Il se joue à l’est
de l’Europe et dans le Moyen-Orient des conflits dont les imbrications nous
révèlent toute l’ampleur de la manipulation des opinions européennes et la
fragilité, l’inconsistance, la duplicité de notre propre politique étrangère.
Commençons par l’Ukraine où des combats sporadiques continuent et où on dépasse
les 3.700 morts. Les républiques de Donetsk et de Lougansk votent en ce
dimanche 2 novembre 2014 pour désigner leurs représentants mais en réalité pour
dire oui ou non à l’indépendance. Déclarées illégales par le pouvoir de Kiev,
elles font suite aux élections de l’Ukraine ouest du 26 octobre qui ont réélu
Porochenko avec 22% des voix et une participation de 50%, résultat reconnu par
la Russie mais qui n’est finalement pas un grand succès pour les
pro-occidentaux. Avec la Crimée, devenue russe, et la partie Est (Novorossia) aux
mains des « insurgés », soit environ 16% de la population qui n’ont pas voté, on aurait pu attendre une
participation de 60% pour un vote de cette importance.
La cohérence des russes, qui reconnaitront aussi les
résultats des républiques de l’est, met en lumière l’incohérence des positions
occidentales qui ne les reconnaîtront pas alors que les populations s’expriment
librement et que l’on ne peut contester leur légalité quand on refuse d’y envoyer
des observateurs. Le refus de dialogue et de recherche de compromis va
entériner l’explosion de l’Ukraine. Il est même probable que la région proche
de la Pologne souhaitera aussi se détacher de Kiev et peut-être une autre vers
la Hongrie. L’Ukraine est de plus dans une situation économique désastreuse
avec une baisse probable du PIB en 2014 de 8 à 10% que nous allons devoir
assumer financièrement en grande partie par l’UE. Les Etats-Unis qui ont aidé,
financé, voire incité, la révolution de la place Maïdan, vont laisser la note
aux européens mais vont s’implanter militairement dans ce qui restera de l’Ukraine
avec des lance-missiles, des stations radar et d’écoute à terre et sur les
navires qui croiseront en Mer Noire. Tout cela en plein accord avec la Turquie.
La situation
en Syrie et en Irak est tout autant machiavélique et incertaine, la diplomatie
ayant laissé la place aux armes. Des intérêts divers y développent des
alliances de circonstance mais deux objectifs prédominent. Tout d’abord la
continuation de la théorie du chaos demande l’élimination du pouvoir, ou
physique à défaut, de Bachar el-Assad en Syrie et les États-Unis aident militairement
l’opposition dite modérée par l’entremise de la Turquie. Un train turc vient d’envoyer
récemment des chars, des canons, des munitions américaines. Néanmoins cette dernière laisse se détériorer
la situation des Kurdes syriens en refusant d’intervenir militairement au côté
des américains tout en disant faire partie de l’alliance anti EIIL.
La diversité des factions rebelles en Syrie fait qu’une
grande partie des aides militaires est finalement donnée ou vendue aux
djihadistes de l’État islamique qui combattent aussi en Syrie. La Turquie fait
coup double en luttant contre Bachar el-Assad et les kurdes par l’intermédiaire
des djihadistes. La position américaine peut paraître plus confuse puisqu’elle
combat l’Etat islamique en Syrie et en Irak mais les arme par ailleurs. Elle ne
se comprend que par l’application de la théorie du chaos. On arme pour mieux
justifier l’obligation d’intervenir et de détruire hommes et infrastructures…
en évitant de détruire les puits et les installations pétrolières. De plus la
politique américaine vis-à-vis de l’Arabie Saoudite évolue, cette dernière se
montrant plus réticente aux ordres américains et se doit de montrer sa
participation en Irak contre les djihadistes qu’elle a soutenus et armés en
Syrie.
La stratégie américaine joue aussi un double jeu
avec le camp chiite au pouvoir en Irak et soutenu par l’Iran. Les frappes
aériennes sur les djihadistes, sunnites salafistes, suffisent comme soutien aux
chiites et un conflit long dans lequel les participants se détruisent et s’affaiblissent
permet aux États-Unis de garder la main aux frontières de l’Iran qu’il va
falloir aussi ramener… à la raison comme s’y prépare Israël. L’affirmation
réitérée par l’Iran de la poursuite de son programme nucléaire est le signe que
la tension va bientôt monter d’un cran alors que les liens de ce pays avec la
Russie s’affermissent.
Tout le monde ment et joue un double jeu, l’Europe
aussi mais les enjeux sont terriblement dangereux. L’Europe n’a comme jeu
propre que celui des États-Unis et celui de l’Allemagne. En ce qui concerne l’Ukraine
celle-ci est à la manœuvre. L’extension de l’UE à l’est a bien sûr l’incitation,
les encouragements et l’appui des USA, mais elle intéresse principalement l’Allemagne.
Elle en tirera le plus grand profit alors que l’arrivée de ce pays entraîne
pour tous les autres des financements supplémentaires d’aide. L’Allemagne est
par contre beaucoup moins pressée de s’engager dans la guerre contre l’EIIL. L’Arabie
Saoudite a peur de se faire déborder par des djihadistes sunnites qui veulent
leur propre califat et combat aux côtés des chiites… pour l’instant. La Turquie
fait partie de l’alliance, refuse ses aéroports pour les chasseurs américains
dans ce conflit mais pas pour faire face à la Russie dans le conflit ukrainien
et arme les djihadistes par insurgés syriens interposés pour abattre Bachar
el-Assad avec les américains… et nous.
Le plus grand
menteur et manipulateur reste la puissance économique et militaire des USA qui
se passe de plus en plus des autorisations de l’ONU et considère que le droit d’ingérence
lui est attribué de facto. Le grand chaos est toujours à son ordre du jour et s’étend
progressivement sur toute l’Afrique, nouveau terrain de « jeu ».
Selon certaines sources crédibles et bien informées, l’épidémie d’Ebola n’est
pas due qu’au hasard et les centres d’études américains de la guerre biologique
existent en Afrique dans les pays n’ayant pas signé le traité d’interdiction de
ces armes comme la Sierra Leone. L’hégémonie américaine fait feu de tout bois…
au nom de la démocratie, des Droits de l’Homme et des actions humanitaires
selon le cas.
Russie et Chine sont en train de prendre la mesure de la menace
et un vent de guerre se lève, guerre secrète, guerre économique et guerre
psychologique, vent pour lequel les armes se préparent à prendre le relais car
au jeu du poker menteur il y en a toujours un qui doit aller au tapis. La France
oublie qu’il n’y a malheureusement pas de guerre sans drames humains et s’englue
dans les conflits armés aux buts obscurs dans une défense de l’avant quand la
violence des « ismes », écologisme, racisme, européisme, risque
désormais de la désintégrer de l’intérieur.
Personne
n'est assez insensé pour préférer la guerre à la paix ;
En
temps de paix les fils ensevelissent leurs pères ;
En
temps de guerre les pères ensevelissent leurs fils.
Hérodote
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF
du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire