« Si j'étais chargé de
gouverner, je commencerais par rétablir le sens des mots ».
Confucius
(551-479)
Les interrogations sur le langage
sont récurrentes dans l’histoire de la philosophie. On se souvient que c’est
l’art de la tromperie sophistique qui a forcé Platon, à la suite de Socrate, à approfondir
les processus du discours humain. Par la manipulation du langage, on empêche
les personnes d’exercer leur capacité de jugement et donc d’engagement libre. Dans
Le Sophiste, Platon évoque ainsi « une technique, s’occupant des
raisonnements, capable d’ensorceler les jeunes gens encore loin de la vérité
des choses, par l’intermédiaire de mots destinés aux oreilles qui montrent des images
parlées de toutes choses pour leur faire croire que ce qu’ils écoutent est vrai
et que celui qui parle est le plus sage de tous » (234c).
L’embrigadement de jeunes français
pour aller rejoindre les mouvements musulmans comme ceux de l’État Islamique,
qu’il est impropre d’appeler Daech car cela dénature justement la portée des
mots, nous plonge au cœur de la sémantique du langage. Il s’agit là tout simplement
d’une manipulation de celui-ci. Nous sommes tous témoins d’un accroissement des
cas de telle manipulation. Cela ne date pas d’hier puisque je me souviens à l’époque
de l’élargissement du protectorat du Maroc, cette belle phrase disant que les
relations franco-marocaines entraient dans une nouvelle phase, celle de « l’indépendance
dans l’interdépendance », masquant la fin des relations coloniales. Le « Redressement
productif » et « L’inversion de la courbe du chômage » en sont
des exemples récents destinés à tromper le monde. L’inversion de courbe n’a pas
de signification mathématique, au contraire de l’inverse d’une fonction, et
permet de jouer sur l’ambiguïté d’une diminution du chômage et une moins
importante augmentation.
Mais revenons au problème des quatre mots utilisés à tort et à travers
sur le phénomène migratoire qui, contrairement à ce que l’on essaie de nous
faire croire n’a aucun rapport avec lui puisque ce sont de bons enfants « souchiens »
qui sont visés par les services de renseignements. Il faut arrêter l’hypocrisie
des mots. L’Islam a été importé en France par l’immigration que nous avons d’abord
souhaitée et fort mal gérée par la suite en passant de l’immigration de travail
sous contrat à l’immigration de peuplement pour raison économique et familiale
avec le regroupement familial sous Giscard d’Estaing.
Si la naturalisation peut apparaître
comme le stade ultime qui vous fait acquérir la nationalité française, il n’implique
plus que vous soyez parfaitement assimilé. L’acquisition du langage ne suffit
pas pour se sentir français. Je peux parler anglais et aller au Canada sans
pour autant mériter d’obtenir la nationalité canadienne. Par contre l’assimilation
ne devrait pas être un terme galvaudé. Etre assimilé c’est avoir une fois pour
toute choisi son nouveau pays en s’appropriant son histoire, sa diversité
géographique, sa culture, ses us, ses coutumes, son mode de vie et évidemment
les lois de la République. Ce fut et c’est encore le cas de l’immigration des
pays proches ou de culture chrétienne dès la génération des enfants nés en France
ou importés avant l’âge de la scolarité. Le but des parents étaient de s’assimiler
si possible mais surtout de veiller à ce que leurs enfants le soient. On
donnait la plupart du temps des prénoms du calendrier français pour montrer la
volonté d’assimilation.
L’intégration est une acceptation du
vivre en France qui est accordée à un individu mais n’implique pas la naturalisation.
C’est un droit de séjour et un constat que l’individu a trouvé une place dans
la société française et se sent accepté car fondu en elle-même, à son image. Il
peut vivre de son travail ou de l’aide sociale et ne pose pas de problème
particulier au pays d’accueil. On voit déjà que si les églises, temples et
synagogues étaient prêtes à recevoir de nouveaux pratiquants, il n’en a pas été
de même pour les mosquées avant l’arrivée musulmane. Dans la mesure où ces
soi-disant intégrés font valoir des demandes spécifiques à caractère religieux
ou coutumier, cela veut expressément dire qu’ils n’acceptent pas le pays d’accueil
tel qu’il est et entendent le modifier.
Nous en arrivons donc au
multiculturalisme, cher aux défenseurs des Droits de l’Homme, de l’humanisme, de
la modernité, et de la bien-pensance. C’est l’acceptation de l’importation d’une
culture, d’une civilisation différente dans un « melting-pot » sensé
s’enrichir grâce à la grande souplesse d’esprit du pays d’accueil. Le fameux « droit
à la différence » et la diversité sont portés comme une avancée de notre civilisation
dépourvue des œillères de sa propre culture, histoire, langue, coutumes, etc.
Elle peut donc s’implanter de droit, revendiquer des modifications de la
législation pour elle-même et ne pas reconnaître l’assimilation comme
nécessaire. Elle peut ne pas souhaiter les mariages mixtes, vouloir rester dans
des zones qu’elle contrôle tout en demandant à avoir accès à toutes les
possibilités économiques, sociales et culturelles de la civilisation d’accueil.
C’est une verrue qui a sa propre
dynamique et qui pense détenir une culture supérieure, laquelle demande à être
répandue, voire imposée dès que l’occasion, fournie souvent par le nombre, se
présente. Nous faisons la même chose en Libye, en Syrie, en Ukraine, en Irak en
voulant imposer par le sang versé notre vision de la démocratie, concept fondamental de la
civilisation occidentale. C’est la réponse du berger à la bergère mais c’est
aussi le signe que les deux cultures sont irréconciliables. Un musulman qui ne
s’assimile pas, qu’il le soit de famille ou nouvellement converti, est un
candidat à la lutte de conquête d’une civilisation différente. Il a rejeté
notre civilisation judéo-chrétienne à la sauce laïque.
Les évènements actuels ne sont que le
premier constat de l’échec de nos efforts d’assimilation. Soit, ce que je pense,
nous n’avons pas pris ce problème au sérieux, soit elle est impossible. Avant
de constater l’impossibilité, il faut mener une véritable politique d’assimilation
pour sauver ce qui peut encore l’être, car ne l’oublions pas, cette civilisation
procrée plus que la nôtre et comme le disait le président algérien Boumedienne « Nous vaincrons par le ventre des femmes ».
L’Église
trônait au centre du village, imposant la primauté de la religion
catholique. Aujourd’hui la laïcité devenant de plus en plus permissive,
les
espoirs de réussir l’assimilation s’éloignent comme le constate Malika
Sorel, née
à Alger et spécialiste de l’intégration. Il ne suffit pas de repeindre
les
cages d’escalier ou de reconstruire des HLM neufs, comme le pensaient
Rocard et
Borloo, pour réussir l’assimilation. Les jeunes djihadistes se recrutent
dans
tous les milieux car ils adhèrent à une autre civilisation dont la
diversité n’a
qu’un seul but l’extension de l’Islam sur le monde derrière un califat,
seul objet de ses querelles internes. Allons-nous enfin le comprendre ?
C’est à l’intérieur
de notre pays qu’il faut se battre et redonner un sens à l’assimilation
et à l’identité
française sinon les loups solitaires se multiplieront et de nouvelles
élites
refuseront l’intégration dans une France éclatée.
« Détruisez le christianisme, et vous aurez l’Islam »
Chateaubriand en...1840 !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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