J’ai
eu l’occasion récemment d’exprimer mon opinion sur les choix énergétiques de la
France où tout est mis sur les ressources illimitées du vent et du soleil au
nom de l’écologie tous azimuts, écologie qui tourne à l’idéologie. Cette
obstination à imposer les énergies vertes, si je puis dire contre vents et
marées et quoiqu’il en coûte, fait prendre des décisions qui oublient le bien
commun.
Allergique
au gaz de schiste, et même aux recherches de localisation, par principe de
précaution, allergique au nucléaire pour la même raison même si rien en France ne
vient conforter une peur viscérale, la France tend les bras au développement
durable des énergies vertes. Protection de la nature et de l’homme sont les
raisons incontournables de la communication verte et personne ne doit y
résister, pas plus que de préférer être riche et en bonne santé plutôt que
pauvre et malade. Nous voilà donc partis pour développer éoliennes et panneaux
solaires, sensés de plus donner du travail à des milliers de personnes en France.
Comment ne pas se réjouir d’une telle décision ?
La
plus grosse part de la production électrique, soit 74,8% en 2012, de l’énergie
produite l’est par les centrales nucléaires et la puissance installée était de
128.680 MW. Leur disponibilité (facteur de charge) est de 73% alors que pour les
éoliennes il est de 24% et de 13,3% pour le photovoltaïque. Ceci veut dire
qu’une éolienne de puissance de 1MW ne produit en moyenne sur l’année que
0,24MW, à peine un quart de la puissance installée. Au passage notons qu’avec
49% de la puissance totale installée, toutes sources confondues, le nucléaire
fournit 74,8% de la production totale.
En
dehors de toute autre considération, le nucléaire assure une production quasi
constante en permanence. Son défaut est de ne pas être modulable à volonté.
Elle ne peut donc encaisser les variations journalières. C’est le rôle des
centrales thermiques classiques à fuel ou charbon qui se démarrent ou s’arrêtent
à volonté. Ce couple répond donc aux besoins avec la production minimale
nécessaire en permanence assurée par le nucléaire et le reste par le thermique.
Malgré tous les surcoûts qui lui sont attribués pour raison de sécurité, en
particulier après Fukushima, le nucléaire reste moins cher que toutes les
autres énergies mis à part l’hydraulique.
Nous
avons lancé le pari des énergies renouvelables, pari justifié si l’on parle d’indépendance
énergétique (même si les mines d’uranium sont largement réparties sur tout le
globe et dans de nombreux pays sûrs) et sur le plan de la sécurité. Il l’est
beaucoup moins en matière de coût car non seulement les coûts sont plus élevés
mais il faut y adjoindre la surcharge de la facture du consommateur (CSPE) mais
aussi tout ce qui est à charge de l’EDF par le prix de rachat très attractif
consenti ainsi que toutes les charges publiques dues au cumul des avantages
fiscaux. Selon la Cour des Comptes la CSPE ne couvrait plus les surcoûts
imposés à l’Edf en 2012.
Mais
la France est un pays exportateur et la balance commerciale sur les énergies renouvelables
était déficitaire de 800M€ en 2009. Il est important de comprendre pourquoi. La
vente des énergies renouvelables est prioritaire dans les échanges commerciaux.
Quand un quota de Mwh, non consommé en France, est disponible et à vendre, cela
ne coïncide pas forcément avec les besoins des pays limitrophes. Il arrive
que l’on vende même à prix négatif car il faut se débarrasser de cette
énergie non stockable. Le vent est capricieux et le soleil aussi en plus du
cycle jour-nuit.
Quand
on sait que, lorsque les énergies renouvelables ne fournissent pas à contrario
la puissance nécessaire, il faut démarrer des centrales thermiques polluantes
et productrices de CO2, on mesure l’aberration de continuer à promouvoir les
énergies renouvelables plus coûteuses et pouvant indirectement devenir
polluantes. L’idéologie verte se fiche éperdument des problèmes économiques, c’est
là le drame. Malheur supplémentaire c’est que l’on ferme les centrales à gaz
qui sont le poumon régulateur d’autant plus indispensable qu’aux variations de
la consommation électrique il faut ajouter les caprices de production des
énergies renouvelables. Enfin une voix s’élève et pas n’importe laquelle, celle
du patron de Gdf Suez.
Dans
une intervention au congrès annuel de l'Association française du gaz, le patron
de l'énergéticien français a regretté que le secteur ait fermé ou mis à l'arrêt
ces dernières années "30 à 40
gigawatts" (GW) de centrales électriques à gaz, dont 10 GW pour son
groupe, soit "30 fois" la
puissance de la centrale nucléaire française de Fessenheim, sans que les
autorités ne s'en inquiètent.
"On ne peut pas laisser notre industrie
énergétique européenne se détruire en partie, dans le silence et dans
l'indifférence", ne serait-ce parce que "les centrales à gaz sont
extrêmement utiles pour servir de back-up (renfort en cas de pics de
consommation électrique, ndlr) et feront défaut si on les laisse se fermer",
a plaidé M. Mestrallet.
Pourfendant
l'"instabilité des règles
européennes" et la "balkanisation
des politiques énergétiques" des différents Etats membres, M.
Mestrallet a de nouveau appelé l'Union européenne à freiner le développement
des énergies renouvelables, qui revient selon lui à ajouter des
surcapacités à un marché déjà surchargé.
"Dans le secteur énergétique, depuis 5 ou 6
ans, on a massivement subventionné des créations de capacités additionnelles
(énergies renouvelables), ces surcapacités-là s'ajoutant aux surcapacités
existantes, et les entreprises sont le dos au mur, contraintes de faire un travail
d'élimination et de fermeture" de leurs installations les moins
rentables comme les centrales à gaz.
Au
contraire, "il faut d'abord sauver
les centrales à cycle combiné à gaz, avant de subventionner l'installation de
capacités supplémentaires, en mettant en place des paiements de capacités",
a plaidé le patron de GDF Suez.
Même
si ce discours n’est pas dénué du souci de faire marcher son entreprise, il est
parfaitement réaliste face à une idéologie qui perd le sens du bien commun.
Idéologie et politique mènent notre pays
En occultant la réalité du bien commun
Au secours la raison nous quitte !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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