samedi 22 juin 2013

Le Cor(ps) d’Etat sonne la Retraite… du chômage (2ème partie)

Selon le gouvernement tout est mis œuvre pour la diminution du chômage. Le crédit d’impôt va dynamiser les entreprises, le contrat de génération va voir affluer des jeunes qui vont boire les conseils de leurs anciens, les contrats d’avenir vont sourire aux jeunes non qualifiés que les entreprises attendent avec impatience. Il n’y a plus qu’à appuyer sur l’accélérateur pour éponger les 300.000 à 500.000 chômeurs nouveaux de l’année 2013. 

Le gouvernement a décrété la retraite du chômage, l’inversion de sa courbe même s’il se contenterait d’une simple inflexion de son augmentation ! Cette incantation a beaucoup plus de la méthode Coué que d’une analyse non biaisée des données économiques et sociales. Cette méthode, utilisée dans les sociétés tribales sous forme d’incantations dirigée vers le ciel, a pour effet de faire patienter et de rejeter la cause sur la punition voulue par le ciel dans le cas où la prière n’est pas exaucée. 

C’est exactement ce qui se prépare puisque l’Europe malade, la crise mondiale auront bon dos pour expliquer que sans les contraintes extérieures le résultat aurait été atteint, justification de la justesse des mesures prises… d’autant plus que personne n’est capable de démontrer le contraire et que la preuve ne sera jamais faite. On ajoutera à cela que nous faisons plutôt moins mal que la moyenne de l’eurozone, en évitant soigneusement de nous comparer aux pays hors de celle-ci. 

Reprenons le cas du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Seuls 43% des patrons de PME envisageraient d'y recourir. Et pour le moment, la mesure attire peu puisque seulement 4 324 demandes ont été déposées alors que la France compte 2,5 millions de PME. Les PME boudent ce crédit d’impôt, les deux freins étant le manque d’information et la complexité administrative. On se dirige vers un flop abyssal même si 79% des entreprises de 100 à 249 salariés comptent utiliser le CICE et 78% pour les entreprises de 250 et 499 salariés. Ces entreprises sont en effet mieux armées pour s’informer et remplir les conditions administratives complexes. Malheureusement ce n’est pas dans cette catégorie qu’il y a le plus de disparitions d’entreprises et de licenciements. Complexité et paperasserie créent des usines à gaz dont seules les grosses entreprises vont bénéficier, c’est-à-dire celles qui payent relativement le moins d’impôts. 

Mais qu’en est-il du contrat de génération ? Ce nouveau dispositif doit permettre l'embauche dans les entreprises, en contrat à durée indéterminée, de jeunes qui seront accompagnés par un senior lui-même maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ à la retraite. Ce "pacte générationnel", différent selon la taille des entreprises, vise à répondre aux deux principaux maux du marché du travail français : les difficultés d'insertion professionnelle des jeunes et le niveau élevé du chômage des seniors. Sur la durée du quinquennat, l'exécutif espère signer cinq cent mille contrats de génération soit 125.000 par an. Les sociétés de plus de trois cents salariés devront obligatoirement mettre en place un contrat collectif. Dans les PME de moins de trois cents salariés, ce contrat, de facture plus classique, sera un dispositif individuel bénéficiant d'un allègement des cotisations salariales et patronales à hauteur de 4 000 euros par an. 

Cette mesure très coûteuse démarre lentement, les premiers contrats ont été signés en mai. Elle a déjà été tentée et, selon Martine Aubry, elle n’a pas marché. Elle présente plusieurs écueils dont un effet d’aubaine qui incitera des entreprises à y avoir recours pour un jeune qu’ils auraient embauché de toute façon.  De plus ce n’est pas vers les jeunes les moins qualifiés qu’ils vont se tourner, hors c’est ceux qui peuplent le plus le chômage. Enfin la différence de génération et de qualification entre tuteur et jeune font que l’on ne peut souvent pas remplacer poste pour poste. L’objectif annuel de jeunes réellement embauchés en plus ne sera pas atteint. 

Dans la boîte à outils, il reste les contrats d’avenir, vieille recette que chaque gouvernement remet au goût du jour avec un nouveau nom. Le contrat d’avenir est destiné aux bénéficiaires des minima sociaux dans le secteur non marchand, afin de favoriser leur retour à l’emploi. L’employeur bénéficie d’aides des pouvoirs publics et d’exonération des charges sociales. Les salariés embauchés sont les bénéficiaires du RMI, de l’ASS (allocation spécifique de solidarité), de l’API (allocation parent isolé) ou de l’AAH (allocation adultes handicapés). Cette mesure est généralement bien accueillie par les associations en particulier. Il faut néanmoins noter qu’elle trouve vite ses limites, une fois les emplois pourvus, et qu’il s’agit plus d’une disposition sociale coûteuse que d’une création de poste dans le secteur productif.

En conclusion les outils de la trousse ne sont pas à la hauteur du problème posé que seul les carnets de commandes et les marges des entreprises peuvent résoudre. L’allègement de l’imposition des entreprises, réclamé par le patronat, peut nous permettre au plus d’être plus compétitif vis-à-vis des productions de la zone euro mais notre compétitivité sur le marché mondial ne changera pas si notre monnaie plombe toujours l’économie de notre pays ouvert au libre-échange.


Le « détroussage » du chômage par la boîte à outils présidentielle


N’est en fait qu’un secours social avec la trousse d’urgence.


La réduction du chômage sera faite par les entreprises
Si elles ne mettent pas la clef sous la porte
Pour non-paiement de l’impôt !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire