Le
COR (Comité d’organisation des retraites) a sonné en écho dans le rapport
Moreau. Mais François Hollande a parlé devant les syndicats donc devant la
nation. « Si je ne devais retenir qu'un
seul enjeu, c'est celui de l'emploi, c'est un défi qui nous concerne tous. Plus
de 10 % de la population active privée d'emploi... c'est un gâchis pour
l'économie ». L’urgence n’est plus les retraites mais l’emploi. Le
rapprochement des régimes de retraite public et privé n’est pas une mesure de
justice… car les fonctionnaires seraient défavorisés. Trop dangereux
politiquement !
Il
n’est pas non plus envisagé de réforme en profondeur du système de retraite
comme cela avait été prévu en 2010 pour le premier semestre 2013. On va hypocritement
passer la durée de cotisation de 42 à 44 ans. Ce qui mathématiquement doit
augmenter le nombre de chômeurs si le nombre d’arrivées de jeunes dans la vie
active dépasse le nombre des départs à la retraite ! Est-ce la première
mesure pour diminuer le chômage ? Alors c’est raté ! D’ailleurs l’INSEE,
après le FMI, l’OCDE et l’UE prévoit que le chômage ne baissera pas fin 2013.
Mais
revenons au système de retraites et sur le sacro-saint départ à 62 ans. Cette
limite ne tiendra qu’un temps, celui de digérer la réforme 2013 et sera de
nouveau remise en cause en raison de l’allongement de la durée de vie. Et si l’on
reprenait le problème à l’envers ? La croissance pour les années qui
viennent ne serait plus celle des 4 ou 5% qu’ont connues les belles années d’avant
l’euro. On supposant qu’elle soit proche de zéro on sait que le chômage peut atteindre
les 12%, ce qui est le cas dans l’eurozone.
Si l’on
veut le plein emploi ou presque (4% de chômage pour tenir compte du temps moyen
de recherche d’emploi), il faut des départs à la retraite plus nombreux. La
durée de cotisation doit donc être diminuée et non augmentée ! Le surcoût
de ce surplus de départs serait compensé en partie par la diminution des
allocations chômage et par une augmentation du taux des cotisations retraite.
Avouez que pour un jeune, payer plus pour sa retraite c’est mieux que de se
trouver au chômage.
On
peut ajouter à cela la possibilité de prendre sa retraite quand on veut
avec un calcul de la retraite au prorata de la durée de cotisation. Au-delà de
l’âge légal de la retraite, on peut imaginer que le taux de la cotisation
retraite augmente de façon progressive pour inciter ceux qui continuent au-delà
de l’âge légal à finalement prendre leur retraite, leur salaire diminuant au
fil du temps. Utopie ? Non les systèmes les plus souples sont toujours les
meilleurs. Le départ à la retraite à une date décidée par le futur retraité est
déjà opérationnel en Australie. En France l’Etat aime tellement décider de tout
qu’il tue les solutions nouvelles.
Revenons
sur terre et demandons-nous pourquoi on ne parle pas sérieusement de converger
vers la justice qui voudrait qu’à revenu égal, on puisse avoir une retraite égale
et que l’on élude la discussion sur le régime par annuités français et le
régime par points ou régimes par comptes notionnels.
Dans
le régime par annuités français, les trimestres cotisés
donnent droit à un âge donné, à un certain niveau de pension (en théorie, 50%
du salaire moyen des 25 meilleures années pour une carrière complète dans le régime
de base du privé). Théoriquement, le taux de cotisation peut augmenter pour
équilibrer les régimes.
Les régimes par points sont en
vigueur en Suède, Italie et Allemagne. Les salariés acquièrent, via leurs
contributions sociales et celles des employeurs, soit des points, soit un capital
virtuel ("virtuel" parce qu'il finance, selon la logique de la
répartition, les retraites en cours : il ne s'agit pas d'un plan d'épargne
personnel). Le niveau de retraite dépend de la valeur du point
qui peut varier en fonction de l'état des finances et de la démographie des
régimes. C'est déjà le cas en France avec les caisses complémentaires Arrco et
Agirc qui ont engagé une baisse du rendement de leurs points depuis
plusieurs années.
On
recule parce que cela demande une étude approfondie et une volonté politique
que n’a pas ou n’a plus le gouvernement actuel pourtant en début de mandat. Toutes
réformes en profondeur, surtout celles qui simplifient les choses, se heurtent
à toutes les exceptions et modulations ajoutées en strates successives au cours
du temps. Il soulève la désapprobation des catégories concernées. Mais sans
réforme en profondeur, alliant justice et équilibre financier pour l’avenir, il
n’y a aucune chance de parvenir à une solution durable et commencer, pour l’Etat,
à faire des économies sur le long terme soit 10 ans. Les plans à 20 ans n’ont
aucun intérêt, leurs hypothèses ne tiennent pas plus de deux ans avant de tout
remettre en cause.
Courage dans l’action, simplicité et
justice dans le raisonnement,
Bon sens et participation constructive
de tous,
Objectifs clairs et atteignables,
Avez-vous fui nos élites ?
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF Languedoc-Roussillon