La crise grecque
ébranle l’UE et plus spécifiquement la zone euro. En dehors de l’Allemagne, les
pays du sud ne sont pas en brillante posture. Le chômage y est élevé, le
déficit budgétaire perdure et alimente une dette publique élevée. Trois pays de
la zone euro sont les moteurs auxiliaires derrière l’Allemagne, la France, l’Italie
et l’Espagne. Ces trois moteurs sont plus ou moins grippés et on peut se
demander lequel d’entre eux l’est le plus. Les économistes disposent de
nombreux indicateurs pour juger de la santé économique et sociale d’un pays. L’expérience
m’incite à réduire ceux-ci à trois, le PIB/Habitant, le taux de croissance et le
taux d’emploi.
Le PIB/Habitant est le plus
synthétique des indicateurs et il donne le pouvoir d’achat moyen, signe de la
richesse globale d’un pays. Il n’est qu’une moyenne et une analyse de l’état de
la société demande de tenir compte de l’indice de disparité des revenus et du
taux de pauvreté. C’est néanmoins un indicateur précieux qui permet également
de voir l’évolution dans le temps. Il est représenté sur le graphique par
rapport au PIB/Habitant de l’UE à 28 pays de base 100. Le taux de croissance
est l’indication de la marche en avant ou en arrière du pays. C’est un indicateur
de dynamique du pays concerné. On constate que deux pays se signalent en tête de
façon différente, l’un hors zone euro, le Royaume-Uni, et l’autre dans la zone,
l’Allemagne. Pas mieux loti que la France, le Royaume-Uni affiche la meilleure
dynamique des cinq plus importants pays de l’UE. Avec une croissance assurant
au moins une stabilisation du chômage, l’Allemagne affiche un PIB/Habitant très
supérieur aux quatre autres pays, ce qui montre une indéniable réussite.
C’est l’Espagne qui
affiche le PIB/Habitant le plus faible et inférieur à la moyenne 100 de l’UE
mais elle a une nouvelle dynamique qui est en mesure de stabiliser le chômage.
On note d’ailleurs une légère baisse de celui-ci. La France est figée depuis
2010. Son PIB/habitant diminue d’un point et elle a une croissance voisine de 0
qui se traduit par une augmentation continue du chômage. Son avenir est plus
triste que celui de l’Espagne mais celle-ci part de plus bas. Il reste le cas
de l’Italie qui s’avère le vilain canard du trio des pays du sud. Elle est
entrée en récession et elle n’arrive même pas à la moyenne du PIB/Habitant de l’UE.
De plus c’est le pays qui a le plus diminué son PIB/habitant depuis 2010, donc
qui a les plus mauvaises performances économiques. Si l’Allemagne manifeste les
meilleurs performances, c’est l’Italie qui inquiète le plus au vu de ces
indicateurs.
Sur le graphique suivant on
voit le lien entre le PIB/Habitant et le taux d’emploi, lien très fort d’ailleurs.
En gros dans ces nations 10% de taux d’emploi en plus donne 8% en plus sur le
PIB/Habitant. Ce graphique montre très clairement l’abîme qu’il y a entre l’Allemagne
et l’Italie. On peut même prévoir que, vu son taux d’emploi, la France est
plutôt en voie de diminution de son PIB/Habitant au contraire du Royaume-Uni. C’est
le même constat pour l’Italie.C’est donc bien l’Italie qui
est la plus touchée par la politique de la zone euro et de Bruxelles. La
politique d’austérité et l’euro l’ont paralysée et ses défauts structurels
apparaissent au grand jour. D’ailleurs le peuple ne s’y trompe pas puisque
seulement 31% des italiens croient la politique européenne bénéfique pour leur
pays. Deuxième pays industriel de l’UE derrière l’Allemagne, l’Italie est en
phase de décrochage.
Il est clair que l’activité productive crée du travail et
augmente le taux d’emploi. La consommation intérieure et les exportations sont
mieux soutenues. C’est la voie du succès dans laquelle la France perd
incontestablement du terrain et décroche par rapport à l’Allemagne. Elle s’avère
incapable de faire les réformes en profondeur et pratique les aides ciblées
face aux corporatismes mais n’engage aucune réforme en profondeur hormis celle
des régions qui va la handicaper encore plus. Depuis 2010 notre dette/PIB augmente régulièrement de 4,8% par an. A 80% en 2010 et 95,2% en 2014, elle devrait atteindre 100% fin 2015 contrairement aux prévisions du gouvernement. L’Italie fait pire, mais cela ne nous sauvera pas.
Le tiercé France, Italie, Espagne est une victime de l’euro
Mais ces pays, dans une moindre mesure que la Grèce,
Ont profité de l’euro sans faire l’adaptation
A une politique de rigueur budgétaire
Et de réformes structurelles.
La monnaie unique
Va les tuer !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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