L’aide
gouvernementale à la vente de voitures électriques est la mesure type qui ne
tient pas compte des progrès futurs, ni de l’état actuel de notre impact sur l’environnement.
La France est en avance sur les autres pays pour la teneur en CO2, grand cheval
de bataille des tenants du réchauffement climatique, c’est-à-dire l’écologisme,
idéologie écologique, les lobbies qui y voient un nouveau marché, les
politiques qui en profitent en se donnant bonne conscience. Notre gouvernement
en toute logique, veut arrêter des réacteurs nucléaires sans assurance de
pouvoir compenser le manque par les EnR (Energies renouvelables) et aggrave celui-ci
par une politique de la voiture électrique tout en polluant un peu plus par les
centrales thermiques nécessaires à l’intermittence des EnR. Les véhicules
électriques et diésels affichent des consommations énergétiques primaires
totales (fabrication, usage et fin de vie), très voisines aussi bien en France
qu’en Allemagne (respectivement 8,3 et 7,9 tep), supérieures de 20% au véhicule
essence. Une telle politique énergétique est inintelligente, finalement
coûteuse sans gain écologique. De quoi faire hurler l’économiste aussi bien que
la ménagère qui a horreur de jeter l’argent par la fenêtre.
Pourtant le vœu de diminuer
la pollution par les moteurs automobiles diesels ou non est respectable et
souhaitable en soi. Cela reste vrai même si la pollution des avions et des
bateaux, dont ceux de croisière, est largement supérieure au trafic automobile.
J’ai dénoncé la politique de développement de la voiture électrique car elle suppose
des gros investissements d’infrastructures et néglige la pollution des
batteries et la dépendance de leur fabrication à des matières premières
exclusivement étrangères et peu nombreuses. Cette politique pourrait se
soutenir si aucune autre perspective n’était en cours d’étude chez les grands
constructeurs automobiles. Ces constructeurs français, devant l’aide apportée
par l’État au développement de la voiture électrique, profitent de l’aubaine et
gardent dans les cartons les avancées techniques sur un autre mode de
propulsion.
Il se trouve que j’ai déjà parlé
du moteur à hydrogène comme d’une solution beaucoup plus intéressante ne
rejetant que de la vapeur d’eau, donc non polluante et permettant le
réapprovisionnement sans devoir assurer la circulation de l’électricité partout
en puissance suffisante aux postes de rechargement. Avec la pile à combustible,
alimentée à l’hydrogène, on a de l’électricité à production embarquée. L’hydrogène
liquide est l'un des combustibles liquides les plus utilisés au décollage des lanceurs
de navettes et de satellites, comme la fusée Ariane 5. Les constructeurs automobiles
savent faire un moteur à hydrogène mais la production d’hydrogène est coûteuse et
demande un stockage sous pression. Désormais des progrès importants sont faits
dans ce domaine et le seraient encore beaucoup plus si cette propulsion était
vraiment mise sur le marché et non en concurrence déloyale avec la voiture électrique,
tout au moins en France.
La première voiture commercialisée à
propulsion par l’hydrogène est déjà sortie en décembre 2014 au Japon et a fait
un carton (1500 exemplaires en commande en février pour une prévision de 400 sur
2015). La Toyota Mirai à hydrogène part à la conquête de l'Europe. Après les États-Unis en juillet, les cinq
premiers exemplaires ont été déchargés à Bristol (Royaume-Uni) le 8 août, puis
à Zeebrugge (Belgique) deux jours plus tard. La France ne disposant pas d'un
nombre suffisant de stations à hydrogène (et pour cause), Toyota a choisi le
Royaume-Uni, l'Allemagne et le Danemark et remet à 2018 sa commercialisation en
France. Il est à prévoir que le succès de cette propulsion va faire aussi un
tabac dans les pays européens concernés obligeant les constructeurs français à
réagir et à faire pression sur le gouvernement pour une réorientation de sa
politique électrique.
On
mesure combien les choix énergétiques sont d’une importance considérable et qu’un
progrès en chasse vite un autre. Mais compte-tenu de l’intérêt de la propulsion
par hydrogène et l’avancée technologique connue dans ce domaine, la politique
gouvernementale d’aide à la voiture électrique est une erreur de plus. Elle
engage le pays dans des infrastructures et des aides coûteuses qui vont se
trouver rapidement supplantées par un mode de propulsion répondant aux critères
de protection de l’homme et de son environnement avec des stations de
distribution ne demandant pas des infrastructures aussi coûteuses. Les usines
de production d’hydrogène, consommatrices d’électricité, seront en nombre
limité et donc peu coûteuses à alimenter en électricité.
Par
ailleurs l’hydrogène est un corps chimique quasi inépuisable par sa présence
dans toute la matière vivante et surtout dans l’eau. Aujourd’hui, 95 % du
dihydrogène est produit à partir des combustibles fossiles par reformage où les
molécules d’hydrocarbure sont cassées sous l’action de la chaleur pour en
libérer le dihydrogène. Cette méthode a l’inconvénient de libérer du CO2. Il
faut donc se tourner vers d’autres modes production comme l’électrolyse de l’eau.
Mais d’autres techniques s’avèrent très prometteuses, la décomposition de la
molécule d’eau par cycles thermochimiques, et la production directe à partir de
la biomasse. Cette dernière technique réalise l’opération inverse de la
photosynthèse et travaille donc à bilan nul en CO2. Il faut faire confiance à la science. Son coût
de production ne peut que diminuer avec l’augmentation de sa consommation.
La voiture à hydrogène (autonomie de 500 km pour un
plein fait en trois ou quatre minutes) n’a pas fini de faire parler d’elle et
de devenir un réel progrès que nous offre la science et la technologie. Elle
sera la voie d’avenir en France si elle arrive à être concurrente sans aide de
l’Etat à la propulsion électrique que nous payons dans nos impôts. Toyota
relève le défi, les autres constructeurs devront suivre si le succès est avéré
en Europe et aux États-Unis. Toyota met ses brevets à disposition des autres
constructeurs pour accélérer le développement de cette filière. BMW, Honda,
Daimler, Hyundai, ont conclu un partenariat et les constructeurs français se
retrouvent le bec dans l’eau… non dans les aides paralysantes de l’État. Le prix
du véhicule à 60.000 euros est encore dissuasif mais tout laisse à penser que
les prix baisseront rapidement. Air Liquide a déjà fourni une soixantaine de
stations de distribution d'hydrogène dans le monde et devrait rapidement
atteindre les 400 points de vente, États-Unis, Allemagne (400 d’ici 2023),
Danemark.
On peut donc faire de l’écologie intelligente quand on ne cède pas à
l’idéologie, aux pressions des lobbies et qu’on raisonne pour le bien du pays
et non pour accumuler des votes favorables. La France, encore une fois
embarquée dans l’écologisme et la politique politicienne, se trompe d’époque et
de technologie, prend du retard bêtement et s’épuise financièrement dans une voie
destinée à être supplantée par une technique plus prometteuse.
La
politique énergétique se doit de penser à l’écologie
Mais
elle doit avant tout être intelligente
Et
mettre le progrès en perspective
Et
non l’idéologie et la politique
Politicienne
et mercantile !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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