On dit que l’argent pourrit tout, c’est
souvent vrai mais en France ce qui est toujours vrai, c’est que la politique
pourrit tout et en particulier le budget national. Le jour où nos gouvernants
bâtiront un budget en manager et reprendront seulement leur casquette politique
pour expliquer au peuple les objectifs à atteindre, les clefs de répartition de
l’argent public et les éventuels sacrifices à faire, on aura fait le pas
nécessaire pour retrouver la voie du succès. C’est parce que le budget se
construit sur les dépenses que politiquement on juge nécessaires et que les
recettes sont priées de s’y plier que le déficit est toujours au rendez-vous et
plus important que prévu.
Le
budget 2015 en est la parfaite illustration. On décide de dépenser 21 milliards
pour soi-disant relancer l’économie, en réalité pour faire surtout un cadeau
aux grandes entreprises et aux multinationales, et on s’arrange pour rogner un
peu par ci par là les dépenses de l’État en évitant celles de fonctionnement,
et pour finalement complémenter les économies par une baisse de la répartition
sociale sur les citoyens et une hausse des taxes supposées plus indolores. Le
tout est d’arriver, non pas à respecter les critères imposés par Bruxelles,
mais à se trouver dans une position défendable devant cette institution, du
style : « Quand la croissance
n’est pas là en zone euro, la France ne peut pas diminuer son déficit comme
prévu ».
Cette
attitude est un peu celle de l’élève disant au maître : « je n’ai pas pu apprendre ma leçon parce que
je suis allé au cirque hier ». Alors pour 2015 l’attitude de Bercy
aurait pu être celle de regarder d’abord les recettes. Elle est liée à la
pression fiscale certes, pression que l’État maîtrise, mais elle dépend aussi
de la croissance non maîtrisée. C’est pourquoi l‘on dit « Trop d’impôt,
tue l’impôt ». La zone euro peine et les prévisions du FMI, de la Banque
mondiale et de la BCE, ne sont pas optimistes. L’Allemagne ralentit… et nous on
accélère avec une prévision de 1% de croissance. La prudence élémentaire est de
ne pas prévoir une croissance supérieure à celle espérée fin 2014 soit 0,4%.
C’est un premier point où l’optimisme gouvernemental tourne à la
béatitude ou à la manipulation !
Michel
Sapin pleure sur le budget 2014 qui n’a pas vu une inflation suffisante, ce qui
a entraîné une part de la baisse des recettes. Il masque ainsi la décision
d’une croissance à 1% pour ce budget alors que la plupart des économistes
sérieux parlaient de 0,5% au mieux, contrairement à ce qu’il ose nous dire
maintenant. Manuel Valls ayant agité l’épouvantail de la déflation, il eut été
prudent de ne prévoir qu’une inflation quasi-nulle pour 2015, à 0,1% par
exemple. Comme je l’ai publié précédemment, on aurait pu prévoir 4 à 5 milliards
de recettes en moins donc d’économies supplémentaires à trouver. C’est
d’ailleurs le chiffre, publié dans mon article « Je suis à la dette,
docteur. Est-ce grave ? », que nous réclame la Commission
européenne !
Une
fois les recettes prévues avec réalisme, on peut éviter de répéter le dérapage
de 9 milliards sur le budget 2014, ce qui ne sera pas le cas si celui de 2015
n’est pas modifié. C’est à ce stade que les options de couverture des dépenses
demandent d’être politiquement analysées. La pression fiscale est au maximum,
il ne devrait donc pas être question de compléter les recettes par des taxes
supplémentaires, car c’est alors une véritable politique d’austérité dont se
défend le gouvernement. Par ailleurs il est facile de dépenser 21 milliards
supplémentaires en augmentant un peu plus la dette de 13 milliards par un
passage du déficit de 3,8%, chiffre de l’engagement français, à 4,4% du budget 2015. Ce n'est plus que 8 milliards
qu’il faut trouver. Si l’on ajoute les prévisions optimistes de 4 à 5
milliards, l’effort n’est plus que de 3 à 4 milliards que l’on va prendre sur
la baisse des prestations sociales et les taxes supplémentaires, en
augmentation déguisée de la pression fiscale.
Et voilà pourquoi ma sœur est muette.
Nos politiques ne sont que des prestidigitateurs. L’effort budgétaire des 21
milliards n’est qu’une manipulation de chiffres qui se dégonfle comme une
baudruche à coups de prévisions optimistes irréalistes et d’augmentation de la
dette ! A côté de cela l’effort sur les dépenses de fonctionnement de l’État est ridicule puisque ces dépenses continuent à augmenter et que le
principal effort est demandé aux collectivités territoriales qui ne vont pas
manquer de reporter le manque à gagner sur les contribuables. C’est une
nouvelle ponction fiscale de politique d’austérité et non de rigueur qui se
traduira par une baisse de la consommation des ménages, ce qui réduira la
croissance, donc les recettes prévues, et agrandira le déficit, etc., etc.
C’est donc à un véritable peignage de ses dépenses que l’État aurait dû se
livrer et dans ce sens on comprend l’exaspération d’Angela Merkel sur notre
façon de gérer le budget français. C’est pourtant la route de vérité que la
France doit emprunter. Nous en reparlerons dans un résumé des mesures à
prendre.
Le gouvernement nous vend des chimères
Pour pouvoir mieux nous plumer
En restant bien au chaud !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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