Il se joue une phase de la guerre en Syrie
et en Irak dans laquelle la Turquie joue un jeu que ne devrait pas cautionner
la France. La Turquie a reçu un feu vert des États-Unis pour constituer avec eux
une zone d’exclusion en Syrie proche des frontières turques dites contrôlées
par les forces libres syriennes qui n’existent plus. Le porte-parole du
Département d'État, Mark Toner, a commencé dès hier à énoncer les règles d'une
Zone d'exclusion que les USA et la Turquie ont décidé d'établir hors des
frontières turques. En réalité la zone sera sous l’emprise d’ISIS avec l’armée
turque et des forces d’appui américaines et qataris. Il est désormais évident
que l’armée turque ne bombarde pas ISIS mais les forces kurdes et continue à
accueillir ISIS en Turquie et à l’alimenter en armes et en soutien logistique.
Ceci est connu des USA qui, contrairement à ce que l’on nous raconte,
soutiennent ISIS dans sa lutte contre le gouvernement syrien qui regagne du
terrain.
La Turquie d’Erdogan
joue un jeu trouble de prédateur en Syrie et soutient ISIS pour mieux la piller
dans son patrimoine. Une usine entière est même démontée avec le concours d’ONG,
complices des USA, pour répertorier tout ce qui présente un intérêt. C’est un
véritable pillage en règle qui a lieu en Syrie, pillage qui touche les humains
parqués en Turquie ou remis aux mains d’ISIS. Il y a des rapports fiables et
documentés sur des chrétiens syriens enlevés depuis 4 ans par des terroristes
d'ISIS et que ces citoyens syriens ne sont pas traités comme des réfugiés en
Syrie par les ONG, mais plutôt enfermés dans des camps de concentration où ceux
qui refusent de se convertir et de rejoindre les combattants d'ISIS sont
exécutés, tout ceci avec la peine complicité de la Turquie et de ses Services
secrets. Les femmes sont particulièrement visées et servent aussi aux
bordels occidentaux. Pourquoi cette volonté des USA d’encouragement de la
Turquie et d’ISIS s’amplifie-t-elle ? Pourquoi nous prêtons-nous à cette ignoble
entreprise et ne nous opposons nous pas à la Turquie dont la réputation n’est
plus à faire dans la répression des minorités ?
La réponse à la première question vient
du revirement de l’Arabie Saoudite, désormais en guerre pétrolière avec les USA
et son gaz de schiste par effondrement des cours. L’Arabie Saoudite se
rapproche de la Russie et de l’Iran, et laisse l’ISIS se débrouiller seul. La
diabolisation de la Russie et la pression constante de Kiev sur le Donbass en
Ukraine permet de tenter une dernière tentative de renversement du gouvernement
syrien, ou de préparation d’une négociation de cessez-le-feu avec scission du
pays et démission de Bachar al Assad. La stratégie américaine du chaos reste la
même avec un minimum d’engagement des forces américaines, la participation des
alliés (Turquie, France, Royaume-Uni, Allemagne, etc.) et l’aide aux mouvements
qui s’attaquent aux régimes forts des pays rebelles à l’hégémonie américaine, s’étant
désormais investie d’un droit mondial d’ingérence. Derrière cette nouvelle
action américaine se cache toujours la guerre contre la Russie. C’est d’ailleurs
pour cette raison que Poutine a poussé une colère contre l’ambassadeur turc au
sujet de l’ingérence directe turque en territoire syrien.
La réponse à la
deuxième question sur la politique étrangère française, qui s’accoquine de
facto avec la Turquie devenue envahisseuse, pilleuse et prédatrice, est
malheureusement notre apathie et notre suivisme derrière la politique
américaine. Il n’y a plus de politique étrangère française autonome que ce soit
en Asie ou en Afrique. Nous ne pratiquons plus la politique de la chaise vide
en cas de désaccord au sein de l’OTAN puisque nous sommes toujours d’accord
avec les USA quand il s’agit d’ingérence dans un pays étranger. Nous sommes
même les fers de lance, les premiers, la première vague d’assaut, comme en
Libye, en Syrie quitte à faire marche arrière sous pression américaine, en Irak
et en Iran où nous étions les plus fermes sur l’interdiction du nucléaire
militaire pour finalement signer également sous pression américaine. Nous
étions là aussi en Ukraine pour négocier avec la Russie alors que la CIA, le
MI6 britannique, le Mossad israélien et l’UE ont largement participé au
soulèvement de la place Maïdan à Kiev avec les snipers qui ont tiré dans la
foule après avoir été entraînés en Pologne comme cela a été révélé par un eurodéputé.
Bien sûr tout cela est loin
de nos préoccupations quotidiennes, loin du mirage de la baisse de la pression
fiscale en 2016, de l’inversion de la courbe du chômage, de la croissance
retrouvée, des vertus de la loi « Macron » qui nous bercent dans
notre petit jus égocentrique. Nous préférons le voyeurisme du scénario
pitoyable de la famille Le Pen et le stress des attentats terroristes qui vont
nous menacer régulièrement. Mais ces derniers ne sont pas étrangers à notre
politique dont l’ingérence en pays musulman, ou à minorité musulmane importante,
incite au djihadisme, à la revanche sur l’Occident. Qui sème le vent, récolte
la tempête. La France est impuissante désormais, aussi bien à l’extérieur, où
ses victoires sont des victoires à la Pyrrhus, en Libye, au Mali, en Irak, qu’à
l’intérieur où la restriction de nos libertés individuelles est déjà une
victoire du djihadisme et n’évitera pas des pertes humaines sans que l’on sache
où et quand.
Avec la Turquie la France pêche en eau trouble
Elle offre une image défraichie et opaque,
Sacrifiant ses intérêts pour s’écrier
OTAN en emporte le vent !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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