dimanche 23 juin 2013

Une démocratie sous l’éteignoir !



Reporters sans frontières classe la France en tête des pays du monde à démocratie imparfaite… en tête heureusement encore. Il reste un fond de démocratie dans le pays des Droits de l’Homme. Pourtant elle s’étiole au fil des jours. La loi sur la transparence, pansement concocté par le pouvoir après le scandale Cahuzac, est un parfait exemple de démocratie fantoche. Pour information il faudra aller en préfecture et garder l’information comme un secret d’Etat. Toute divulgation en particulier par la presse sera sévèrement condamnée avec amende et prison. C’est cela désormais la liberté de la presse, une liberté encadrée ! 

Mais la répression policière et le fonctionnement discriminatoire de la justice ont désormais des relents de totalitarisme et les propos de Najat Vallaud-Belkacem ne manquent pas d’aplomb : « Il faut qu’on explique pourquoi il faut faire barrage au Front National. Il faut mieux décrypter ce qu’il y a derrière le discours qui se veut apaisé aujourd’hui du FN, mais qui n’en reste pas moins un discours de rejet de l’autre, un discours en matière économique qui nous mènerait droit dans le mur, un discours en matière de sécurité qui n’a aucun sens ».

Rejet de l’autre ? Evidemment cette ministre de nationalité marocaine et française ne peut rejeter la moitié d’elle-même. Incompétence économique ? A prouver et à dénoncer par ceux qui ont montré leur compétence. Ce n’est pas le cas de notre gouvernement pour l’instant. Sécurité sans aucun sens ? Mais ne confondrait-elle pas mesures sécuritaires et mesures répressives. Notre ministre verrait-elle dans le fascisme, que la gauche dénonce chez le FN, un effet miroir de son gouvernement ?

Les deux poids deux mesures des pouvoirs policiers et juridiques deviennent de plus en plus évidents depuis les manifestations des anti-mariages pour tous. Les répressions et les sanctions contre les délinquants pour agression, les faucheurs anti-OGM ou les grévistes séquestrant ou attaquant les biens publics sont mineures par rapport à celle du jeune Nicolas qui moisit immédiatement en prison alors que des violeurs sont relâchés et récidivent.

Certains députés s’émeuvent : « M. Jacques Myard appelle lattention de M. le Premier ministre sur la disproportion et lampleur des moyens mis en œuvre par les services de lEtats à lencontre des opposants au mariage homosexuel, parfaitement indignes dun Etat de droit tel que le nôtre. Les témoignages et preuves étayées sur de très nombreux supports abondent et traduisent une dérive très préoccupante vers une répression politique qui bafoue les libertés publiques.

Ainsi le seul port dun teeshirt avec le label « la manif pour tous » ou un drapeau vaut confiscations, interpellations et arrestations, gardes à vue avec une pratique tout à fait arbitraire et disproportionnée des moyens répressifs à lencontre de manifestants. Dernier exemple en date, proprement scandaleux un jeune homme qui a osé manifester sous les fenêtres dune chaîne audiovisuelle où était interviewé le président de la République fait lobjet dune comparution immédiate et se retrouve aussitôt en prison, avec une peine de 4 mois dont deux fermes ! Cette sévérité hors norme et sans aucun fondement est à mettre en parallèle avec le traitement plein de mansuétude de délinquants acteurs de violences inqualifiables comme les jeunes braqueurs du RER D de Grigny., Il est aisé pour nos concitoyens choqués de voir quil y a une politique de deux poids deux mesures. » 

Ces agissements arbitraires ne démobiliseront pas nos concitoyens qui veulent pouvoir continuer à manifester leur opposition vigoureuse mais pacifique à ce projet de société. Jacques Myard lui demande de bien vouloir faire cesser sans délai ces pratiques abusives , et de garantir effectivement aux Français le droit de manifester sans être inquiétés par les excès de zèle policiers, contraires aux principes qui fondent notre démocratie.

Pire certains magistrats se révoltent : «  Alors que Nicolas, jeune manifestant de la Manif pour tous, est en prison depuis mercredi soir pour rébellion. Le devoir de réserve qui s’impose à moi comme magistrat ne peut me bâillonner, il m’interdit seulement de m’exprimer à visage découvert. C’est pourquoi j’ai choisi d’écrire sous le parrainage de ce grand magistrat, MALESHERBES, qui défendit le roy Louis XVI devant la Convention au cours du procès qui conduisit à sa condamnation à mort. L’histoire a justement glorifié son nom, tandis qu’elle a rejeté dans l’oubli celui qui fut accusateur. A l’époque pourtant, c’était le contraire et personne n’aurait parié un kopeck sur la réputation de l’avocat. 

Aujourd’hui, Magistrats de France, ne soyez pas impressionnés par la force que déploie un pouvoir aux abois. Aujourd’hui, le 19 juin précisément, le combat des anti mariage gay a changé de nature. Ce n’est plus un échange d’idées, c’est devenu un combat contre une dictature. 

