Sauf à être tenant d’une idéologie qui pense avoir
raison dans le temps et contre vents et marées, force est de constater que
notre aventure européenne tourne à un recul de notre présence dans un
monde qui évolue sans cesse et ne nous
attend pas. Les chiffres sont là, implacables, même si l’on s’ingénie à masquer
la dureté de leur verdict. C’est ainsi que les statistiques européennes ne
donnent que deux renseignements globaux, les chiffres sur l’ensemble de l’Union
Européenne et sur la zone euro, et non trois avec ceux de la zone hors euro. Pourquoi ?
Parce qu’il mettrait en évidence et projetterait à la face des européistes le
recul de la zone euro par rapport à la zone hors euro.
C’est en partie à cause de ce choix que la France ne
tiendra plus longtemps sa place de cinquième puissance économique et l’on
comprend que les politiques s’y accrochent désespérément dans leurs discours
pendant qu’il en est encore temps. C’est parce que Mitterrand n’a plus crû dans
les capacités de la France pour affronter le monde du mondialisme moderne,
moderne car le mondialisme n’est pas d’hier, qu’il a lancé l’aventure de la
monnaie unique avec l’Allemagne en acceptant un euromark de fait. C’est parce
que les français ont pensé tourner la page de la guerre et que la jeunesse y a
associé l’envie de l’agrandissement d’un espace de liberté, que le « oui »
du référendum l’a emporté de justesse.
Les propagandes politiques d’alors sur l’avancée
sociale d’une part, soutenue par une gauche socialiste, et la promesse, par la droite
du libéralisme économique, d’un pouvoir d’achat amélioré, contenue dans le
slogan « l’union fait la force », ont mal caché la volonté des
lobbies de maîtrise d’un plus grand marché. Cette dernière maîtrise par des
lobbies internationaux, téléguidés par les puissances financières, militaires
et économiques des États-Unis va trouver son acte ultime de fondation dans le
TAFTA, le futur traité de libre-échange transatlantique, négocié dans une
opacité totale.
Le grand souffle de liberté, abattant les frontières, rapprochant les
peuples par une monnaie commune, ce slogan de mousquetaires du « Tous pour
un, un pour tous », s’effondre comme un soufflet devant l’échec patent des
peuples européens dans leur recherche d’une identité européenne et d’un espace
de dynamisme commun économique et social. La liberté espérée se heurte aux
règles économiques d’une technocratie non élue mais puissante et largement
influencée par les véritables maîtres du devenir européen, ceux qui ont encore la
puissance économique et militaire ou qui en ont profité comme l’Allemagne.
En ce qui
nous concerne, nous avons vu que la guerre européenne du Kosovo n’a trouvé une
issue provisoire qu’avec l’intervention américaine et nous revoyons la guerre
en Ukraine avec la même puissance en première ligne. L’impuissance militaire de
l’Europe se traduit par une collaboration (au plein sens du terme) avec l’OTAN,
le bras armé et camouflé des USA. La guerre n’est pas évitée sur notre
territoire européen et il est évident que
son développement mondial n’est contenu, depuis près de 70 ans, que par la
puissance terrifiante mais dissuasive des armes nucléaires. Nous avons, nous
français, perdu dans cette affaire un grand pan de notre indépendance et la
possibilité de donner un éclairage différent en géopolitique au lieu d’un
conformisme euro-atlantique.
Non seulement l’Europe a tué la diversité des
raisons économiques, géographiques et historiques qui font que la France, le Royaume-Uni
et l’Allemagne ont des constances différentes de leur politique étrangère, mais
elle enserre dans un même moule des évolutions sociales, sociétales,
culturelles, cultuelles et économiques qui tuent la richesse des expériences
diverses qui ont donné historiquement à l’Europe un rôle prépondérant dans le
monde. C’est au moment où les européens décident de vivre dans le même carcan
que les Lumières de l’Europe vacillent et baissent en intensité, ouvrant la
porte aux prédateurs avides dans un capitalisme sans règles autres que celles
des puissants.
C’est une erreur historique que nos gouvernants se refusent
de constater parce qu’ils font partie des privilégiés qui tirent profit de
cette situation. Le confort de l’OTAN et des tenants de l’argent, lobbies et
banquiers, prêts à alimenter sans cesse les caisses de l’Etat et à promouvoir
les uns et les autres dans des positions de pouvoir en France et en Europe avec
des émoluments confortables, voire même à les acheter, fait que l’Europe se
délite et s’appauvrit au profit de quelques-uns sans espoir d’un autre avenir.
La même stratégie va continuer avec la réforme territoriale qui veut finalement
la mort des départements et la reconstruction des duchés au détriment de la
nation et de la diversité.
La diversité est devenue une empêcheuse de
tourner en rond alors que tout est mis en œuvre dans la déconstruction de tous
les liens, tous les enracinements, toutes les communautés pour aboutir à un
homme nu, donc désaliéné. Le libéralisme économique de droite et le libéralisme
libertaire de gauche sont unis dans le même but. L’homme sans liens devient
homme sans qualité, sans spécificité, sans identité culturelle, sans classe,
sans syndicat, et est livré au marché. En tant que tel, il est bel et bien «
libéré », comme le rêve l’extrême gauche, de la famille, de la durabilité, de
la transmission, de la « patrie », de la « solidarité de tribu » (ou de
métier), du sexisme, du machisme, au profit de la consommation hédoniste de la
sexualité et du relationnel en général dans les réseaux sociaux.
Un
homme muni des œillères de la pensée unique,
Un
homme cloné, moutonné, hédoniste,
Manipulé
comme une marionnette,
Fait
le bonheur des puissants.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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