Qui peut
encore croire au couple Merkel-Hollande ? Il y a longtemps que c’est le
pied de Merkel qui pousse celui de Hollande dans la valse à trois temps,
Berlin-Paris-Bruxelles, de l’économie européenne. Dès le début de son mandat,
François Hollande, promu Président du Moi je, vient assurer l’attachement de la
France au TSCG, ce traité de stabilité, de croissance dans l’austérité
budgétaire imagée par la règle d’or. C’était la première, mais pas la dernière,
tromperie de son électorat, auquel il
avait assuré de remettre en cause la signature de son prédécesseur. C’était le
premier pas de danse sous l’influence allemande. Tout frais, tout neuf dans son
costume trop grand, Hollande avait promis de grandes initiatives de la France
dans la zone euro en échange à son peuple, toutes à base de solidarité partagée
comme les euro Bunds, façon de s’assurer que la dette française serait
mutualisée.
Mais
au fil des mois, le couple est revenu au temps de la vapeur, avec une machine
Merkel et un tandem Hollande chargé d’approvisionner le foyer allemand. Depuis
la crise grecque, plus aucun doute n’est permis. Angela est venue voir François
pour lui indiquer la marche à suivre, celle de fermer la porte de sortie de
l’euro dans le cas où Tsipras mal conseillé (par Yanis Varoufakis) aurait
l’idée saugrenue de brandir cette menace. Mais l’Allemagne, qui a appelé la
main-d’œuvre étrangère, se trouve tout-à-coup submergée par un flux de 600.000
migrants au moins. Dans le même temps le vote de l’aide à la Grèce par le
Parlement allemand s’avère plus compliqué que prévu. Il lui faut faire taire Schäuble,
son Ministre des Finances, et affronter le FMI qui attache sa participation financière
à un effacement partiel de la dette grecque, ce qu’elle ne veut absolument pas.
Comme
savent le faire les politiciens avertis,
Angela Merkel minimise l’importance du vote pour la Grèce en lui substituant
l’urgence du problème migratoire. Pour se faire, l’UE doit immédiatement se
mobiliser et François Hollande est convoqué pour en débattre, autrement dit
pour préparer un front commun avant la réunion de l’UE. Cette fois, ce n’est
plus une demande d’assistance mais une injonction qu’Angela Merkel lance vers
Hollande. Désormais Merkel mène la danse et choisit les sujets à débattre,
étant entendu que ce sont ceux qui préoccupent l’Allemagne. L’Allemagne
s’impose à l’UE et on voit mal quel autre dirigeant que Hollande peut faire
contrepoids, mais la France est aux abonnés absents. L’avenir européen se joue
donc entre Merkel et Obama avec la forte présence des forces américaines en
Allemagne, et un peu partout dans l’UE, et les tractations quasi-secrètes en
cours sur les traités de libre-échange transatlantique.
Hollande
se retrouve en prise avec une crise agricole, aggravée par les sanctions russes
qui nous ont fermé une partie de nos exportations agricoles. La porte de sortie
par l’UE est un leurre qui lui fait gagner du temps. Les 600 millions d’euro
promis se réduisent en fait à 100 millions de véritables et nouveaux
allègements de charge, le reste était déjà prévu ou sera réalisé par des
reports de TVA et d’impôts. Ces derniers ne résolvent pas le problème de fond
de l’agriculture française et septembre sera chaud. Hollande patine. Il patine d’autant plus que la
croissance espérée reste en-deçà de la croissance moyenne européenne même si
l’on peut encore espérer 1,1% de croissance au vu des chiffres depuis janvier
2014. Au 2e trimestre la croissance est de -0,02%, mais la croissance du secteur
privé a été… négative de – 0,5% et celle du secteur public positive de + 1,1%
toujours d’après les chiffres de l’INSEE (par rapport au trimestre précédent en
taux annualisé). C’est juste l’inverse qu’il faudrait. D’une année sur l’autre,
la croissance est de 1,0% contre 2,3% aux États-Unis. La fuite des entreprises
françaises à l’étranger, la fuite des grandes fortunes et la dégradation de la
construction ne laissent pourtant pas augurer d’un second trimestre de rebond
de l’économie française.
Même
ce chiffre espéré de 1,1% de croissance ne permet pas d’envisager une
diminution du chômage. La France n’est plus le pays attractif et recule par
rapport à ses voisins hors Italie. Pour s’en convaincre il suffit de regarder
l’évolution de nos exportations dans la zone euro. Sur le graphique il s’agit
de marchandises mais il est de même pour les services (depuis début 2000,
-3,1% sur les marchandises, -3,6% sur les services). Le mal est profond et
durable, car c’est une perte de position dans la zone euro de près de 20% sur
les marchandises et de 21% sur les services depuis l’arrivée de l’euro, soit un
recul global de 1,4% par an.
La réalité est que la France compte deux fois
moins d’entreprises de taille moyenne que son voisin allemand. La plupart des
PME françaises ne font pas de croissance, car l’entrepreneur français ressemble
au cheval qui a un jockey de 90kg sur le dos et à qui on reproche de ne pas
gagner la course. L’épargnant rechigne à investir dans les entreprises
françaises et le compte PEA-PME ne décolle toujours pas. Par contre les
cessions d’entreprises très performantes à l’étranger continuent comme Norbert
Dentressangle, dans le transport routier, et Faiveley dans le ferroviaire.
François
Hollande patine sur une France en panne
Pendant
qu’Angela Merkel le fait danser
Sur
une musique austère
Jusqu’à
épuisement !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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