L’Assemblée Nationale
vient de voter le nouveau découpage territorial ramenant le nombre de régions
de 22 à 13 sous l’impulsion européenne à l’allemande. On vend cette « avancée »
à l’opinion en faisant miroiter 10 milliards d’économies et une centralisation bénéfique donnant plus de poids, donc plus d’argent aux
régions qui au passage reprennent des tâches des Conseils généraux des
départements. On prépare ainsi la disparition de ceux-ci, bien que l’affaire paraisse
plus difficile avant 2017 et probablement rejetée sine-die après 2017 en cas de
défaite de l’actuelle majorité. La réalité des choix, faits dans l’urgence, est
moins glorieuse car il s’agit en fait de donner des preuves de bonne volonté à
Bruxelles en lui annonçant une réforme structurelle « de taille » en
guise d’apaisement, réforme qui ne coûte pas cher puisqu’elle est supposée
faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État.
Avant la Révolution française de 1789,
le Royaume de France était divisé en 39 provinces historiques issues de
l'histoire féodale et dont, pour certaines, la taille correspondait environ aux
régions actuelles. Il faut noter que ceci correspondait à une volonté nationale
de décentralisation politique et administrative dans le respect des particularismes
et identités régionales. Le meilleur exemple de particularités était le Comtat
Venaissin, ancien territoire papal devenu l’enclave du Vaucluse dans le
département de la Drôme. Notons que la Bretagne comprenait bien l’actuel
département de Loire-Atlantique.
Après
1789, le territoire a été découpé en 83 départements. Le découpage
administratif était basé sur les moyens de déplacement de l’époque, une heure
ou une journée de marche à pied, une journée de cheval, en vue de rendre le
meilleur service au citoyen. Du côté de l’État la collecte de l’impôt devait
être assurée le mieux possible, ainsi le préfet et l’intendant devaient être dotés
des moyens leur permettant d’exercer leur charge. Depuis cette époque nous n’avons
pas cessé de compliquer les rouages des découpages administratifs, économiques et politiques.
Il
est bon toutefois de se souvenir que les régions sont le résultat des réflexions
de deux grands chefs militaires, le Maréchal Pétain et le Général De Gaulle,
qui s’opposèrent durant la deuxième guerre mondiale. Le premier est l’auteur d’un
décret publié le 30 juin 1941 attribuant à certains préfets les pouvoirs des
préfets régionaux sur des regroupements de départements. Ceux-ci reposaient sur
des critères économiques et surtout le lien au chef-lieu par les transports
terrestres. Ils étaient à peu de choses près l'actuel découpage régional. Avant
la Libération De Gaulle décida par ordonnance du 10 janvier 1944, de
l'organisation administrative accompagnant la future libération du territoire
et instaura des régions administratives placées sous l'autorité d'un commissaire
de la République. Ceci fut abrogé à son départ en 1946.
La loi du 21 mars
1948 met en place des Inspecteurs généraux de l'administration en mission
extraordinaire (IGAME) chargés de coordonner au sein de 13 circonscriptions
(les igamies) l'action des régions de défense et des préfets de départements.
Notons au passage que ce découpage constituait 10 découpages puissants au sens
de l’Europe des régions. L’histoire continue avec le décret Pflimlin du 30 juin
1955 qui décida du lancement de « programmes d'action régionale » en
vue de « promouvoir l'expansion économique et sociale des différentes
régions », suivi de l’arrêté ministériel du 28 novembre 1956 qui
institua 24 régions dont 22 en métropole. Dès 1960 un nouveau charcutage est
opéré : les régions Alpes et Rhône sont fusionnées, les Basses-Pyrénées
passent de Midi-Pyrénées à l'Aquitaine, et les Pyrénées-Orientales de
Midi-Pyrénées au Languedoc. De plus les régions ne deviennent pas seulement des
entités économiques mais aussi administratives. Le décret du 14 mars 1954 dote
ces regroupements de départements d’un préfet de région.
Dans
le nouveau charcutage qu’une majorité parlementaire a voté il est assez cocasse
de noter que : Le 27 avril 1969, l'échec d'un référendum visant entre
autres à élargir le rôle des régions conduisit à la démission de Charles de
Gaulle de la présidence de la République. Avant de rentrer dans l’histoire
récente, cet évènement est historique et donne de la politique la plus mauvaise
image qui soit. C’est à cause de ce référendum perdu, puis du nouvel essai
perdu du référendum sur la Constitution européenne, que ce type de consultation
est tellement redouté par les politiques, qu’il n’est plus proposé. Enfin il
est difficile d’admettre qu’en 1969 c’était œuvrer pour le Bien commun en
votant non à l’élargissement des rôles des régions, puisque ceci est proposé aujourd’hui
comme une avancée dans la modernité… Le but du NON n’était que politique et a
plongé progressivement la France dans la suite des errements de mai 68, dans une
lente perte d’identité nationale et dans l’asphyxie européenne. De toute
évidence pour renaître, nous sommes entrés… dans l’ère de la bougeotte
économico-administrative… Est-ce nécessaire ? Est-ce bon ? Est-ce l’urgence ? On en reparlera.
La bougeotte des structures
administratives et économiques,
Comme les restructurations continuelles
dans l’entreprise,
Ont le « mérite » de pomper l’énergie
de ses acteurs
Qui autrement n’aurait servi qu’à
produire…
Ce pourquoi ces entités existent !
Claude
Trouvé
Coordination
du MPF Languedoc-Roussillon
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