Il ne fait aucun doute que c’est la
science et les avancées technologiques qui font un grand pays. La guerre met
des peuples en esclavage ou au moins détruit leur identité pour former des
empires qui ne sont finalement que des tours de Babel que l’histoire met à bas.
Le même sort attend les conglomérats qui sont faits contre nature sans que les
peuples en aient décidé ainsi… Parions que l’UE en fait partie…
Mais revenons à la science qui
bouleverse nos civilisations beaucoup plus profondément que nos soi-disant
avancées qui font fi de l’ordre naturel, lequel nous a permis 4 à 5000 ans d’histoire
humaine. Les progrès dans tous les domaines se sont accélérés grâce d’abord à l’électricité
et surtout le calcul numérique dont la puissance devient sans limite dans les
réseaux d’ordinateurs qui ceinturent le monde. Il est en un sens merveilleux de
penser que des machines qui ne manient que deux chiffres, 0 et 1, sont devenues
non seulement indispensables mais se substituent aux activités humaines et
désormais aident les hommes à découvrir l’infiniment petit et l’infiniment
grand, à réfléchir et à progresser.
Les automates deviennent de plus en
plus des humanoïdes et l’intelligence artificielle progresse si vite que l’on
ne peut exclure que dans un avenir pas si lointain notre intelligence carbonée
comme notre corps sera submergée par l’intelligence artificielle du silicium, son
constituant de base. Une question se pose désormais. L’homme est-il capable de
suivre le progrès sans se laisser dominer et aliéner ? Je n’irai pas plus
loin dans cette réflexion philosophique de la plus haute importance mais je
vous propose d’en mesurer l’un des effets avec un peu d’humour.
Les portables ont envahi nos vies à un point tel que
certaines personnes n’envisagent plus de vivre sans et l’ont à portée en
permanence. On parle même de vêtements les intégrant presque charnellement à
notre vie. Regarder ces jeunes qui ne communiquent plus qu’avec un langage
écrit phonétique et s’imbibent d’images, de musique et de vidéos. Autour d’une
table l’échange verbal n’est plus nécessaire.
Mais ce n’est pas seulement dans ce moment privilégié
d’une réunion d’amis que les comportements sont modifiés. Ils envahissent les
moments de nutrition dits conviviaux ! La frénésie du presse-boutons n’a
pas d’accalmie et tout signal sonore mérite qu’on y réponde même avec la bouche
pleine. Cela devient du chacun pour soi, chacun dans son monde dans la fièvre
de l’instant capté sur un écran. Le monde extérieur s’évanouit et la présence
humaine des convives devient le monde virtuel. Le réel est dans les cerveaux
abreuvés d’informations instantanées et qui ne méritent souvent que des actions
réflexes.
On peut penser que ce besoin d’isolement
soit un palliatif à ce que nous ressentons dans une soirée ennuyeuse où l’on s’efforce de garder les yeux ouverts et de
répondre de temps en temps par un court message du type « Je suis
totalement de votre avis ». On ne sait plus de quoi il était question,
mais on fait acte de présence en abondant ce qui évite de devoir justifier un
point de vue contraire.
Mais le progrès des portables c’est qu’on peut
procéder de la même façon en tête-à-tête que dans une réunion à plusieurs.
Votre interlocuteur ne s’offusque plus car il est lui-même à cent lieues de
vous dans un monde parallèle où vous n’avez pas accès. Pas un éclat de voix,
pas un chuchotement, le doux bruit des touches pressées n’est interrompu que
par des sonneries auxquelles on s’empresse de répondre.
D’ailleurs même dans une rencontre d’amoureux
on peut se tourner le dos pour mieux déchiffrer les SMS, et regarder les MMS. Cela devient beaucoup
plus urgent que les MMamourS qui peuvent attendre que la batterie soit
déchargée. On s’aime toujours mais entre deux appels et on peut même se le dire
en envoyant un message ou une photo de soi prise au moment même. Sympa non de
pouvoir faire comme si l’on était l’un près de l’autre tout en faisant comme si
l’on ne l’était pas !
Mais le plus c’est que l’on peut continuer ainsi pour
toutes les occupations de la journée et même de la nuit… Pourquoi pas ?
Jugez plutôt.
Si les jeunes sont les plus touchés
par cette nouvelle civilisation accrochée au silicium de leur portable, comme
une implantation d’un nouvel organe dont les fonctions ne cessent de s’étendre,
il n’y a que les « out » de la société qui y résistent. Rien ne peut
plus mobiliser l’attention quand le portable s’impose comme un compagnon
exigeant, le spectacle n’est plus dans le monde réel et l’on navigue dans un
vaisseau spatio-temporel qui se déplace à la vitesse de la lumière.
Ne rions pas, l’aliénation n’est pas
une conquête de l’homme qui l’a fait progresser jusqu’à nos jours. Elle est
combattue pour la cigarette, la drogue, l’alcool et l’abrutissement dont le
communisme et désormais certains intégristes font leur méthode de persuasion.
Tout le monde économique se réjouit de cette dépendance dont il ne veut faire
percevoir que les attraits. Mais l’homme qui n’a plus le temps de réfléchir, se
pose-t-il la question de l’avenir qu’il se prépare ? Quelles générations
futures se préparent entre l’homme aliéné et la machine envahissante ? Ne
serait-ce pas déjà une explication de l’incompétence grandissante de notre
monde politique qui ne connaît plus que la politique de l’instant, qui pense
que le consensus tient lieu de réflexion et que la démocratie se résume à
contenter d’autant plus les corporatismes qu’ils ont de votants ? J’aimerais
que l’on se pose pour réfléchir avant de décider. Un vœu pieux ?
Bon dimanche et que le portable vous bénisse !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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