidité économique et budgétaire de la France s’en trouvera affectée. 

Faire des économies budgétaires, surtout de vraies économies, n’est pas facile en France pour deux raisons majeures. La première c’est que l’État demande toujours plus aux citoyens qu’il ne fait pour lui-même. La deuxième est que ses représentants politiques ne montrent jamais l’exemple. Nous avons trop de députés, trop de ministres, les deux sont trop bien payés et souvent cumulards, leurs avantages trop importants par rapport aux pays du Nord, à l’Allemagne. Nous avons trop de commissions fourre-tout, trop de fonctionnaires nourris de trop de lois sans décret d’application et de trop de décrets inappliqués. 

A ceci il faut ajouter cette propension à toujours embellir le tableau du futur immédiat, futur idyllique que le citoyen se voit reporté d’année en année. Le citoyen ne peut dès lors accepter de se serrer la ceinture puisque l’avenir sera radieux, il refuse donc un effort qui est d’autant moins perçu comme nécessaire que ceux qui le gouvernent n’en font pas eux-mêmes. Il manque en France le courage de dire la vérité et de mobiliser le peuple. On veut au contraire le démobiliser pour qu’il se taise et on navigue à vue en tirant de petits bords sans avoir de cap autre que de gagner des élections. 

Ainsi l’effort prévu en 2014 n’est pas à la hauteur de l’enjeu, enjeu que l’Allemagne a compris dès 2000 alors qu’elle était au plus mal, enjeu qu’ont compris les suédois en refusant l’euro et en gérant plus efficacement les prestations sociales, enjeu que même les anglais ont pris en compte et qui commence à porter ses fruits. La France maintient ses habitants dans les délices de Capoue et espère que la croissance mondiale viendra la bercer… Elle n’aura que des miettes qu’elle devra mendier si l’on continue ainsi. Le 13 septembre à Vilnius le verdict est tombé : « Les réformes entreprises par la France sont insuffisantes pour relancer durablement la croissance et l'emploi, a estimé vendredi la Commission européenne malgré les efforts du ministre des Finances Pierre Moscovici pour la convaincre du contraire. » AFP 

Plus que d’autres la France a des atouts considérables 

Que l’histoire et la nature lui ont donné, 

C’est pour cela qu’elle les gâche ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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