Le 19 juin 2013, un tribunal (celui de Paris) a condamné un manifestant de La Manif Pour Tous à une peine d’emprisonnement ferme en comparution immédiate. Quel était le crime commis par celui-ci justifiant cette sévérité inhabituelle alors que les agresseurs d’un train (le RER D) étaient condamnés il y a quinze jours à de simples peines assorties du sursis, alors que les casseurs du Trocadéro du mois de mai ne sont toujours ni jugés, ni a fortiori condamnés ?

Les chefs de préventions étaient rébellion et refus de se soumettre à prélèvement génétique. Les faucheurs d’OGM, qui font du refus de prélèvement ADN un de leurs combats, sont régulièrement condamnés à des peines d’amendes. Mais cela ne vaut pas pour Nicolas, manifestant pacifique au pied d’un studio de télévision condamné à de l’emprisonnement ferme pour partie. C’est aussi pour la rébellion qu’il a été décerné mandat de dépôt par les juges.

Emprisonné immédiatement pour avoir refusé de se soumettre à la dictature ! Rébellion : mais c’est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen elle-même en son article 2 qui élève au rang de droit naturel et imprescriptible la résistance à l’oppression. Et lorsque des policiers agissent en dehors de toute légalité, (ils n’avaient pas sommé l’attroupement de se disperser à deux reprises comme la loi les y oblige – article 431-4 du Code pénal), alors oui, la résistance devient un devoir. Et elle s’appelle rébellion dans notre droit positif. Mais ce n’est pas une infraction, c’est un devoir de l’homme libre. 

Magistrats de France, ne vous faites pas les complices de l’oppression. Vous n’avez que le mot indépendance à la bouche, eh bien usez-en aujourd’hui. C’est dans ce moment particulier de l’histoire de France que nous vivons que nous devons agir en magistrats indépendants, le peuple de France nous en saura gré même si le pouvoir va nous vilipender.

Lorsque la police procède à des arrestations arbitraires, notre grandeur est de dire non, de libérer ceux qui ont été injustement placés en garde-à-vue, de classer sans suite les infractions qui n’existent nulle part ailleurs que dans l’esprit des dictateurs.

N’ayons pas peur des moyens immenses déployés par un pouvoir qui n‘en peut mais. Quelle crédibilité accorder à la Préfecture de Police de Paris qui traque les opposants et laisse courir les délinquants ‘? Quelle crédibilité accorder à des services de police et de gendarmerie qui ont toujours des forces disponibles lorsqu’il s’agit de maintien de l’ordre (ou de circulation routière) mais plus personne quand il faut mener des enquêtes et procéder à des arrestations de délinquants chevronnés ?

Et vous, policiers de France, qu’attendez-vous pour poser les armes lorsque vous recevez des ordres illégaux ? Certains d‘entre vous auraient dit leur dégoût lorsqu’ils sont forcés d’arrêter des veilleurs pacifiques. Honte à vous : si vous êtes dégoûtés, refusez i Mais en agissant, vous vous faites les complices actifs et conscients de la dictature. L’expression de votre gêne est pitoyable, c’est la même qui étreignait Ponce Pilate lorsqu’il envoyait le Christ au Calvaire. 

Magistrats de France, ne voyez-vous donc pas que le combat n’est plus celui de la légalité mais celui de la légitimité. Les manifestations contre le mariage de personnes de même sexe ont montré qu’une loi ne peut pas simplement être « légale » pour être appliquée, mais elle doit surtout être légitime. Ce n’est pas parce qu’un texte a été voté par les représentants du peuple en usant de ruses diverses qu’il est légitime. Tous les totalitarismes de l’histoire, toutes les dictatures du monde se sont toujours appuyées sur la légalité pour agir. Aujourd’hui, une loi a été votée et promulguée sur le mariage gay. Mais le peuple de France continue à manifester pour dire qu’elle n’est pas légitime. Et nous devrions participer à cette entreprise de négation du peuple ? Il n’en est pas question.

Nous ne serons pas comme le Procureur de Bordeaux qui a écrit aux maires de son ressort pour qu’ils fassent taire la voix de leur conscience sous peine des pires sanctions. Nous ne serons pas comme le Procureur de Paris qui, après avoir été le zélé serviteur d’un gouvernement de droite lorsqu’il était le directeur de cabinet du ministre de la justice, se fait aujourd’hui le chantre de la répression la plus sévère contre ces horribles manifestants pacifiques.

Nous ne serons pas comme ces Procureurs Généraux, quasiment tous nommés par le gouvernement d’avant 2012, qui sont aujourd’hui les courtisans les plus pressés auprès du pouvoir en place et donnant de multiples gages de leur soumission. Non, nous serons le rempart ultime de la liberté d’opinion, les avocats inlassables d’un peuple à qui on refuse le droit de s’exprimer. MALESHERBES est un modèle, il s’est levé pour dire non quand tout le monde disait oui. » 

Notre démocratie devient une oligarchie qui se pare de plus en plus de totalitarisme. L’Etat se mêle de tout, jusqu’à la liberté d’expression de ses citoyens. Le peuple se doit de réagir sinon notre démocratie n’est plus celle d’Abraham Lincoln du pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Alors Paris pourrait bien se trouver entre Istanbul et Rio car la démocratie dépérit quand elle répond à cette définition : 

« La démocratie est une dictature contrôlée par quelques individus

Dont les électeurs sont les complices.  »

Raymond Proulx


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc Roussillon

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