samedi 22 novembre 2014

AGOA vous connaissez ? Non ? Les États-Unis oui !


Peu de gens sont informés sur les différentes organisations qui réunissent les pays dans le monde. L’AGOA (L’Africain Growth and opportunity Act (AGOA), (Acte pour la croissance et l’opportunité africaines) est de celles-là. Il est très intéressant de regarder de quoi il s’agit quand le Traité transatlantique de libre-échange (TAFTA) avec les États-Unis se prépare dans la plus grande discrétion. L’AGOA est en fait une loi votée par le Congrès américain en mai 2000. Le but de cette loi est de soutenir l'économie des pays africains en leur facilitant l'accès au marché américain s'ils suivent les principes de l'économie libérale. Cette union est censée représenter un intérêt réciproque pour les deux parties, les pays africains ayant ainsi la possibilité de s'affirmer progressivement sur la scène mondiale en entrant dans la Mondialisation, et les États Unis bénéficiant ainsi d'une nouvelle source d'approvisionnement, notamment en pétrole. S’ajoute à cela le projet Africom, qui vise à aider les populations à lutter contre le terrorisme dans la région du golfe de Guinée, région ne l’oublions pas, plutôt riche en pétrole. L’installation Africom pourrait ainsi être par là même une occasion de protéger les infrastructures américaines.

C’est l’intérêt réciproque qui laisse à réfléchir parce qu’il faut savoir si cet intérêt est pour les grandes sociétés mondiales sous obédience américaine ou pour les travailleurs africains. Le nombre de pays représentés est impressionnant. Les 5 et 6 août Washington a accueilli le premier sommet Etats-Unis-Afrique. Cinquante pays de l'Union africaine ont été conviés. Ils étaient accompagnés par leurs délégations ainsi que de nombreux chefs d'entreprises. Et pour cause, le thème majeur était « Investir dans la prochaine génération ». En marge de l’événement cinq cents jeunes entrepreneurs avaient été invités à passer six semaines dans des universités américaines pour une opération de séduction.


Ce sommet représente un tournant dans la politique américaine qui remet l’Afrique au centre de ses préoccupations. Au contraire de la France qui claironne « L’Afrique est notre avenir » (rapport du Sénat d’octobre 2013) et ne fait rien sinon d’y garantir militairement ses intérêts, les Etats-Unis agissent. Le concurrent chinois est en effet depuis longtemps dans ce continent avec un sommet sino-africain tous les 3 ans et il a visité plus de la moitié des pays africains. La Chine achète de nombreuses ressources minières et aide à la création des infrastructures. Les USA ont réalisé que l’’Afrique de l’ouest est beaucoup plus proche que le Moyen-Orient, où règne une instabilité entretenue, pour la fourniture de pétrole. Ce dernier représente encore 15% du pétrole brut des USA. Main-d’œuvre peu coûteuse, population jeune et nombreuse, richesses des sols sont des éléments non négligeables pour l’économie d’une nation hégémonique. 

Hégémonie oui, car il faut regarder le contenu des conditions d’éligibilité à l’AGOA : soutien à la politique étrangère des États-Unis, mêmes mesures accordées aux entreprises nationales et étrangères (droits de douane, impôt etc.), réduction du protectionnisme, développement d’une "économie de marché" dirigée vers le profit, élimination des subventions, absence de contrôle des prix. La réduction des subventions sur certains produits comme le riz, la farine, la pêche, diminuera les possibilités d’exportations des producteurs africains et ouvrira le marché aux américains. Les conditions imposées sont clairement une intervention dans la gestion économique et dans la politique étrangère de ces pays. 

Cette réunion consacre l’ouverture des richesses pétrolières et minières des pays africains aux grandes sociétés américaines en utilisant une main-d’œuvre bon marché, de faibles droits sociaux, environnementaux et de conditions de travail. Ces travailleurs africains ne verront sans doute aucune amélioration de leur niveau de vie. Leur travail enrichira les actionnaires et les potentats de leur pays. Mais elle montre aussi que les raisons démocratiques dont les USA (et nous) se servent abusivement pour justifier leur droit d’ingérence partout dans les pays du monde (qui les intéressent) sont mises de côté.

On ne compte plus le nombre de dirigeants de ces pays, présents à cette réunion, qui sont en procès ou sous le coup d’accusations à la CPI (Cour Pénale Internationale). « Business is business ». Quant à la France, son influence en Afrique en est réduite là aussi à suivre la politique étrangère américaine tout en y subissant la concurrence de son mentor. Pendant ce temps nous allons lui prêter assistance militaire et faire couler le sang au Moyen-Orient… au nom de la démocratie et contre les ennemis qui nous sont assignés aujourd’hui, la Russie en Ukraine et en Syrie, l’État islamique en Irak, et demain ou après-demain… l’Iran et la Chine. En attendant on s’apprête à signer le TAFTA négocié depuis juillet 2013 ! 

La leçon que notre pays devrait vite tirer avant de sombrer, 

C’est qu’un vassal ne peut que se libérer d’un maître 

Ou finir cocu, spolié, méprisé et esclave ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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