Une querelle larvée existe entre
François Hollande et Angela Merkel sur la façon de gérer le couple
austérité-croissance. Le Président français subit la pression allemande sur la
rigueur budgétaire et tente de débloquer des mesures favorisant la croissance
comme la Banque Européenne d’Investissement. En mauvaise position pour réaliser
les 3% prévus en 2013, il est allé à Canossa pour demander un délai
supplémentaire de deux ans. Bien que l’Allemagne soit plus réceptive à l’argument
de la croissance nécessaire, la sienne étant en baisse sensible, elle va peser
de tout son poids pour que la France respecte ses nouveaux engagements.
Si la France veut rester dans l’euro,
politique constante de l’UMPS, elle doit diminuer le déficit public. J’ai
longuement montré que cette politique est suicidaire mais cela n’exclut pas que
nous devons réduire le déficit public en s’attaquant aux dépenses de
fonctionnement inutiles ou inefficaces. C’est maintenant qu’il faut le faire
car nous sommes dans une situation très favorable où nous pouvons emprunter à
des taux très faibles, voire négatifs pour le court terme. Cette situation peut
s’inverser pour deux raisons, soit les obligations françaises paraissent plus
risquées pour les investisseurs, soit la croissance repart et les banques
centrales augmenteront les taux d’emprunt des banques.
Les intérêts d’emprunt peuvent augmenter
rapidement dans des proportions considérables comme pour les autres pays de l’Europe
du sud. Nous sommes dans une situation précaire qui peut rapidement devenir
catastrophique. Le déficit public peut être réduit de deux manières, en
augmentant les recettes ou en diminuant les dépenses. Du côté recettes, les
gouvernements successifs font des prévisions de croissance toujours trop
optimistes par manque de courage dans les coupes sur les dépenses pour réaliser
l’équilibre budgétaire.
Il faut bien se dire que la
croissance en Europe va plutôt vers la récession dans un contexte mondial où
les Etats-Unis et le Japon pratiquent une politique de création monétaire de
grande ampleur sans réussir à relancer valablement leur machine économique. La
Chine de son côté a dopé sa croissance par une politique de crédit immobilier
entre autres qui a créé une dette privée colossale. La croissance est donc pour
une grande part artificielle et n’a rien à voir avec une croissance réelle et
solide basée sur une augmentation du pouvoir d’achat due aux progrès
technico-économiques liés au management et à la Recherche et Développement.
Dans l’état actuel des choses il ne
faut pas attendre de miracles du côté de la croissance, la conquête de nouveaux
marchés nous est pratiquement interdite hors Europe et difficile en son sein
pour des raisons de compétitivité, liée principalement à une monnaie trop
forte. Nous ne pouvons échapper à une cure d’austérité mais surtout c’est le
gras des dépenses publiques qu’il faut diminuer en évitant tout ce qui peut
peser sur le pouvoir d’achat, l’emploi et les soins de santé.
« La France a trop de fonctionnaires »
est un argument facilement manipulé par la droite. C’est vrai mais si les
coupes d’un fonctionnaire sur deux sont un objectif louable, elles ne doivent
pas jeter l’opprobre sur cette catégorie professionnelle. La France dispose d’un
personnel administratif remarquable dans son sens du service public et son
contact avec le public n’a plus rien à voir avec le temps de Balzac. Une
administration compétente et dévouée est indispensable à un Etat de Droit pour
exercer l’ensemble de ses pouvoirs régaliens.
Les coupables ne sont pas les
fonctionnaires mais les gouvernements successifs qui ont chargé inutilement la
mule de travail administratif, désorganisé le service public dans des réformes
successives où le sens de l’efficacité et de l’économie n’a pas
particulièrement brillé vu sous l’angle du management. En matière d’administration
on peut parler de mesure d’efficience, c’est-à-dire de rapport entre l’efficacité
et les moyens. Le « mammouth » de l’Education Nationale en est un exemple
caractéristique.
Il convient d’aligner les retraites
publiques sur celles du privé calculées à raison de 50% de la moyenne des
salaires des vingt-cinq meilleures années alors que pour les régimes spéciaux,
y compris le régime des fonctionnaires, elle est égale à 75% de la moyenne des
six derniers mois. On pourrait compenser partiellement cette mesure par une
augmentation des salaires. On aurait ainsi un principe d’équité et une
revalorisation des salaires en particulier dans l’enseignement où les vocations
se perdent devant les difficultés du métier pour des salaires inférieurs à
niveau d’études égal.
Des solutions en biseau appliquées
sur les nouveaux embauchés sont tout-à-fait possible. Le montant des régimes
spéciaux est de 80 milliards par an, leur alignement sur le régime général
représenterait à terme un gain d’au moins 32 milliards. Même avec un coup de
pouce sur les salaires, il y a un gisement d’économies, une simplification administrative
et un pas vers un apaisement entre fonctionnaires et salariés privés.
Réformes à long terme et mieux conduites
Courage devant les mesures difficiles
Arrêt des mesures de diversion
Et de division de la nation
Un challenge gagnable !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon