Il
est facile de mettre la morosité de notre économie sur l’atonie de l’UE. Cette
atonie des économies, voire la récession, est vraie pour un certain nombre de
pays européens, la plupart du Sud, mais en tout cas pas pour tout le monde. Aux
USA, le taux de croissance est de 3% et en Grande Bretagne, le secteur
automobile anglais que l’on disait jadis moribond va dépasser devant celui de
la France comme l’a publié Le Point. Le taux de croissance devrait se
situer à 3% au Royaume Uni pour 2014 contre moins de 0,5% en France. Amorcée
dès octobre 2011, la baisse du chômage outre-Manche s’accélère. Le taux atteint
6,5 %. Dans le même temps, le taux de chômage français en hausse atteint un
taux record à 11% (au sens du BIT - bureau international du travail – source
Insee.fr).
Notre
gouvernement surfe sur une dette qui va atteindre les 100% du PIB en 2015, 2016
au plus tard, avec ce sentiment qu’elle sera ou non remboursée par les
générations futures. Les récentes dispositions concoctées par Bruxelles sont
claires. Une fois le recours au faible fonds de sauvetage mis en place à l’UE
et les actionnaires ponctionnés, l’épargnant et les entreprises seront mis à
contribution pour renflouer les banques pourvoyeuses elles-mêmes des États
emprunteurs.
L’épargne
française est une des plus importantes d’Europe par habitant et couvrirait
encore largement la dette. Alors pourquoi s’en faire puisque les investisseurs
achètent toujours nos obligations qui restent très attractives et nous
procurent des taux historiquement bas ? Nul souci à se faire, nos enfants
seront là pour voir ce qu’il faudra faire plus tard au cas où. Il est inutile
de bouleverser la paix sociale par des réformes violentes et des coupes sombres
dans les dépenses de fonctionnement qui risqueraient de saper les piliers du
fonctionnariat, des régimes spéciaux, des dépenses de fonctionnement en général.
Il suffit de rogner sur les dépenses d’investissement public et de vendre un
peu de notre patrimoine pour avoir des dépenses publiques inférieures à ce qu’elles
auraient été si l’on n’avait rien fait ! CQFD.
Ce
discours est toutefois réellement franco-français car il ne prend pas en compte
ni la réalité dans nos prévisions, ni les comportements des grands pays européens
qui nous entourent. De toute évidence les prévisions sont jugées optimistes par
nos propres instances financières d’appréciation des comptes publics mais aussi
par le FMI et Bruxelles. La Commission européenne n’a pas manqué de nous le
rappeler sur le budget 2015. Pour une fois nous avons entendu la parole sensée
d’un ministre du budget, aussitôt recadré par l’Elysée, en la personne de
Christian Eckert. Ce qu’il a dit en substance se résume ainsi : dans le
cadre de nos prévisions budgétaires - ce qui n’implique pas que ces prévisions
soient conformes à la réalité - il n’y aura pas de hausses d’impôts. Autrement
dit des ajustements peuvent s’avérer nécessaires. La Palisse n’aurait pas dit
mieux mais notre Président a parlé pour ne rien dire… ça meuble le temps d’antenne
et ça ne peut pas faire de mal à une popularité dans les chaussettes…
tout-au-moins le temps de découvrir le pot aux roses.
Un
pays qui emprunte est évalué par les investisseurs comme présentant ou non les
garanties conformes au taux d’intérêt pratiqué. Les différents pays sont
comparés entre eux. La France a ainsi le taux d’intérêt le plus bas
historiquement, légèrement au-dessus de l’Allemagne. Mais un simple glissement
des taux d’intérêts réels vers la moyenne de 2010-2011 (soit une
augmentation des taux nominaux actuels d’environ 0,9%) mènerait à de
conséquentes difficultés budgétaires : rien que pour 2015 le surcoût immédiat
serait de plus de 2 milliards d’euros, soit 9,5% des économies avancées par le
gouvernement.
Or le poucentage de nôtre chômage, qui ne
cesse d’augmenter, est en étroite corrélation avec les marges d’autofinancement de
nos entreprises, qui ne cessent de se détériorer. Ceci se voit clairement sur
le graphique avec l’échelle du chômage inversée pour la lecture. Les entreprises
non seulement tirent peu sur le crédit mais elles se recroquevillent sur
elles-mêmes devant des incertitudes de l’avenir et des marges qui s’effritent.
Si l’investissement diminue, la compétitivité décroît et le chômage augmente.
Les autres indicateurs
des pays ne tournent pas en notre faveur car nous assistons à une dégradation
des fondamentaux de notre économie. Si l’on regarde le taux de croissance, la
France est loin d’être bien lotie, et la prévision de 2015 (+0,7%), s’avère on
ne peut plus optimiste. Si la croissance allemande diminue en 2015, on verra croître
celles du Royaume-Uni, de l’Espagne et probablement de l’Italie. Même si notre
dette publique par rapport au PIB est inférieure à l’Italie et équivalente à
celle de l’Espagne, on voit que notre croissance l’est beaucoup moins.
Les
efforts de l’Espagne pour ramener son déficit primaire vers zéro ont été
considérables puisque ce pays se situe au niveau de la France avec un peu plus
de 2%. L’Italie, très handicapée par une dette ancienne et une économie encore
en récession, est passée du déficit au surplus primaire. La France s'avère la plus mal placée en termes d'efforts sur le déficit primaire. L’index posé sur nous
par Bruxelles ne peut donc laisser les investisseurs indifférents à terme.
De plus il y a une
vérité fondamentale dans toute économie emprunteuse, c’est la comparaison entre
les taux d’intérêt longs et la croissance. Si les taux deviennent supérieurs au
taux de croissance, on entre dans un cycle infernal dit « trappe à dette ».
La dette ne peut alors que s’accroître. C’est ce qui se passe depuis 2012. Ceci
est d’autant plus inquiétant que notre taux d’intérêt réel (taux nominal moins
l’inflation) à 10 ans est ridiculement bas par rapport à l’Italie et l’Espagne qui
présentent désormais des caractéristiques d’avenir plus alléchantes que notre
pays.
La France
fait face au monde entier et la confiance en elle la maintient dans une zone de
confort qui permet au gouvernement de continuer à dépenser en jouant sur de l’argent
bon marché et en laissant filer la dette. Rien néanmoins ne permet de penser
que cette confiance soit acquise pour longtemps. La probabilité d’opportunités
plus alléchantes pour les investisseurs augmente au fur et à mesure que notre
situation relative par rapport aux autres obligations souveraines se dégrade.
Dans ce cas il faudra consentir des taux d’intérêt plus élevés. Notre déficit
public primaire (sans l’intérêt de la dette) devenant le plus important de la
zone euro en 2015, et l’investissement de nos entreprises se dégradant, la
faiblesse de nos réformes structurelles et de relance de notre économie n’augurent
rien de bon.
On ne peut indéfiniment croire en sa
bonne étoile
Si tous les autres la voient pâlir !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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