Deux
ans et demi pour faire couler la France se soldent par une intervention
télévisée de deux heures et demie pour ne rien dire. L’ouverture voulue sur la
vie privée du Président s’est résumée une demande du respect de celle-ci, laquelle a néanmoins dû subir le rappel de ce qui a choqué les
français. La normalité ré-affichée du Président s’est fracassée sur les
situations exceptionnelles dont il dit avoir à faire face. Sa réponse, à l’attaque
vacharde et peu reluisante de Sarkozy sur le mangeur de frites, ne lui redonne
pas de la hauteur mais conforte le doute des français sur sa capacité à assumer
l’emploi.
Cette
séquence devant les français était donc inutile et improductive pour un
Président à 12% d’opinions favorables, représentées par à peine la moitié des
votes socialistes. Il avait plus ou moins filtré que la seconde séquence apporterait
la révélation d’actions nouvelles à impact fort. Malheureusement l’affirmation
selon laquelle les impôts (et taxes ?) n’augmenteront pas en 2015 n’a pas
plus de valeur que celle déjà émise en 2012 pour les impôts de 2013. Chacun
sait que les contribuables sont des consommateurs et que l’on peut trouver de l’argent
par bien d’autres moyens comme la diminution des niches fiscales et des
prestations sociales. L’annonce de la baisse des impôts en 2015 pour les
revenus inférieurs à 10.000 euros n’est évidemment qu’un report de rentrées
fiscales sur le gas-oil et les taxes renforcées sur les résidences secondaires dans
les grandes villes. D’ailleurs une bonne partie des contribuables qui
échapperont à l’impôt n’en payaient pas en 2012 et y étaient entrés par les
mesures fiscales de 2013.
Le
Président ne s’est d’ailleurs pas engagé sur les impôts des collectivités
territoriales et pour cause. En début d'année, le gouvernement a
autorisé les conseils généraux à faire passer de 3,8% à 4,5%, pendant deux ans
(jusqu'en février 2016), les droits de mutation (DMTO), communément
appelés frais de notaire, que chaque acquéreur débourse pour devenir
propriétaire d'un bien immobilier ancien. Manuel Valls a proposé de «pérenniser
l'intégralité des mesures» prises pour soulager les finances des départements. L'annonce
de Manuel Valls va se traduire par une augmentation durable des frais liés à
une acquisition immobilière… et s'apparenter à une hausse d'impôt
supplémentaire.
Nous
sommes devant une nouvelle promesse de gascon comme celle de « l’inversion
de la courbe du chômage », expression inconnue des mathématiciens et créée
pour la circonstance dans une sorte de novlangue. S’agit-il seulement de voir
diminuer le chômage ou simplement de le voir croître moins vite ? Dans ce
dernier cas ce serait comme pour les dépenses publiques, qui n’augmentent pas
autant que « leur pente naturelle », bel euphémisme. On se garde bien
de lever le flou mais on a au moins l’affirmation implicite que tout cela n’est
ni pour 2015, ni pour 2016… Alors qui rendra des comptes en 2017 ? Nul ne
le sait même pas l’impétrant qui fait le pari d’avoir dominé le sujet d’ici là.
Passons
à l’autre point sérieux de la dette publique. Le Président se gausse des 600
milliards d’augmentation de la dette laissés par Sarkozy pendant une période où
nous avons traversé la crise du siècle comme le lui ont fait remarquer les
journalistes. Mais si l’on regarde ce qui s’est passé depuis le début de 2013
jusqu’à la fin du deuxième trimestre 2014, on trouve une dette de 1833,8Mds€ à
fin 2012 et une dette portée à 2023,7Mds€ en fin juin 2014. Sur ces 18 mois on
a une augmentation de 10,55Mds€/mois. Sur un mandat de 60 mois cela
représentera au rythme actuel…633Mds€ !
Pas de quoi pavoiser dans une période moins critique.
Il
ne peut d’ailleurs se targuer d’une réduction du déficit bien en deçà de la
promesse du candidat « Réduction du déficit public à 3% du PIB et retour à
l’équilibre fin 2017 » et de sa signature au nom de la France du retour du
déficit public à 3% en 2015. Le refus de Bruxelles d’avaliser le budget 2015 n’est
pas de nature à crédibiliser son action alors que le Haut Conseil des Finances publiques a émis
les mêmes réserves sur la fragilité des hypothèses de croissance et d’inflation
prises en compte. D’ailleurs le déficit de 4,7% du PIB en 2014 est loin d’être
assuré comme le 4,4% pour 2015. Ce dernier sera plus proche de 4,7% comme je l’ai
déjà démontré sur des hypothèses plus réalistes.
Parmi
les quelques annonces nouvelles annoncées, le développement des contrats aidés
pour les énergies renouvelables n’est qu’un palliatif coûteux comme le sont les
énergies renouvelables sous perfusion de subventions et d’achat à des prix
gonflés de l’électricité produite. Il faut que chacun comprenne bien que ce
gouvernement fait une erreur stratégique majeure avec l’énergie verte alors que
l’Espagne et l’Allemagne en souffre économiquement, sur le plan environnemental
et celui de la pollution, alors que le Royaume-Uni se tourne résolument vers le
nucléaire, que le Japon vient de décider la remise en marche de deux réacteurs
et que le marché du nucléaire marche bien, marché dans lequel la France s’est
taillé une place de choix depuis longtemps.
L’effort
promis sur la simplification administrative est remis en question en permanence
par l’augmentation du code du travail et les va et vient de la législation en
général qui obscurcit l’horizon des entreprises. Enfin la clef de voûte du
Pacte de Responsabilité n’est pas à la hauteur du défi de compétitivité même
dans la zone euro et à fortiori hors de l’UE. Même Airbus marque le pas devant
Boeing. Nous ne pouvons donc qu’augmenter notre retard alors que nous venons de
passer un peu en-dessous de la moyenne de la zone euro pour notre croissance.
Le refus de remettre en cause la monnaie et les traités avec l’UE ne laisse que
la certitude d’une seconde moitié du quinquennat plus mi-sérable.
Paroles, paroles, comme dit la chanson
de Dalida,
Sur une vie privée préservée pudiquement,
Promesses que personne ne peut croire
Ne laissent qu’un vide de confiance !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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