Après avoir écumé les économies des pays
du sud de l’Europe, la croissance de l’Allemagne marque incontestablement le
pas, même si nous pouvons envier sa dette publique et surtout l’équilibre
budgétaire qu’elle prévoit pour 2015. L’UE dans son ensemble devient la
lanterne rouge de l’économie mondiale et particulièrement la zone euro, ce que
les européistes se gardent de signaler. Les mouvements sociaux commencent à
prendre de l’ampleur chez notre voisine et les grèves longues à la Lufthansa et
dans le rail marquent un tournant social qui inquiètent le gouvernement et la population
allemande peu habitués et même hostiles à ces perturbations. La presse
allemande se déchaîne.
La France
sur le déclin, incapable de se réformer et de reprendre la main sur son devenir
attend la croissance d’une Allemagne vieillissante qui doit réorienter une
partie de son économie sur la consommation intérieure par défaut partiel des
grands marchés de consommation des pays du sud. Le couple franco-allemand se
dirige vers un couple d’aveugle et de paralytique qui va buter sur des
explosions sociales et communautaires. Les difficultés allemandes ne feront que
remplir un peu plus les rangs de leurs compatriotes qui supportent de moins en
moins que leur pays soit le pourvoyeur de l’incapacité des autres pays à gérer
leur économie autrement que par l’augmentation de la dette. Le recentrage sur
le mark est dans l’air.
Face
à ce couple franco-allemand représentatif de l’Europe continentale, le Royaume-Uni
mène une politique monétaire et de croissance qui porte ses fruits depuis l’arrivée
de Cameron au pouvoir mais aussi par une politique monétaire adaptée. Pendant
la crise de 2008, la livre a perdu 26% par rapport au dollar pour augmenter de 10%
en 2009 pour finir par se stabiliser à cette valeur de 1,6 $ pour 1 £. La dévaluation
de 16% depuis 2007 a permis au Royaume-Uni de relancer la croissance et depuis
quatre ans une vigoureuse réduction des dépenses publiques a donné à son
gouvernement des marges de manœuvre. Ajoutons que les investissements publics dans
une saine politique de l’énergie auront un effet bénéfique sur le coût de l’électricité
pour les ménages et l’industrie qui repart. Malgré l’avantage d’avoir l’un des territoires
les plus propices à l’implantation d’éoliennes, le Royaume-Uni s’oriente
résolument vers l’énergie nucléaire avec la construction de 10 réacteurs.
Il n’en fallait pas
plus pour faire le constat d’un Royaume-Uni dont la croissance fait rêver avec
un chiffre escompté de 3,2% en 2014, et d’un chômage de 6% au plus bas depuis 2008. Même si le
pouvoir d’achat n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise, les
visiteurs peuvent constater que Londres est un grand chantier, que les magasins
sont pleins de marchandises et que l’on demande partout de la main-d’œuvre. Il
ne faut pas chercher plus loin les raisons de l’embouteillage d’immigrés à
Calais. Si en France on peut espérer subvenir à ses besoins vitaux grâce aux
aides sociales, au Royaume-Uni on a de grandes chances de trouver du travail.
On y
ressent même un grand souffle de liberté contrairement à la France. Il y règne
cette philosophie démocratique anglo-saxonne de l’état de Droit et non du Droit
de l’État. N’oublions pas que la démocratie est née dans ce pays. C’est justement
ce qui fait que celui-ci va se poser la question de savoir s’il doit rester
dans l’Union Européenne dont la puissance technocratique devient contraignante
sur les libertés jusque dans la City. Ces technocrates non élus, que l’on ne
peut mettre dehors et qui sont souvent recrutés dans les rangs de ceux qui ont
failli comme Junker et Moscovici par exemple, ont l’initiative des lois et ont
quasiment supplantés le Conseil des Ministres par leur poids sur les décisions
européennes. Le versement des États au budget européen augmente sans véritable
contrôle comptable et les 2 milliards supplémentaires réclamés par l’UE à
Cameron pour bonne gestion de son pays provoquent des réactions d’hostilité à l’UE.
Je
me souviens d’une réponse du patron de la Lloyds en 2003, alors que nous étions
encore dans l’euphorie de l’entrée dans l’euro, à la question du maintien de la
livre au lieu de l’euro au Royaume-Uni, qui fut la suivante : « Rassurez-vous
dès que l’euro nous paraîtra plus intéressant que la livre, nous prendrons l’euro ».
De toute évidence ce ne fut pas le cas depuis et la crise de 2008 a même montré
que le choix de garder la livre permettait de disposer d’un levier que nous n’avions
plus. Ce levier a aussi été utilisé avec
succès par la couronne suédoise avec une dévaluation du même ordre non
seulement sans le catastrophisme prédit par la pensée unique française mais
avec succès.
Plus
que les considérations économiques, c’est le sentiment de subir des contraintes
non souhaitées par le peuple qui fait grandir un sentiment de refus de l’UE
dans ce pays. La Grande-Bretagne s’est engagée en Europe sur la promesse que
les traités amèneraient à la libre circulation des personnes et des
capitaux et à un accroissement des libertés individuelles. Les Anglais ont
l’impression d’avoir été roulés dans la farine. Du coup et compte tenu du fait
qu’ils sont les mieux gérés en Europe, les Anglais voient affluer chez eux
toute la misère du monde (qui passe par Calais) et leurs services publics ne
peuvent satisfaire à la demande tandis que leur immobilier atteint des niveaux
complètement fous et la classe moyenne en souffre. Le chemin dans lequel les
élites Européennes ont engagé le vieux continent est tout simplement
incompatible avec toutes les Valeurs qui font la spécificité de la Démocratie
Anglaise.
Devant
ce désastre, le nouveau parti UKIP, mené par un tribun hors pair (Nigel Farage)
fait des ravages tant dans l’électorat conservateur que dans l’électorat
populaire tandis qu’il est fort probable que le parti travailliste va
perdre tous ses députés en Écosse (41) aux prochaines élections, au profit du
parti indépendantiste. Si les choses restent en l’état, la sortie de la Grande
Bretagne de l’union est inéluctable.
La sortie de l’UE par le Royaume-Uni
scellerait vraiment la mort
De l’Europe d’Adenauer, de Schumann et
de Gasperi
Pour celle de Trichet, Monnet et Delors,
L’UE molle, impuissante et vassale !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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