jeudi 6 juin 2013

Oui la France peut s’en sortir ! (6ème partie)

Une querelle larvée existe entre François Hollande et Angela Merkel sur la façon de gérer le couple austérité-croissance. Le Président français subit la pression allemande sur la rigueur budgétaire et tente de débloquer des mesures favorisant la croissance comme la Banque Européenne d’Investissement. En mauvaise position pour réaliser les 3% prévus en 2013, il est allé à Canossa pour demander un délai supplémentaire de deux ans. Bien que l’Allemagne soit plus réceptive à l’argument de la croissance nécessaire, la sienne étant en baisse sensible, elle va peser de tout son poids pour que la France respecte ses nouveaux engagements.

Si la France veut rester dans l’euro, politique constante de l’UMPS, elle doit diminuer le déficit public. J’ai longuement montré que cette politique est suicidaire mais cela n’exclut pas que nous devons réduire le déficit public en s’attaquant aux dépenses de fonctionnement inutiles ou inefficaces. C’est maintenant qu’il faut le faire car nous sommes dans une situation très favorable où nous pouvons emprunter à des taux très faibles, voire négatifs pour le court terme. Cette situation peut s’inverser pour deux raisons, soit les obligations françaises paraissent plus risquées pour les investisseurs, soit la croissance repart et les banques centrales augmenteront les taux d’emprunt des banques.


Les intérêts d’emprunt peuvent augmenter rapidement dans des proportions considérables comme pour les autres pays de l’Europe du sud. Nous sommes dans une situation précaire qui peut rapidement devenir catastrophique. Le déficit public peut être réduit de deux manières, en augmentant les recettes ou en diminuant les dépenses. Du côté recettes, les gouvernements successifs font des prévisions de croissance toujours trop optimistes par manque de courage dans les coupes sur les dépenses pour réaliser l’équilibre budgétaire.


Il faut bien se dire que la croissance en Europe va plutôt vers la récession dans un contexte mondial où les Etats-Unis et le Japon pratiquent une politique de création monétaire de grande ampleur sans réussir à relancer valablement leur machine économique. La Chine de son côté a dopé sa croissance par une politique de crédit immobilier entre autres qui a créé une dette privée colossale. La croissance est donc pour une grande part artificielle et n’a rien à voir avec une croissance réelle et solide basée sur une augmentation du pouvoir d’achat due aux progrès technico-économiques liés au management et à la Recherche et Développement.


Dans l’état actuel des choses il ne faut pas attendre de miracles du côté de la croissance, la conquête de nouveaux marchés nous est pratiquement interdite hors Europe et difficile en son sein pour des raisons de compétitivité, liée principalement à une monnaie trop forte. Nous ne pouvons échapper à une cure d’austérité mais surtout c’est le gras des dépenses publiques qu’il faut diminuer en évitant tout ce qui peut peser sur le pouvoir d’achat, l’emploi et les soins de santé.


« La France a trop de fonctionnaires » est un argument facilement manipulé par la droite. C’est vrai mais si les coupes d’un fonctionnaire sur deux sont un objectif louable, elles ne doivent pas jeter l’opprobre sur cette catégorie professionnelle. La France dispose d’un personnel administratif remarquable dans son sens du service public et son contact avec le public n’a plus rien à voir avec le temps de Balzac. Une administration compétente et dévouée est indispensable à un Etat de Droit pour exercer l’ensemble de ses pouvoirs régaliens.


Les coupables ne sont pas les fonctionnaires mais les gouvernements successifs qui ont chargé inutilement la mule de travail administratif, désorganisé le service public dans des réformes successives où le sens de l’efficacité et de l’économie n’a pas particulièrement brillé vu sous l’angle du management. En matière d’administration on peut parler de mesure d’efficience, c’est-à-dire de rapport entre l’efficacité et les moyens. Le « mammouth » de l’Education Nationale en est un exemple caractéristique. 


Il convient d’aligner les retraites publiques sur celles du privé calculées à raison de 50% de la moyenne des salaires des vingt-cinq meilleures années alors que pour les régimes spéciaux, y compris le régime des fonctionnaires, elle est égale à 75% de la moyenne des six derniers mois. On pourrait compenser partiellement cette mesure par une augmentation des salaires. On aurait ainsi un principe d’équité et une revalorisation des salaires en particulier dans l’enseignement où les vocations se perdent devant les difficultés du métier pour des salaires inférieurs à niveau d’études égal.


Des solutions en biseau appliquées sur les nouveaux embauchés sont tout-à-fait possible. Le montant des régimes spéciaux est de 80 milliards par an, leur alignement sur le régime général représenterait à terme un gain d’au moins 32 milliards. Même avec un coup de pouce sur les salaires, il y a un gisement d’économies, une simplification administrative et un pas vers un apaisement entre fonctionnaires et salariés privés.



Réformes à long terme et mieux conduites


Courage devant les mesures difficiles


Arrêt des mesures de diversion


Et de division de la nation


Un challenge gagnable !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon