Lorsque sa sécurité n’est pas
menacée, quelles raisons peuvent donner le droit à une nation de venir tuer sur
le territoire d’une autre ? L’impérialisme, la mise sous tutelle pour son
propre compte, la captation de richesses et de femmes (les razzias) sont les
raisons qui ont marqué l’histoire du monde. Les religions ont servi de
prétexte et de justification à la mobilisation des hommes pour la guerre.
Nous
venons d’en inventer deux
autres, les Droits de l’homme et la démocratie, raisons que nous avons
confiées
à l’ONU, et qui avalisent et justifient le droit d’ingérence. Pour les
précédentes autorisations de faire la guerre, les USA ont toujours été
concernés et promoteur de l’idée auprès des autres nations de
l’Assemblée
Générale des États-Unis. D’ailleurs, d’une façon générale depuis 1991,
les États-Unis sont présents dans toutes les guerres entre pays et
guerroient deux
années sur trois. Que ce soit la Libye, l’Irak, la Serbie, Haïti, la
Somalie,
le Panama, la Grenade et le Vietnam, aucun de ces pays n’ont attaqué
ceux qui
sont venus tuer chez eux. L’exception serait l’Afghanistan avec Ben
Laden et
encore, car il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce sujet.
Les USA, forts de leur puissance
militaire, se sont octroyé l’insigne du shérif et de gendarme du monde. Ils ont
pris le droit d’ingérence comme une cause humanitaire de sauvegarde du monde en
allant bien au-delà de la nécessité de leur propre sécurité. Leur poids
militaro-économique permet de faire basculer les votes de l’Assemblée générale
en faveur de leurs intentions. Le véritable contrepoids est le Conseil de
Sécurité où s’affronte le bloc USA-Royaume-Uni-France au bloc Russie-Chine. Mis
à part l’Irak, cela se passe toujours ainsi.
Nous sommes loin des raisons qui
faisaient s’affronter les tribus aux débuts de l’humanité. La défense de
territoires de chasse ou de cueillette était vitale, autant que celle des
femmes, à la survie de la tribu. Nous plongeons désormais dans un autre univers
celui que s’octroient certaines nations disposant de la force militaire d’imposer
aux autres les comportements souverains recevables et de punir les autres avec
les conséquences souvent désastreuses qui s’ensuivent.
Au XIXe siècle, on parlait alors d'« intervention d'humanité ». Les Européens appelaient ainsi leurs actions pour aller, officiellement, sauver les chrétiens vivant en Turquie, mais officieusement, pour déstabiliser le sultan Abdülhamid II. Au nom de cette « intervention d'humanité », les pires atrocités furent commises. En 2008 Edward Luck, conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies, déclarait : Bernard Kouchner a causé «des dégâts considérables au sein de l’ONU» au nom des raisons humanitaires.
Au XIXe siècle, on parlait alors d'« intervention d'humanité ». Les Européens appelaient ainsi leurs actions pour aller, officiellement, sauver les chrétiens vivant en Turquie, mais officieusement, pour déstabiliser le sultan Abdülhamid II. Au nom de cette « intervention d'humanité », les pires atrocités furent commises. En 2008 Edward Luck, conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies, déclarait : Bernard Kouchner a causé «des dégâts considérables au sein de l’ONU» au nom des raisons humanitaires.
Tant que les résolutions de l’ONU
sont demandées et respectées on peut encore parler d’un consensus majoritaire
mondial, encore que 51% de voix pour peut-il justifier la guerre d’ingérence ?
Mais désormais on tente de passer outre ! En Libye on a contourné le refus
de l’ONU de s’engager par des troupes au sol avec des conseillers à Benghazi chez
les rebelles et des armes approvisionnées. En Syrie, on a tenté d’aller plus
loin. Hollande était prêt à engager la France dans une action punitive et a
servi de mouche du coche aux USA.
Il fallait que la France montre son
influence à l’extérieur car le président perd pied à l’intérieur. Non seulement
nous nous retrouvons seuls derrière les Etats-Unis mais nos efforts pour
mobiliser l’UE se sont non seulement avérés vains mais de nombreux pays
trouvent que la France joue un peu trop la présence guerrière. Pendant ce temps
nous consacrons de moins en moins d’argent à notre Défense et nous nous en
remettons de plus en plus à l’OTAN pour la défense de notre territoire.
Nous nous sommes donc octroyé le
droit d’ingérence dans un pays autrefois ami, la Syrie, sans aval de l’ONU,
sans attendre le rapport des experts et sans véritable preuve reconnue
internationalement de la culpabilité de Bachar el Assad. Notre précipitation à
proposer une résolution au vote de l’ONU reste dans le droit fil d’un pays qui
veut péter plus haut qu’il n’a le derrière. Elle ne peut masquer le fait que c’est
la proposition russe qui a éloigné la guerre, et non nos menaces d’intervention,
et que tout va se négocier entre russes et américains.
Le droit d’ingérence permet de tuer
au nom de la démocratie même si l’établissement de celle-ci ne peut se faire
ainsi dans des pays qui ne peuvent encore l’accueillir. Pendant ce temps nous
perdons la nôtre. Le droit d’ingérence devient possible par des décisions
unilatérales et ouvrent ainsi la porte à des visées impérialistes. Au passage
on impose le respect de traités en violant nous-même ceux que nous avons
signés.
De quel droit peut-on imposer la
démocratie aux autres ? De quel droit peut-on soutenir dans un conflit
civil, au nom de la démocratie, ceux qui ne veulent pas respecter le vote
démocratique comme en Égypte ? De quel droit peut-on punir militairement dans
une guerre civile par un cartel de pays accoquinés. Nous devrions nous souvenir
que les conflits internes dans notre pays ont toujours été envenimés par l’intervention
de puissances étrangères. Ce serait un retour d’expérience salutaire nous
permettant de mettre notre pays au service de la paix et de la médiation auprès
des pouvoirs en place. La France y gagnerait beaucoup en reconnaissance mondiale.
Une guerre civile est un conflit interne pourri par l’extérieur.
Le droit d’ingérence devient un permis de chasse !
Œuvrons pour la Paix, pas pour la Guerre !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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