Marine Le Pen vient de faire
la rentrée politique avec le thème habituel de l’immigration, sujet d’actualité
dont elle n’a aucune raison de se priver. Mais un évènement doit retenir notre
attention. Pour la première fois dans son discours, elle parle de souverainisme,
mot qui vient coiffer celui de nationalisme. Le nationalisme a en effet un
petit relent de fascisme qui colle toujours aux basques du FN du père
fondateur. Il génère un sentiment de repli sur soi qui s’oppose de front aux
aspirations de ceux qui redoutent un isolement de la France dans un monde d’économie
mondialisée. Le souverainisme dégage l’idée d’un Etat assis sur ses tâches
régaliennes, la monnaie, les lois, la justice, la défense. Il n’implique pas l’isolement
mais l’idée de libre choix de ses alliances et de leurs contenus. Je ne peux
donc qu’approuver le choix de ce mot par Marine le Pen sans être dupe de la manœuvre
politique qui consiste à se servir du petit pont souverainiste pour atteindre les
frontières des « Républicains » et capter un électorat visé par eux.
L’encalminage de la France dans
la pensée unique demande de ne pas s’offusquer de la récupération du
souverainisme faite par le FN. Il a déjà pris l’idée de sortie de l’euro
et celles sur l’immigration largement défendues par Philippe De Villiers. Ce
dernier a en effet, bien avant d’autres, émis et pratiqué l’idée du partenariat
avec les pays producteurs d’émigration pour y créer des conditions de vie
acceptables. Aujourd’hui, non seulement nous ne faisons rien de significatif
dans ce sens mais en plus nous allons y porter la guerre. Le cas de la Syrie en
est l’exemple le plus frappant et d’actualité aujourd’hui. Nous déplorons les
milliers de migrants sur les routes et les mers mais nous avons mis notre
défense et notre politique étrangère dans les mains des États-Unis. La France n’est
plus maître de ses décisions, elle est dans le suivisme. L’État n’est plus
souverain, il n’y a plus d’État.
Mais à la notion de souveraineté est
accrochée celle de frontières. Ce mot de frontière a été ringardisé par la
Toile, les paradis fiscaux, la grippe aviaire, la mondialisation, les
cyberattaques, le réchauffement climatique, etc. Toutes choses qui renvoient
les frontières au musée de la charrue et du couteau suisse. Il est « in »
désormais de se dire sans frontières, ouvert au monde, interconnecté. Ce
faisant on croit avoir déplacé ou rayé les lignes de l’histoire, de la
géographie, de la culture, de la civilisation. Ces lignes se lisent encore sur
les anciennes et les nouvelles cartes et elles sont l’objet de toutes les
attentions des pays souverains. On ne peut parler de souveraineté si l’on n’y
associe pas une frontière. La Crimée, russe d’origine et berceau de la Russie,
est redevenue russe… parce que c’est son histoire. Pourtant l’Occident et son
suppôt Porochenko n’ont de cesse de vouloir la récupérer. Que fait Daesh, que l’on
se refuse à voir comme un nouvel Etat Islamique ? Il bouge les frontières
pour exister en tant qu’Etat souverain pouvant imposer les principes fondateurs
de l’Islam.
La frontière est la peau d’un corps d’État.
Elle est le lieu d’échange, de transpiration du pays. Enlevez la peau d’un
humain, il meurt car il est sans défense. Mais la peau et la frontière ne sont
pas des murs infranchissables, ce sont des filtres et des lieux d’échanges. Un État comme un individu, peut mourir de deux manières, soit étouffé dans un carcan
sans entrée d’air, soit dans des courants d’air tellement froids ou violents
que sa santé n’y résiste pas. Dans ce monde voulu sans frontière, on ne cesse
de construire des murs et barbelés infranchissables, en Israël, aux États-Unis à
la frontière mexicaine, récemment en Hongrie contre les migrants, etc.
Gardienne du caractère propre d’un pays, remède au nombrilisme, école de
modestie, la frontière est le meilleur remède contre la construction des murs. La
frontière reconnue est un sas, un lieu d’échanges et de prise de conscience qu’au-delà
l’autre est différent et semblable. Elle est la prise de conscience de la
réalité des différences et des similitudes.
C’est parce que l’on a
supprimé les frontières que l’État s’est dissous dans un ensemble plus grand ni
fédéral, ni souverain car sans défense réelle propre à assumer sa souveraineté.
La frontière mérite d’être réhabilitée, elle n’est pas qu’une ligne tracée sur
une carte ou un poste de douane, dont par ailleurs nous n’avons pas cessé de
voir l’utilité, elle est le contour de la souveraineté d’une nation et n’a de
sens que si elle lui est accouplée. Il faut cesser de croire à l’ineptie d’un
monde sans frontières, l’histoire de l’humanité y est fondée. La notion de
territoire est inhérente à la vie des mammifères dont nous faisons partie. Nous
voyons bien que la première démarche du propriétaire d’un terrain est de l’enclore
pour en délimiter… sa frontière et filtrer toute intrusion sur son territoire.
Il n’est pas de souveraineté sans frontière.
Il n’est pas de frontière tenue sans Etat.
Il n’est pas d’État sans souveraineté.
Sa frontière n’est pas un mur
Mais une peau !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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