Le 1er juillet 2013 la Croatie entrera dans l’Union Européenne,
portant son nombre de pays à 28. Son entrée s’est cependant faite à reculons
avec 56% d’abstention dans le référendum du 22 janvier 2012. Sur une superficie
de 56.542 km2, ce pays, dont de nombreux français connaissent la côte Dalmate,
augmente la population européenne de près de 4,3 millions d’habitants. En tant
qu’ancienne région de l’empire austro-hongrois, la Croatie garde des liens
historiques avec l’Allemagne. Ancien territoire yougoslave, elle est
indépendante depuis le 25 juin 1991.
L’intégration boulimique de pays européens continue
à accumuler les difficultés d’une Union européenne disparate qui cherche à
créer des liens indéfectibles entre ses différents pays alors que les
nationalismes se font de plus en plus entendre. La Croatie, dont l‘économie est
essentiellement tournée vers le tourisme et les services, est un pays où le
chômage est endémique et le pouvoir d’achat n’est que de l’ordre de 60% de la
moyenne de celui des pays européens. L’entrée de la Croatie dans l'UE relance
la peur d’une invasion d’ouvriers croates, notamment en Allemagne et en
Autriche.
Alors que le chômage atteint 12% dans l’UE et que le
chômage des jeunes atteint des sommets (60 % des jeunes entre 14 et 24 ans sont
sans emploi en Grèce, 56% en Espagne, 38% en Italie, 25% en France), la Croatie
va déverser ses chômeurs sur une Europe qui entre en récession ! Pendant
ce temps les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles pour parler de l’union
bancaire pour faire barrage au risque systémique d’effondrement des banques où
tout au moins aux 150 à 200 plus grosses d’entre elles. La vraie peur du
système économique et financier reste le lien entre les Etats et le secteur
bancaire.
Ils vont aussi parler de la peur du chômage, car c’est
la peur des mouvements sociaux qui viennent perturber la machine économique.
Alors les dirigeants européens se penchent sur la question du chômage des
jeunes : “S'ils ne travaillent pas,
les jeunes vont perdre foi dans l'opportunité que représente l'UE ainsi que
dans l'importance de l'unité européenne. Sans jeunesse heureuse, il n'y a pas
d'avenir européen", estiment-ils. Les grands défenseurs de l'Union
européenne clament que la mobilité est la condition essentielle à un renouveau
du marché du travail ; il faut selon eux améliorer cette mobilité, mettre un
terme aux préjugés et aux peurs, l'Europe est un grand marché qu'il faut
ventiler et débarrasser des obstacles juridiques et mentaux.
Alors on va même en arriver à inclure les « putes »
dans les statistiques de l’emploi ! Ce n’est pas une blague ! Ce
marché demande trois conditions, une main-d’œuvre, un lieu d’implantation
conforme aux lois du pays, un marché. Ces conditions sont réunies en Autriche
où la prostitution est légalisée, avec une Italie toute proche où elle ne l’est
pas et une main-d’œuvre facilement « recrutable » venant des pays de
l’Europe de l’est. C’est ainsi qu’une
gigantesque maison close va bientôt voir le jour à Hohenthurn, petite ville de
800 habitants en Carinthie (Autriche). Les investisseurs ont annoncé que 140
prostituées y travailleront !
Même si ce « bassin » d’emploi, si vous me
pardonnez l’expression, n’est pas le seul possible, et si lorsqu'une jeune
fille de 24 ans émigre, cela ne signifie pas qu'elle le fait pour se prostituer,
la transhumance de l’Italie vers l’Allemagne reste massive. Entre 2011 et 2012,
le nombre d'italiens en Allemagne a augmenté de 40 % ; l'année dernière,
environ 12 000 travailleurs italiens qui sont partis pour l'Allemagne. Ceci peut
être expliqué en partie par la démographie faible de l’Allemagne et le fait que
l'Allemagne offre des aides aux familles avec des nouveaux nés, tandis qu'en
Italie les aides sociales sont inexistantes.
L'année dernière, l'Allemagne, seule locomotive
européenne, a connu une immigration de plus d'1 million d'ouvriers, pour la
plupart venus d'autres pays d'UE, de la Grèce à la Pologne. Les disparités
économiques et sociales sont telles dans l’UE que les principes de libre circulation
des capitaux, des hommes et des marchandises, signés dans les traités sont
violés sans vergogne. Ceux de la libre circulation des capitaux sont violés à
Chypre. Ceux de libre circulation des hommes incitent l’Allemagne et l’Autriche
à les violer en évoquant l’utilisation de leur droit "moratoire"
afin de limiter l'entrée des Croates sur leur marché du travail et par la France
à propos des Roms. Ceux de la libre circulation des marchandises de l’OMC sont
violés par la menace de protectionnisme de l’UE vis-à-vis de la Chine !
Disparité vis-vis du traité de Schengen, disparité
des monnaies, disparité des lois sociales, disparités grandissantes des niveaux
économiques, disparités des impôts et taxes, disparité des politiques
étrangères, violation des principes fondateurs, etc. montrent que l’Europe
fédérale est un horizon lointain, un mirage qui recule au fur et à mesure que l’on
avance. L’Europe est mal bâtie et fait des millions de malheureux dans toute l’Europe
du Sud, mais elle perdure… alors à qui profite le crime ? Aux banques, à
la grande finance, aux multinationales et à la géostratégie américaine.
Une
Europe, qui s’assoit sur ses principes fondateurs,
Avoue
son impuissance à les faire respecter
Et à
faire le bonheur des européens !
Changeons-là !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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