Les
négociations pour un troisième plan d’aide à la Grèce ont repris en ce dimanche
9 août 2015 à Athènes entre d’une part le ministre grec des Finances, Euclide
Tsakalotos, le ministre grec de l'Economie, Giorgos Stathakis, et d’autre part la
BCE, le FMI et le MES (Mécanisme européen de stabilité). Elles ont commencé à
15h heure locale dans l’optimisme (béat) selon l’AFP. De quoi s’agit-il ?
D’empêcher la Grèce de faire faillite tout simplement.
Alexis Tsipras a le couteau
sous la gorge avec le remboursement de 3,4 milliards d’euros à la BCE le 20
août. La Grèce vit au rythme des échéances qu’elle ne peut pas payer. Cette
fois on a décidé du côté des créanciers de trouver une solution pour remettre
ce pays sur « le droit chemin » ! C’est un plan à 82 milliards
qui est en jeu et associé à de nouvelles mesures d’austérité contenues dans une
ébauche de 27 pages d'engagements de réformes. Ce plan se voudrait permettre à
la Grèce de relancer des investissements productifs, ce que ne permettait pas
les plans précédents. Il est frappant de voir que l’étude faite par le FMI
montrait que c’est au moins 100 milliards qui étaient nécessaires à la Grèce d’autant
plus que chaque jour qui passe fait plonger l’économie grecque, aggrave le
déficit et éponge les banques.
L’optimisme des négociateurs
est loin d’être partagé en Grèce. "Ni
un gouvernement dirigé par Syriza, ni le pays, ont un avenir si nous acceptons
un troisième mémorandum", a lâché de son côté l'ex-ministre de
l'Energie Panagiotis Lafazanis lors d'une interview dimanche au journal Avgi.
Il est même probable que l’on va vers un nouveau fiasco dans quelques mois. La
vente du patrimoine grec possible rapidement ne permettra pas de renflouer les
banques grecques à hauteur d’une quarantaine de milliards. La situation
économique de la Grèce est catastrophique, la spirale récessive tirant malheureusement
le Peuple grec vers le bas. Le besoin en recapitalisation des banques est
énorme. 40% des grecs vivent en dessous du seuil de pauvreté. La consommation
est réduite de moitié.
L'accord du 13 juillet est
un plan punitif, qui ne règle aucunement la situation. Les privatisations et la
recapitalisation des banques sont au menu des nouvelles négociations qui
devraient aboutir à un texte du mémorandum pour le 18 août, date à laquelle il
devrait être soumis au parlement. C’est le dernier délai pour débloquer le plan
d’urgence pour l’échéance du 20. Le pansement ne résout pas la situation catastrophique
de la Grèce. L'indice PMI d'activité manufacturière pour juillet est passé de
46,9 à 30,2. Selon une étude de l'association des PME grecques, les pertes de
recettes de ces dernières ont atteint 48 % durant les trois premières semaines
de juillet. Près d'un tiers des PME interrogées ont vu leurs recettes reculer
de plus de 70 %. La fermeture des banques par manque de liquidités, suite à l’arrêt
de la fourniture par la BCE, a porté un coup terrible à l’économie grecque.
La situation ne va pas s’améliorer
de sitôt car de nombreux particuliers et entreprises seront dans l’impossibilité
de rembourser les prêts et les créances douteuses vont s’accumuler dans les
banques grecques. La recapitalisation des banques est une urgence pour laquelle
le MES prévoit une enveloppe de 10 à 25 milliards d’euros qui va très
probablement s’avérer insuffisante. Il faudra alors puiser chez les déposants
les plus riches d’abord (en dessus de 100.000 euros), comme à Chypre ! L'option
d'un scénario « à la chypriote », devenu officiel avec l'union
bancaire européenne, va faire peser un risque non seulement sur les banques
grecques, mais sur la conjoncture grecque. Elle sera même insuffisante et ne fera
que freiner la dérive.
C’est vers l’augmentation de
la privation que s’orienteront alors les créanciers. Le gouvernement grec
n'échappera pas à une finalisation rapide des ventes en cours (les aéroports
régionaux, convoités par l'allemand Fraport, le Port du Pirée, lorgné par un
groupe chinois ou encore l'ancien aéroport d'Athènes d'Elliniko, objet d'un
vaste et ambitieux projet immobilier), mais les créanciers vont sans doute
exiger le lancement accéléré de nouvelles privatisations. Bref malgré le succès
de la saison touristique, la Grèce n’échappera pas à des ventes bradées de son
patrimoine et à de nouvelles taxes.
L’issue qui se
profile à court terme est l’impossibilité de remboursement des autres prêts d’ici
la fin de l’année et l’obligation de demander une nouvelle aide. Ce sera l’occasion
rêvée par Schäuble, le Ministre allemand des Finances, pour mettre en œuvre une
sortie négociée de la Grèce. A juste raison, il pense que c’est la seule issue
possible mais il faut que l’opinion grecque évolue encore vers la sortie de l’euro
pour que l’Allemagne ne soit pas accusée de faire sortir la Grèce de son propre
chef. Il faut que ce soit la Grèce qui le demande. C’est le plan final qui se
prépare, auquel le FMI, l’Allemagne et la BCE sont prêts. Seule la Commission
de Bruxelles, la France et l’Espagne feront opposition… La France parce qu’elle
sait qu’elle est dans le collimateur de l’austérité allemande et n’apparaît
plus crédible et qu’elle le deuxième pays créancier de la dette grecque
derrière l’Allemagne à hauteur de 52,8 milliards. L’Espagne parce que retournée
en période de croissance et de diminution du chômage, elle espère inverser la
tendance au sein de la zone euro.
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage
Mais c’est encore mieux s’il l’avoue lui-même !
La Grèce passera bientôt aux aveux !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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