mercredi 26 août 2015

L’État peut-il abandonner sa souveraineté ?



J’ai consacré mes deux précédents articles à la liberté, à la démocratie et à la souveraineté. Il est temps de faire le lien entre ces trois concepts. J’ai montré que la liberté et la démocratie étaient indissolublement liées, donc l’une ne pouvait exister sans l’autre. C’est bien ce qui différencie un État autoritaire d’un État démocratique. Vous remarquerez que les manifestations terroristes ou supposées telles engendrent l’une après l’autre des restrictions de nos libertés. Essayez aujourd’hui de parler de racisme et des banlieues à majorité musulmane en essayant de les lier à la criminalité, essayez de prendre un avion sans vous soumettre à des contrôles tatillons, essayez de garder désormais l’anonymat dans vos conversations sur votre mobile, dans vos mails ou même de garantir l’inviolabilité de votre ordinateur, essayez de rouler à 200km/h sur les autoroutes comme en Allemagne, sans encourir les foudres des lois et de la justice et la captation de vos faits et gestes les plus intimes. La surveillance et les contraintes s’étendent partout et votre espace de liberté se réduit. La démocratie suit le même chemin, les partis ne représentent plus rien, puisqu’ils ne représentent plus la majorité des citoyens qui vouent les politiques aux gémonies. Tout est bon pour réduire les libertés et juguler la démocratie comme la quasi-impossibilité de déclencher un référendum d’initiative populaire par la dureté des conditions à réunir. La sécurité a de même bon dos pour restreindre les libertés du citoyen et augmenter son flicage. 

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux." Franklin Roosevelt 

Mais pensons être dans un État démocratique et souverain. C’est bien ce que nous dit l’article 4 de notre Constitution qui désigne le Président de la République comme le garant de la souveraineté nationale. Or il est élu au suffrage universel donc par le peuple dit souverain. C’est donc bien la cohésion du peuple avec son identité qui est à l’origine de son désir de souveraineté. Notre peuple appuie son identité d’une part sur les liens du sang et les origines, le « génos » grec et d’autre part sur la culture et les mœurs « l’ethnos ». Cette identité s’est dotée d’une langue commune et de rituels religieux, lesquels participent à la construction d’une identité partagée. Qu’en est-il aujourd’hui où l’on parle de multiculturalisme, de crise de civilisation et d’immigration de peuplement ? La langue française reste la langue officielle mais la langue parlée dans nos banlieues devient différente et l’on parle de l’enseigner aux plus jeunes… officiellement. Le peuple doit être dans une identité partagée pour exercer sa souveraineté et les conditions requises deviennent de moins en moins réunies.

Mais qu’en est-il de l’État qui le représente ? La réponse est claire, l’État français n’est plus souverain car celui-ci doit répondre à quatre conditions qui ne sont plus réunies : battre monnaie, faire les lois, rendre la justice et être maître de déclarer la guerre. Or nous avons abandonné le franc pour l’euro, la Banque de France ne bat plus notre monnaie mais la monnaie européenne. Les lois que vote encore le Parlement sont des lois mineures dans le cadre des lois majeures européennes et même le Conseil Constitutionnel s’informe auprès de l’UE de la conformité de ses décisions. Nous ne rendons plus une justice souveraine puisque les recours vont jusqu’à la Cour Européenne de Justice. Nous ne pouvons plus être maître de nos opérations militaires depuis que nous sommes dans l’OTAN. Aucune de nos opérations militaires ne peut se dérouler autrement que dans l’OTAN ou sous l’autorisation "bienveillante" des USA qui sont prêts à nous donner un coup de main direct ou indirect pour les réussir. 

A la question l’État français doit-il abandonner sa souveraineté, la réponse est claire, il ne peut l’abandonner parce que l’État français n’est plus souverain ! Or un État n’existe que s’il est souverain, donc l’État français n’existe plus ! Son Président peut néanmoins, pour l’attentat d’Arras, encore distribuer des Légions d’Honneur… aux étrangers. Que sommes-nous devenus ? Un État-membre, un membre d’un État fédéral en mutation, un membre supérieur espère-t-on encore, mais pas une tête. La tête est désormais Allemande. L’État fédéral ne pourra qu’être allemand. Le Bundestag et la Cour de Karlsruhe se sont donnés les moyens juridiques dans la Constitution allemande en 1949 pour que sa souveraineté ne soit jamais remise en cause par un pouvoir supranational. Nous ne l’avons pas fait et nous ne pouvons que suivre le pouvoir allemand par le biais de l’UE et de la zone euro. Notre puissance militaire n’est plus un élément souverain de poids puisqu’elle est enclavée dans l’OTAN, notre puissance économique est en déclin par rapport à notre voisine et les USA soutiennent le fédéralisme de l’UE dont ils sont à l’origine.

Que ce soit pour l’Ukraine, sujet majeur pour l’Allemagne beaucoup plus que la Grèce, où nous avons suivi Merkel, ou pour la Libye ou la Syrie où nous avons suivi les USA, notre politique étrangère ne fait que suivre, accompagner et jouer les bons offices. Hollande est dans la synthèse, Merkel et Obama dans l’action. Qui est le Ministre des Finances français ? Michel Sapin ? NON. Pierre Moscovici puisqu’il est français et aux finances européennes ? NON. Wolfgang Schäuble, l’allemand ! Nous sommes prisonniers de deux hégémonies, adversaires accoquinés, l’allemande et l’américaine. Se soumettre ou se démettre est le choix devant lequel est notre pays. L’État sera souverain ou ne renaîtra plus. Le grand choix c’est fédéralisme ou souverainisme. Le fédéralisme c’est accepter le modèle fédéral des États américains, celui de provinces européennes où la politique est entre les mains des puissances de l’argent et qui n’a que l’économie comme moteur, selon les vœux des germains émigrés qui ont influencé la Constitution américaine. 

Pour que le choix ne soit pas celui du laisser-aller, que nourrit un peuple désabusé, il faut que le peuple renforce son identité, lutte pour sa liberté et la pratique de la démocratie. Il n’y a pas de souveraineté acquise et défendue par un peuple fier de son identité sans la liberté et la démocratie. Il est grand temps de relire la fable de La Fontaine, « Le loup et le chien ». Qui veut-on être ? Pour moi mon choix est fait, gaulliste souverainiste ne peut se dédire. Comme mes parents qui n’ont pas accepté l’invasion allemande et loué la résistance, je ne veux ni de l’hégémonie allemande ni de l’américaine. Sortons de l’UE et de l’OTAN et œuvrons pour une autre Europe laissant aux peuples leur souveraineté. Cessons d’élire des présidents qui ne sont plus que des paltoquets sans pouvoir réel et qui, ne garantissant plus la souveraineté constitutionnelle, devraient démissionner. 
 
Cessons le rêve empoissonné de l’Europe fédérale 

Qui profite aux puissants mais jamais au peuple

Parce qu’elle est conçue comme une pompe 

De leur travail et de leur argent !

Soyons souverains et fiers ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon     

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