Nous
vivons dans un monde de bulles et de dettes. La dette publique mondiale s’est
aggravée aujourd’hui de près de 36% depuis 2010 pour atteindre plus de 56.000
milliards de dollars. L’ensemble des pays y ont contribué, l’Allemagne pour 4,2%,
le Japon pour 9,0%, la France pour 16,6 %, le Royaume-Uni pour 60,8%, les États-Unis pour 81,6%, la Russie pour 83,9%, la Chine pour 201% ! Mais ces
chiffres peuvent être trompeurs si l’on n’associent pas le pourcentage par rapport
au PIB du pays concerné. On voit sur le graphique que les situations sont très
contrastées. Le Japon, très endetté, freine l’augmentation de la dette. La
Chine, très peu endettée, force sur l’endettement pour dynamiser l’économie. La
Russie, le pays le moins endetté, mène avec retard la même politique que la
Chine. On trouve le même contraste entre les États-Unis et l’Allemagne. Très
endetté les États-Unis continuent à grossir la dette pour soutenir une
croissance défaillante et payer leur effort de guerre. L’Allemagne au contraire
pratique la politique du déficit public nul pour une croissance faible mais
permettant l’un des taux d’emploi le plus élevé de l’UE. Néanmoins l’ensemble
du monde s’engouffre dans une bulle de la dette publique qui s’enfle d’année en
année et présage que celle-ci ne pourra pas être remboursée et éclatera.
Mais l’histoire
contemporaine est une succession de création et d’éclatement de bulles et
de sous-bulles: bulles des crédits
d’Amérique Latine, bulle des dettes asiatiques, bulle post crise 87 , bulle
post LTCM en 1998 (fonds d’investissement hedge funds, le Long-Term Capital
Management) , bulle post millénium 2000 , bulle Telco (bulle spéculative Télécommunication-internet
en 2000), bulle du Housing (bulle immobilière américaine des années 2000),
bulle de l’ingénierie financière, bulle du Private Equity (investissements
privés dans le capital des sociétés) , bulle des M&A (fusion-acquisition), bulle
du pétrole et des matières premières, bulle de la construction en Chine, celle
du marché des actions chinois, bulle des Emergents, etc. et finalement bulle de
la Finance Souveraine.
Pourquoi il y a-t-il
toujours plus de bulles et de dettes alors qu’il y a de plus en plus d’argent,
déversé par les Banques centrales - Fed, BCE, Banques du Japon, de Chine et du Royaume-Uni,
qui tourne sur les ordinateurs de la planète ? Tout vient du fait que le
monde vit au-dessus de ses moyens. Depuis les années soixante les Etats-Unis
ont constaté qu’ils n’avaient pas l’argent nécessaire à leurs ambitions. Autrement
dit leur croissance était insuffisante pour éponger la dépense publique. Pour
faire court de là est né l’idée de se découpler de l’or et de laisser vivre sa
vie au dollar. On a inventé la monnaie fictive, la monnaie fiduciaire qui est
une monnaie dont la valeur repose sur la confiance du public en sa valeur sans
contrepartie sur une matière quelconque. On a donc inventé ainsi la planche à
billets sans limite de production.
Imaginez un cratère de
volcan avec une lave solidifiée, c’était le système de l’étalon-or. Aucune
montée de lave n’était à espérer ni aucune création de bulles à sa surface.
Nous sommes désormais dans un volcan où la lave est non seulement pâteuse et de
plus en plus liquide mais dont le niveau monte vers le sommet du cratère. C’est
le système actuel où le bouillonnement est incessant, la montée de lave inéluctable
et le dégagement de chaleur capté par l’homme. Au déversement incessant des
liquidités se sont ajoutés les taux nuls sur les prêts, voire même négatifs,
dans le but d’accélérer la croissance. En réalité c’est la spéculation qui
profite essentiellement de ces masses énormes d’argent qui passe de main en
main et alimente les bulles. Mais les bulles éclatent périodiquement et
ravagent les banques spéculatrices. Les Etats avaient jusqu’à présent renfloué
les banques pour leur permettre de continuer à exister et d’être en capacité de
prêter aux Etats. Mais ces derniers sont de plus en plus endettés et deviennent
incapables de faire face à l’éclatement des grosses bulles. On est dans la
bulle de la dette souveraine.
Le
monde n’accepte plus que la croissance suive seulement les progrès de la
science et de la technologie. Ces progrès sont généralement lents et n’alimentent
qu’une croissance d’environ 0,5 à 1% au plus sauf grand saut technologique
comme la machine à vapeur, l’électricité. Tout le système pousse à des
mouvements spéculatifs de plus en plus risqués avec un déversement de
liquidités par les Banques centrales et à un endettement des États. L’argent
est facile mais ne correspond plus à un enrichissement réel de la planète. Pour
juguler l’endettement les États pratiquent l’austérité qui consiste à diminuer
ou faire stagner le niveau de vie des travailleurs et augmenter le nombre de
personnes sans emploi. Le PIB français par habitant stagne ainsi depuis 2008 et
le nombre de sans-emplois augmente sans cesse et plus vite que le nombre de
chômeurs indemnisés. Mais l'argent fini toujours par s'accumuler dans les 50 plus grandes fortunes du monde qui à elles-seules sont déjà équivalentes à la richesse de 3,5 milliards d'humains.
Si j’ai pris l’exemple du cratère
qui se remplit de lave bouillonnante, c’est pour faire comprendre que lorsque
le cratère est plein… il devient un déversoir qui ravage tout sur son passage.
C’est l’éclatement de la super-bulle, celle de la dette souveraine ! Les
pompiers sont déjà à l’œuvre en Grèce…
Dettes qui explosent, bulles qui crèvent,
Un vent de sauve-qui-peut se lève !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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