La France est entraînée dans un tourbillon qu’elle ne
maîtrise plus, le maelstrom de l’Europe atlantique. Notre politique extérieure
et notre diplomatie suivent la route guerrière d’une hégémonie américaine,
gendarme du monde selon la théorie du chaos. Derrière Attila, même l’herbe ne
repoussait pas, nous recommençons aujourd’hui. Les USA définissent l’ennemi. Les
talibans, Saddam Hussein et sa soi-disant arme chimique, Kadhafi et son soi-disant
génocide, rebelote sur les armes chimiques en Syrie, l’EIIL armée puis
combattue, l’Iran et la bombe, etc. sont les cibles auxquelles nous sommes
conviés pour y mettre le chaos.
Derrière tout cela il y a un véritable ennemi, la Russie d’abord,
la Chine ensuite. Nous avons donc participé à une espèce de mascarade de
démocratie en Ukraine, après un mouvement protestataire largement fomenté par
les services secrets atlantistes et israéliens, où l’interdiction de parler la langue russe a
mis le feu aux poudres. La Russie n’a été conviée à intervenir qu’une fois la
situation pourrie dans un pays que l’histoire a forgé de toutes pièces mais la
Russie avant d’être à Leningrad et à Moscou est née à Kiev. Notre ennemi doit donc
être la Russie qui a récupéré la Crimée, sans heurts et par la volonté de son
peuple. Nous avons mis le navire Mistral dans la balance du conflit. Cette
patate chaude alimente la pression américaine et nous met dans une situation
rocambolesque où nos finances vont finir par nous faire céder en rase campagne.
La Russie, mise au banc des accusés, a compris que la porte
de l’Europe lui serait fermée et a réorienté sa stratégie vers l’est en tant
que pays eurasien. L’alliance avec la Chine est devenue indispensable pour
échapper au rouleau compresseur des USA et de ses alliés, et cela en dépit d’une
histoire assez conflictuelle avec son grand voisin. Un grand mouvement d’union
est en route qui touche les domaines économiques, financiers, monétaires et…
militaires. Pékin et
Moscou s’engagent dans un second mega-contrat de gaz, celui-là à travers le
gazoduc de l’Altai en Sibérie occidentale. Mais en dehors des accords tous
azimuts avec la Russie, dont un accord bancaire et monétaire yuan-rouble, la Chine
prend l’initiative d’un projet beaucoup plus ambitieux dans lequel elle s’apprête à déplacer le
centre économique, financier du monde en attendant le centre monétaire.
La dernière réunion de l’APEC (Asia-Pacific Economic
Coopération) du 10 novembre va plus loin qu’un simple accord de libre-échange.
Si les 21 pays réunis ont les USA parmi eux, le leadership du monde va s’y
jouer. Les plans sont prêts pour une « connectivité totale », selon
les mots de Xi, ce qui implique, de la part de Pékin, la mise sur pied de l’Asia
Infrastructure Investment Bank (Banque Asiatique Infrastructurelle
d’Investissement). La Chine va investir pas moins de 40 milliards de dollars
pour commencer à construire la ceinture économique de la Route de la Soie et la
Route de la Soie Maritime du XXIe siècle. Tout converge vers l’offensive
infrastructurelle la plus spectaculaire, ambitieuse, étendue et plurinationale
jamais entreprise – la multiple Route de la Soie – un réseau complexe de voies
de chemins de fer rapides, de gazoducs et d’oléoducs, de ports, de câbles à
fibres optiques et des télécommunications les plus récentes, qui iront vers l’Ouest
jusqu’à l’Iran et la Turquie.
Américains et Chinois jouent une partie à fleurets
mouchetés, chacun ayant besoin de l’autre, mais chacun souhaitant la mort de l’autre.
USA et Chine peuvent même s’entendre pour équilibrer leurs efforts respectifs sur
la pollution puisque ce sont les deux premiers pollueurs. Les USA savent que l’avenir
du monde se situe dans le Pacifique mais ils ne veulent pas abandonner l’Europe
à l’Asie. L’Eurasie deviendrait une puissance qui ne laisserait plus aucune chance
aux USA de rester en position d’hégémonie
même en étendant leur influence sur l’Amérique du sud où l’antiaméricanisme se
développe, même s’ils s’intéressent de nouveau à l’Afrique. Malgré tout cela les
USA jouent leur dernière carte et ils font « feu » au plein sens du
terme pour encercler la Russie et la Chine, par des liens particuliers avec le
Japon et l’Europe. L’attaque contre le dollar se précise pourtant et c’est l’enjeu
de la « guerre ».
L’Europe a sans doute définitivement tourné la page de son histoire
dans une structure technocratique qui n’a ni la puissance militaire, ni la
puissance financière pour lui donner le poids et l’élan nécessaires. Les
disparités historiques, linguistiques, économiques, sociales la font hésiter
entre la zone de libre-échange anglo-saxonne et le fédéralisme. Il en résulte
une hydre qui se complet sous le drapeau américain mais n’a pas en elle une dynamique
de puissance sur le plan économique. Les succès technologiques et scientifiques
de l’Europe, ne doivent pas grand-chose à l’Union Européenne mais beaucoup à l‘intelligence
de nos chercheurs et de nos ingénieurs ainsi qu’à celle de grands patrons d’industries
publiques et privées.
L’Europe va devenir
réellement l’ancien continent
Et dans cette course au
chacun pour soi
Le leader est sur la
Route de la soie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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