vendredi 28 novembre 2014

Démocratie européenne en berne, nouveau mur de Berlin (2ème partie : le mur ukrainien)



La Russie est mise au banc des accusés et son régime est toujours vu sous l’opprobre d’une dictature communiste. Si la démocratie russe n’est pas parfaite, la France classée en tête des démocraties imparfaites par Reporters Sans frontières ferait bien de ne pas regarder la paille dans l’œil de la Russie avant d’avoir vu la poutre dans le sien. Une forme de démocratie existe dans ce pays, et les sanctions occidentales touchent profondément l’âme nationale russe. Elles ne font que grossir le nombre de russes qui approuvent leur président. Si le but est d’empêcher la Russie de se rapprocher de l’UE, le but est atteint. Ce pays tisse fébrilement des liens à l’est, au sud et jusqu’au Brésil et à l’Afrique du Sud. Si le but est de déstabiliser Poutine, il faudra d’autres actions internes à ce pays. 

En fait les USA sont dans la nécessité que dicte le complexe militaro-industriel, qui implique l’existence d’un « ennemi mortel » imaginaire pour pouvoir exercer une politique d’agression et entretenir l’industrie militaire à l’avenant. L’emprise de ce complexe présente les dangers dénoncés par le discours d’adieu prononcé par le Président Dwight David Eisenhower, le 17 janvier 1961 : « Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque Parlement d'Etat, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral.[…] Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu'elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d'une désastreuse ascension d'un pouvoir illégitime existe et persistera. »




Aujourd’hui une nouvelle guerre froide est lancée et l’opinion est manipulée pour faire ressortir les vieux réflexes d’hostilité contre les « Rouges » qui ont abouti au mur de Berlin dressé par les russes pour empêcher les habitants de l’est de l’Europe de fuir à l’ouest. Il est facile de surfer sur un réflexe antirusse alors que la situation a foncièrement changé. L’URSS a traversé une grave amputation de son territoire et une grave crise économique dans les années 1990. Elle a négocié une fin de guerre froide avec la dissolution du Pacte de Varsovie contre la promesse de non-implantation de l’OTAN à ses frontières. Cette promesse n’a pas été tenue. L’OTAN est dans les Etats Baltes et les USA multiplient les bases militaires autour de la Russie et même dans des ex-républiques soviétiques. Malgré cela la Russie est sortie de son autarcie et est entrée dans la mondialisation. Le développement de ce vaste pays est en cours et justifie les efforts de son gouvernement. La face du monde semblait devoir être changée dans un esprit de partenariat avec le monde occidental.

Il n’en reste plus rien ou presque, et on masque à notre peuple une montée du risque d’un conflit majeur. Le sang de plus de 4.000 morts et de 9.000 blessés, a coulé entre Kiev et la frontière russe. Des hôpitaux, des écoles ont été bombardés par des missiles tuant femmes et enfants dont certains sont retrouvés dans des charniers. Kiev continue et l’ONU en arrive à s’inquiéter des attaques contre les russophones de l’est de l’Ukraine. « L'ONU est vivement préoccupée par les informations provenant de l'est de l'Ukraine sur les persécutions ethniques, a communiqué le porte-parole des Nations Unies Stéphane Dujarric pour commenter l'information d'après laquelle des attaques se multipliaient contre la population russophone à Marioupol et dans d'autres villes contrôlées par les militaires ukrainiens.  »

Le Président, légitimement élu, a été chassé du pouvoir par une révolution menée par des groupes nazis, largement soutenus financièrement et militairement par Washington et les pays de l’OTAN. Une conversation interceptée sur Youtube entre l’assistante du secrétaire d’État Victoria Nuland ne laisse aucun doute sur les intentions américaines. Elle montre que les États-Unis ne sont pas intéressés par les slogans officiels des manifestants de la place Maidan (le rattachement à l’Union européenne), mais qu’ils œuvrent pour changer le régime, placer un homme à eux au pouvoir, et répandre les troubles. Après avoir placé ses marionnettes à la tête de l’État, l’idée sous-jacente est de faire de l’Ukraine une base militaire stratégique à la porte de la frontière russe. Le mensonge américain que nous couvrons devient insupportable comme le silence de nos médias, de nos politiques et des intellectuels « bien-pensants ». 

L’opprobre jetée sur la Russie est indigne de notre pays comme celle de laisser se perpétrer les massacres d’européens. Nous sommes devant une série de mensonges honteux. Le général américain Philip BREEDLOVE, Commandant en Chef des forces de l’OTAN, parlant à Kiev mercredi 26 novembre a fait une déclaration importante en parlant des forces militaires russes dont la propagande occidentale affirme la présence avec des moyens lourds, chars en particulier. « Les nombres dont nous disposons depuis plusieurs semaines n’ont pas réellement beaucoup changé – entre 8 et 10 bataillons « task groups » sur la frontière, mais ce n’est pas la partie importante ». C’est l’aveu implicite de la présence russe hors de l’Ukraine en territoire russe.  

La Russie aide les partisans de la Novorussia, cela ne fait aucun doute mais elle se garde d’une présence de forces militaires russes régulières. Les volontaires russes affluent mais aussi français, italiens, espagnols pour aider cette population massacrée comme le font les djihadistes français. La Russie ne laissera pas l’OTAN s’installer à cette frontière et de plus en plus de pays se détachent de la position de l’OTAN. La Turquie préfère ne pas appliquer les sanctions et négocier le prix du gaz avec la Russie. La Hongrie affronte l’UE et refuse les sanctions, beaucoup plus intéressée par l’arrivée du pipe-line de la mer Noire en construction.

La position française est un véritable scandale que seul justifie une vassalité envers les USA. Ces derniers dressent un véritable mur militaire autour de la Russie dont l’emprise nous ramène au temps de la guerre froide du mur de Berlin avec le mur ukrainien voulu par l’OTAN. Nous essayons de vendre nos Rafales à l’Inde avec la visite prévue du ministre Le Drian alors que les liens entre la Russie et l’Inde se fortifient. Nous ferons chou blanc et l’affaire du Mistral va contre nos intérêts sauf de considérer que nous sommes en guerre contre la Russie. L’arbre de Noël offert par la Russie pour Notre-Dame et le parc d’attraction qu’elle nous achète pour la Crimée font honte à la France.
 

Notre attitude envers l’Ukraine montre la déliquescence 

De notre politique étrangère et la fragilité 

De notre défense nationale, désormais. 

Celle-ci n’existe plus que par l’OTAN 

Et nous condamne à… Obéir ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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