Deux évènements importants
ont marqué l’Europe récemment et leurs conséquences n’ont pas fini de générer des
bouleversements géostratégiques à haut risque. Le plus récent concerne la Grèce
et la fuite en avant qui a résulté de l’accord « final » qui ne met
pas fin à la dégradation économique de ce pays mais la prolonge dans le temps
au prix de l’accroissement de l’austérité sur le peuple. Mais l’Allemagne, qui
a été au centre du jeu, est obligée désormais de se reposer la question du
devenir de la zone euro et même de l’UE qui pourrait bien voir la sortie du Royaume-Uni.
La sortie de la zone euro dont nos politiciens, moulés dans la pensée unique,
nous disaient qu’elle était inenvisageable, car non prévue dans les statuts, et
nous traitaient donc d’ignares, en sont pour leurs frais. Le ministre allemand
des finances l’envisage et le conseil d’économistes d’Angela Merkel ne l’exclut
plus.
Si la France se prépare à une Europe
fédérale où la solidarité joue à plein, quitte à perdre encore de sa
souveraineté, l’Allemagne a toujours exclu de ne pas avoir la maîtrise des
aides qu’elle peut apporter aux pays en difficulté. On peut même dire qu’elle
est de moins en moins incitée à le faire. La crise grecque a fait éclater l’unanimité
des créanciers, UE, BCE, FMI. Si la commission européenne appelle de ses vœux le
fédéralisme et le pouvoir de régulation des économies de l’UE, la BCE largement
influencée par l’Allemagne et la Deutsch Bank, est plus partagée mais a donné
le coup de grâce à Alexis Tsipras en fermant le robinet des liquidités aux
banques grecques. C’est la BCE qui a ainsi obligé Tsipras à capituler en ne lui
donnant pas le temps de mettre en œuvre un plan B qui envisageait la création d’une
monnaie parallèle à l’euro comme l’a avoué Varoufakis.
Mais le FMI, largement
influencé par les Etats-Unis, vient apporter sa pierre au maintien de la Grèce
dans l’euro en conditionnant son aide à une restructuration de la dette grecque
qui ressemble fort à une annulation partielle. Ce faisant il jette un pavé dans
la mare allemande qui s’y est toujours refusé. Du coup l’Allemagne élabore une
proposition de nouveaux statuts permettant une sortie juridiquement possible de
la zone euro pendant que la France propose une union politique de la zone euro.
C’est la réponse du faible au fort. La France a tout à gagner à la
mutualisation des dettes, car c’est cela qui est en toile de fond, l’Allemagne a
tout à perdre. Celle-ci envisage donc une nouvelle zone euro, toute centrée sur
l’Allemagne, où les pays, qui s’avèreraient incapables d’appliquer la politique
d’austérité allemande, seraient invités à sortir de la zone. On voit aussi se
pointer une crise entre l’hégémonie allemande et étatsunienne. La première
voulant une Europe à sa main et dépendante de l’économie allemande, la seconde
voulant mettre la main sur l’ensemble européen, Biélorussie, Moldavie, Géorgie,
Ukraine compris, militairement et économiquement.
Le second évènement européen qui va
continuer à marquer les relations est-ouest
et la géopolitique de l’hégémonie américaine, c’est la guerre civile
ukrainienne. L’Ukraine de Kiev reprend en effet le harcèlement du Donbass, où
les pilonnages se multiplient de nouveau sans que le trio USA, Allemagne, France
ne s’en offusque, et pour cause, puisque services secrets, armements et hommes
des Etats-Unis et du Royaume-Uni sont sur place. Mais le régime de Kiev ne
maîtrise pas toutes les forces armées et les Tatars en particulier sont décidés
à reprendre la Crimée en dehors de tout accord de trêve. Une rencontre a eu
lieu le 1er août 2015 à Ankara où le ministre ukrainien des Affaires
étrangères, Pavlo Klimkine, et le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulmuş, où
le second Congrès mondial des Tatars a rassemblé plus de 200 associations.
Mustafa Abdülcemil
Cemiloğlu, leader historique des Tatars anti-Russes et collaborateur de la CIA
sous la présidence Reagan, y a annoncé, au nom du gouvernement ukrainien, la
création d’une Brigade musulmane internationale pour s’opposer au « séparatisme
des Russes de Crimée ». La Brigade sera basée à Herson, près de la
frontière de Crimée, et comprendra des volontaires du Tatarstan et de
Tchétchénie (Russie), d’Ouzbekistan, d’Azerbaidjan, et de Meskhétie (Géorgie).
La Turquie, après avoir fait semblant de bombarder Daesh, pour couvrir ses
actions contre les kurdes, rentre dans une guerre idéologique et s’affiche
comme le coordinateur international du terrorisme islamique. Son soutien aux
vues des Tatars montre sa détermination à s’opposer à la Russie.
Ceci peut avoir de graves
conséquences et là encore il y a l’intention cachée de menacer la Russie sur l’utilisation
du pipe-line traversant la Turquie et devant aboutir en Grèce. C’est un grand
projet russe pour éviter de devoir passer par l’Ukraine. La Turquie fait partie
de l’OTAN et, sous couvert d’une guerre idéologique, c’est la guerre contre la
Russie qui se profile. La Crimée n’est qu’un prétexte, le but est l’asphyxie de
la Russie. Tout se tient, le FMI doit agir pour maintenir la Grèce dans l’euro
et éviter qu’elle ne se tourne vers la Russie et la Turquie doit être le bras
armé de l’OTAN pour un affrontement économique direct et militaire par les forces
ukrainiennes aidées contre l’ennemi russe.
L’Europe va devenir un nouveau terrain s’affrontement.
Hégémonies économique, militaire et religieuse
Seront le but du combat de trois acteurs
Etats-Unis, Allemagne, Turquie
Contre un ennemi russe.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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