L’improvisation du nouveau découpage territorial entraîne le choix risqué
de capitales régionales. C’est ce qui vient de se produire avec l’annonce ce
vendredi 31 juillet du choix définitif. Toute réforme amène des mécontentements
mais il faut dire que ce nouveau découpage ne répond à aucun besoin réel, ni surtout
de devoir être réalisé de toute urgence, le soir à la chandelle avec carte,
gomme, crayon et téléphone aux amis et cela en tout petit comité. Les raisons
évoquées sont la simplification, et la rationalisation des structures et des
coûts. On peut d’ores et déjà penser qu’aucun objectif ne sera atteint mais que
le tissu administratif français se sera alourdi.
Cette réforme sera au contraire la source de dépenses
supplémentaires, un pas de plus vers la désertification des campagnes et la
dérive des financements des villes moyennes vers les capitales. Il est
illusoire de penser que dans le public, la concentration génère des économies.
La meilleure preuve est fournie par les intercommunalités qui ont demandé
l’apport de 200.000 employés de plus souvent d’ailleurs de la famille des
maires et des conseillers municipaux. Les communautés de communes ne cessent de
s’agrandir en personnel, en bâtiments, en nouvelles missions dès leur création.
Je n’en veux pour preuve que celle où je vis avec le constat que le nombre d’employés
de ma mairie n’a pas diminué pour autant. Par contre les revenus de certains
conseillers ont augmenté grâce au cumul de mandats.
C’est une constante que ne devrait pas ignorer le Président qui patouille
dans des réformes inutiles au mieux et coûteuses au pire pour montrer qu’il
existe. On peut espérer des économies dans le regroupement de communes sur une
seule mairie, les autres ayant disparu, comme on le voit en Belgique par
exemple. On ne fait pas d’économies quand on maintient des sous-capitales par
des artifices de délégation. Par ailleurs les transferts de personnes d’une
ancienne capitale à la nouvelle s’avèrent compliqués et coûteux ne serait-ce qu’en
transports. Il n’y aura pas d’économies réelles, tout au plus des transferts d’affectation
de crédits masquant la réalité.
Mais on ne peut pas parler de simplification quand on ne supprime aucun
échelon dans un schéma incohérent avec des métropoles récemment créées qui vont
se heurter à une nouvelle capitale. C’est le cas de Montpellier dont le
rayonnement est incontestable en particulier sur le plan universitaire et
médical. L’opposition à Toulouse ne cessera pas et polluera les grands projets.
Ce sont deux capitales-métropoles qu’il est improductif de séparer. Mais le
perdant sera le monde rural qui verra s’éloigner un peu plus les centres de
décision en particulier pour l’agriculture. Il n’est que de regarder la nouvelle
carte pour s’apercevoir que de grands territoires seront laissés à l’abandon
comme ceux situés entre Bordeaux, Nantes, Orléans, Dijon, Lyon et Toulouse. Ceci représente une grand partie du
Massif Central dont on sait que les problèmes de communication et d’infrastructures
en général sont importants.
On ne mélange pas les poireaux et les carottes disait mon instituteur.
Pourtant certaines régions vont gérer des entités très différentes. Je connais
très bien l’Auvergne et la Région Rhône-Alpes. La partie Massif Central n’a pas
du tout les mêmes besoins, ni la même mentalité que les régions alpines. Pour
avoir dirigé une entité sportive Drôme-Ardèche, j’ai pu mesurer combien les
besoins sont spécifiques. Par ailleurs on a créé en 1960 7 métropoles d’équilibre
et l’on crée maintenant 13 régions. Où est la cohérence ? Trop de régions
ou pas assez de métropoles ? La lutte entre anciennes et nouvelles
capitales ne fait que commencer. Les autres perdantes vont être les villes
moyennes qui auront encore plus de mal à se faire entendre. Le maillage
administratif de la France se complique et le service rendu perdra en qualité
et en proximité sans générer la moindre économie. Le nombre de fonctionnaires
ne diminuera pas et chaque échelon s’ingéniera à montrer qu’il est
indispensable.
L’idée de base était de copier le modèle allemand avec des régions
puissantes en oubliant que la structure administrative de l’Allemagne est
récente et historiquement bâtie sur des « provinces souveraines ». La
France d’aujourd’hui est napoléonienne et bâtie sur une logique de distance à
parcourir à cheval pour assurer une proximité entre l’Etat et ses citoyens.
Dans la réforme en cours, c’est l’idée directrice qui manque. Elle ne peut être
une simple copie allemande et bâtie sur l’idée fausse que ceci génère des
économies. Pour faire des économies, il faut remettre à plat toute la structure
administrative et distribuer les rôles en fonction des besoins et des
proximités. On ne peut à la fois aménager le monde rural et concentrer les
crédits sur les capitales et les métropoles. On n’a même pas tenu compte du souhait
des populations, comme en Bretagne, où Nantes, capitale bretonne historique, n’est
pas rattachée pour ne pas avoir à trancher entre Rennes et Nantes avec des
raisons politiciennes sous-jacentes.
L’improvisation,
le manque de but clair, les querelles politiciennes,
Ne génèreront que
des coûts, des lourdeurs, des désordres,
Et une ruralité et
des villes moyennes plus en souffrance.
La réforme
territoriale va devenir un énorme gâchis.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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