vendredi 7 novembre 2014

Après la mi-mandat, la mi-sère !



Deux ans et demi pour faire couler la France se soldent par une intervention télévisée de deux heures et demie pour ne rien dire. L’ouverture voulue sur la vie privée du Président s’est résumée une demande du respect de celle-ci, laquelle a néanmoins dû subir le rappel de ce qui a choqué les français. La normalité ré-affichée du Président s’est fracassée sur les situations exceptionnelles dont il dit avoir à faire face. Sa réponse, à l’attaque vacharde et peu reluisante de Sarkozy sur le mangeur de frites, ne lui redonne pas de la hauteur mais conforte le doute des français sur sa capacité à assumer l’emploi. 

Cette séquence devant les français était donc inutile et improductive pour un Président à 12% d’opinions favorables, représentées par à peine la moitié des votes socialistes. Il avait plus ou moins filtré que la seconde séquence apporterait la révélation d’actions nouvelles à impact fort. Malheureusement l’affirmation selon laquelle les impôts (et taxes ?) n’augmenteront pas en 2015 n’a pas plus de valeur que celle déjà émise en 2012 pour les impôts de 2013. Chacun sait que les contribuables sont des consommateurs et que l’on peut trouver de l’argent par bien d’autres moyens comme la diminution des niches fiscales et des prestations sociales. L’annonce de la baisse des impôts en 2015 pour les revenus inférieurs à 10.000 euros n’est évidemment qu’un report de rentrées fiscales sur le gas-oil et les taxes renforcées sur les résidences secondaires dans les grandes villes. D’ailleurs une bonne partie des contribuables qui échapperont à l’impôt n’en payaient pas en 2012 et y étaient entrés par les mesures fiscales de 2013. 

Le Président ne s’est d’ailleurs pas engagé sur les impôts des collectivités territoriales et pour cause. En début d'année, le gouvernement a autorisé les conseils généraux à faire passer de 3,8% à 4,5%, pendant deux ans (jusqu'en février 2016), les droits de mutation (DMTO), communément appelés frais de notaire, que chaque acquéreur débourse pour devenir propriétaire d'un bien immobilier ancien. Manuel Valls a proposé de «pérenniser l'intégralité des mesures» prises pour soulager les finances des départements. L'annonce de Manuel Valls va se traduire par une augmentation durable des frais liés à une acquisition immobilière… et s'apparenter à une hausse d'impôt supplémentaire. 

Nous sommes devant une nouvelle promesse de gascon comme celle de « l’inversion de la courbe du chômage », expression inconnue des mathématiciens et créée pour la circonstance dans une sorte de novlangue. S’agit-il seulement de voir diminuer le chômage ou simplement de le voir croître moins vite ? Dans ce dernier cas ce serait comme pour les dépenses publiques, qui n’augmentent pas autant que « leur pente naturelle », bel euphémisme. On se garde bien de lever le flou mais on a au moins l’affirmation implicite que tout cela n’est ni pour 2015, ni pour 2016… Alors qui rendra des comptes en 2017 ? Nul ne le sait même pas l’impétrant qui fait le pari d’avoir dominé le sujet d’ici là. 

Passons à l’autre point sérieux de la dette publique. Le Président se gausse des 600 milliards d’augmentation de la dette laissés par Sarkozy pendant une période où nous avons traversé la crise du siècle comme le lui ont fait remarquer les journalistes. Mais si l’on regarde ce qui s’est passé depuis le début de 2013 jusqu’à la fin du deuxième trimestre 2014, on trouve une dette de 1833,8Mds€ à fin 2012 et une dette portée à 2023,7Mds€ en fin juin 2014. Sur ces 18 mois on a une augmentation de 10,55Mds€/mois. Sur un mandat de 60 mois cela représentera au rythme actuel…633Mds€ ! Pas de quoi pavoiser dans une période moins critique. 

Il ne peut d’ailleurs se targuer d’une réduction du déficit bien en deçà de la promesse du candidat « Réduction du déficit public à 3% du PIB et retour à l’équilibre fin 2017 » et de sa signature au nom de la France du retour du déficit public à 3% en 2015. Le refus de Bruxelles d’avaliser le budget 2015 n’est pas de nature à crédibiliser son action alors que le Haut Conseil des Finances publiques a émis les mêmes réserves sur la fragilité des hypothèses de croissance et d’inflation prises en compte. D’ailleurs le déficit de 4,7% du PIB en 2014 est loin d’être assuré comme le 4,4% pour 2015. Ce dernier sera plus proche de 4,7% comme je l’ai déjà démontré sur des hypothèses plus réalistes. 

Parmi les quelques annonces nouvelles annoncées, le développement des contrats aidés pour les énergies renouvelables n’est qu’un palliatif coûteux comme le sont les énergies renouvelables sous perfusion de subventions et d’achat à des prix gonflés de l’électricité produite. Il faut que chacun comprenne bien que ce gouvernement fait une erreur stratégique majeure avec l’énergie verte alors que l’Espagne et l’Allemagne en souffre économiquement, sur le plan environnemental et celui de la pollution, alors que le Royaume-Uni se tourne résolument vers le nucléaire, que le Japon vient de décider la remise en marche de deux réacteurs et que le marché du nucléaire marche bien, marché dans lequel la France s’est taillé une place de choix depuis longtemps. 

L’effort promis sur la simplification administrative est remis en question en permanence par l’augmentation du code du travail et les va et vient de la législation en général qui obscurcit l’horizon des entreprises. Enfin la clef de voûte du Pacte de Responsabilité n’est pas à la hauteur du défi de compétitivité même dans la zone euro et à fortiori hors de l’UE. Même Airbus marque le pas devant Boeing. Nous ne pouvons donc qu’augmenter notre retard alors que nous venons de passer un peu en-dessous de la moyenne de la zone euro pour notre croissance. Le refus de remettre en cause la monnaie et les traités avec l’UE ne laisse que la certitude d’une seconde moitié du quinquennat plus mi-sérable. 

Paroles, paroles, comme dit la chanson de Dalida, 

Sur une vie privée préservée pudiquement, 

Promesses que personne ne peut croire 

Ne laissent qu’un vide de confiance ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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