Dans l’article précédent j’ai montré le côté
pervers du capitalisme financier, celui qui nourrit la spéculation sur les
marchés boursiers, celui qui est alimenté par le déversement de liquidités à
taux d’intérêt presque nul sur les banques privées qui déversent eux-mêmes sur
les États, celui qui crée les bulles et engendre les catastrophes mais qui
enrichit les détenteurs du gros capital. Le capitalisme qui sert de
faire-valoir au libéralisme s’est pourtant répandu dans le monde entier parce
que c’est un moteur indispensable à la création de richesses réelles. C’est le poumon
des entreprises que celles-ci investissent par autofinancement ou par l’emprunt.
Je
me suis permis de prendre une comparaison avec un réacteur nucléaire, ce qui
peut choquer les écologistes, pour imager le capitalisme. Un réacteur peut être
dans trois différents états en dehors de celui de l’arrêt complet. Il peut être
en cours de chargement. A ce moment le cœur du réacteur se trouve dans l’impossibilité
physique de produire de l’énergie, sa charge en combustible est trop faible, c’est
l’anticapitalisme, bien représenté par le communisme. Il se passe des
évènements à l’intérieur du cœur du réacteur mais tout tourne en rond sans rien
produire vers l’extérieur. Le réacteur peut être en fonctionnement et produire
de l’énergie. Le moteur nucléaire tourne mais est sous contrôle parce que la
régulation a été mise en place dans ce but et que la charge de combustible est
suffisante pour alimenter la marche du moteur nucléaire. C’est l’image du
capitalisme productif. Mais on peut imaginer que l’on relâche la régulation et
qu’on provoque une surchauffe du réacteur, c’est un peu ce qui s’est passé à
Tchernobyl. On explore alors des zones critiques, donc dangereuses mais on fait
croître l’énergie produite. C’est le capitalisme pervers. A jouer avec le feu,
un jour ou l’autre le cœur explose ou fond sur lui-même. C’est l’éclatement des
bulles et les catastrophes monétaires.
Le
capitalisme doit être enfermé le plus possible dans des règles de
fonctionnement qui interdisent d’en changer la destination préférentielle vers
la production et d’empêcher qu’il tourne sur lui-même au seul profit de ceux
qui l’alimentent par le capital investi, capital qui leur a été fourni en
monnaie de singe. Le capitalisme productif est le véritable gain de richesse et
de pouvoir d’achat qui peut inonder l’ensemble d’une population et qui est en
véritable rapport avec le travail fourni par elle. Le capitalisme financier n’est
que l’appétit de ceux qui utilisent ce moyen pour gagner beaucoup plus dans le
monde devenu irréel d’un système monétaire déconnecté de la réalité depuis que
son lien à l’or a été rompu.
Nous
allons vers une période de croissance dite molle au mieux, sans doute de l’ordre
de 0,5%. Elle restera à ce niveau parce qu’elle correspond aux améliorations
techniques, aux innovations, à l’automatisation, dans le domaine du possible,
qui permettent de payer demain ce qui nous est soit utile soit agréable un peu
moins cher qu’aujourd’hui et d’envisager de dépenser plus pour autre chose
utile ou non. Ce n’est nullement une catastrophe, mais cela demande que nous
changions de braquet dans l’augmentation possible des dépenses. Les salariés, n’étant
pas maîtres de leur salaire, y sont contraints de gré ou de force. Il n’en n’est
pas de même pour l’État qui ne veut pas admettre ou avouer que les temps ont
changé. Il continue à faire des prévisions de croissance irréalistes et y
ajustent ses dépenses sans cesser néanmoins de les faire croître.
C’est
pourquoi nous nous enfonçons. L’État ne veut pas réduire son train de vie et
veut agir sur le secteur productif à sa manière, c’est-à-dire en gardant la
maîtrise des impôts et des redistributions. Plus il collecte des impôts, plus
son pouvoir dans la redistribution est grand. Ce n’est évidemment pas dans les
tâches régaliennes normales mais sa propension à tout gérer dans le monde
productif et à son laxisme dans la gestion du monde spéculatif ont un lien avec
le pouvoir des banques, des financiers et des multinationales sur les gouvernants
qui en tirent eux-aussi pouvoir et argent.
La croissance à plusieurs % n’est pas pour
demain. Elle peut revenir mais personne ne sait quand, car cela dépend des
grands sauts technologiques comme le furent l’automobile, l’électricité, l’électronique,
etc. Il faut donc ajuster notre train de vie, le nôtre et celui de l’État, à
une croissance faible qui devient nulle ou négative quand on gère mal un État. La gestion
budgétaire ne consiste plus à faire la somme des dépenses souhaitées et d’y
ajuster les recettes. Par ailleurs le reversement des capitaux sur le monde
productif doit redevenir son objectif primordial et les grandes fortunes
doivent être issues de ce monde du travail et non essentiellement de celui de
la spéculation. Sinon nous n’avons pas fini de voir s’abattre sur nous des catastrophes
dont ce monde des puissants se tire très bien à nos dépends comme nous le
verrons dans le prochain article. Les
vices du capitalisme qu’on reproche ne lui sont point inhérents, ils ne
proviennent pas de sa nature, mais du système financier qu’il utilise, un
système financier qui domine au lieu de servir. C’est le système financier qui
vicie le capitalisme. Ce qui est certain c’est que :
Un monde nouveau est à réinventer où l’argent
aide à vivre
Mais où l’on ne vit pas que pour l’argent,
Celui où les Valeurs valent de l’or
Et où on n’oublierait pas de les préserver !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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