L’hégémonie grandissante de l’Allemagne sur l’UE, et en particulier sur
la zone euro, lui permet de jouer le rôle du représentant de l’Europe entre les
USA et la Russie, voire la Chine. Elle est en mesure de mener des négociations
entre les USA, qui lui assurent une couverture militaire et un marché, et la
Russie qui lui assure l’alimentation en gaz et un autre débouché pour ses
exportations. La France a donc perdu un rôle qui lui était dévolu depuis le
refus d’allégeance aux USA qu’avait proclamé De Gaulle. Elle a expressément
fait le choix de l’atlantisme en se rangeant derrière l’hégémonie américaine
pour tout ce qui est la politique extérieure et subit l’influence allemande
pour tout ce qui relève de la politique budgétaire et européenne.
Sur le plan budgétaire, si la France garde
juridiquement la mainmise sur son budget, elle ne peut compter affronter
indéfiniment l’Allemagne autour de laquelle se regroupent tous les pays qui ont
suivi son mode de gestion économique privilégiant l’équilibre budgétaire avant
toutes choses. La France subit l’influence des États-Unis dans leur politique
de QE, autrement dit de planche à billets, pour soutenir la croissance. C’est
un point d’affrontement avec l’Allemagne pour lequel nous ne pouvons sortir
vainqueur qu’à termes de plus en plus courts. On saura bientôt quelles
concessions à nos dérives budgétaires seront accordées par Bruxelles. Le plus
important restera l’appréciation des investisseurs sur l’attractivité de nos
obligations, laquelle dépend beaucoup de l’envie allemande de nous soutenir
coûte
Si la France juge que sa politique
économique est bonne pour notre pays, étant entendu que le contexte économique,
historique, géographique et démographique de notre pays est différent de celui
de l’Allemagne, elle ne doit ni se soumettre aux préconisations insistantes des
USA, ni à celles de notre voisine. En particulier il doit être renégocié qu’il
ne peut s’agir pour Bruxelles de nous menacer de sanctions et que les
discussions sur les budgets ne doivent porter que sur une cohérence minimale vers
un but commun et une adaptation aux particularités de chaque membre de la zone
euro en particulier. La France ne peut faire valoir l’indépendance de sa politique
économique que par un équilibre Est-Ouest, Allemagne-USA.
Il en est de même pour la politique
étrangère. L’hégémonie américaine nous a transformés en vassal, prêt à en
découdre militairement et diplomatiquement avec tous les pays qualifiés d’ennemis
par les USA. C’est pourquoi nous étions les premiers en Libye avec eux, nous sommes
en première ligne pour discuter avec l’Iran de la non-prolifération nucléaire,
nous sommes même plus virulents qu’eux en Syrie, nous sommes partenaires au
moins diplomatiquement en Ukraine, nous sommes un partenaire aux ordres dans la
coalition contre l’EIIL. Ajoutons à cela que les USA nous propulsent et nous
aident sur des actions extérieures où ils ne veulent pas aller eux-mêmes. C’est
le cas de l’Afrique, en particulier francophone avec le Mali, même si la
politique américaine est en train de changer sur ce point, vu la présence
économique grandissante de la Chine.
Le choix délibéré d’un camp
atlantiste et d’une soumission, commencée avec l’entrée dans l’OTAN, ne laisse
plus de place à une politique étrangère propre à la France. On ne peut
considérer comme une véritable preuve d’indépendance le fait de renoncer à
envoyer nos avions sur la Syrie sous le prétexte de ne pas aider Bassar el
Assad. Les moyens militaires dont nous disposons se réduisent chaque année avec
un budget de la Défense qui ne permet plus de pourvoir à toute l’assistance que
demandent les opérations extérieures. Notre dépendance à la couverture
américaine et aux partenaires de l’OTAN se fait de plus en plus importante. Il
nous faut même faire appel à des avions Antonov russes pour les transports de troupes
alors que nous retenons les navires Mistral à livrer à la Russie jusqu’à nouvel
ordre.
Nous avons enfourché la politique
américaine qui vient de redonner un nouvel ennemi à son complexe
militaro-industriel, lequel le pousse au conflit avec la Russie par
provocations successives au plus proche de ses frontières. Pour elle la Russie
est la première puissance à abattre économiquement ainsi que par pourrissement
intérieur, et in fine militairement. La Russie doit surtout être isolée de l’UE
qui ne doit pas être tentée d’accords militaires pouvant assurer un équilibre
par rapport à l‘OTAN. En vassal servile la France se prive de toute possibilité
de faire valoir ses propres intérêts. Or nous sommes culturellement et
historiquement beaucoup plus proches de la Russie que de la Turquie pour
laquelle nous payons toujours ses discussions et dispositions préparatoires à
son éventuelle entrée dans l’UE. Nos entreprises ont besoin de s’implanter et
de commercer avec ce pays proche dans de nombreux domaines beaucoup plus que
les USA qui sont surtout en relations commerciales avec la Chine. Notre
attitude agressive envers la Russie ne peut que nuire à notre économie, comme
les sanctions alimentaires prises récemment, et nous priver de toute
possibilité d’alléger sur nous le joug des USA.
La vassalité aux USA s’ajoute à la dépendance
envers la politique d’austérité allemande pour faire de la France un pays ayant
perdu le contrôle réel de son avenir. Le mirage de l’euro qui protège n’est
plus qu’un dogme qui veut ignorer la réalité. La politique française devient
incohérente, oscillant entre une politique de la demande et celle de l’offre
tout en refusant le contrôle de sa monnaie. Le résultat est une déchéance lente
de notre économie et une pression grandissante de Bruxelles sur notre pays. Par
ailleurs notre politique extérieure suit servilement celles de l’hégémonie
américaine et du pangermanisme. Elle nous entraîne dans des conflits qui n’ont
rien à voir avec la défense de notre territoire, ni même de nos intérêts dans
les pays étrangers. Nous allons guerroyer, là où les États-Unis ont décrété que
se trouvaient nos ennemis, sans prendre la position diplomatique d’une nation
non engagée pouvant servir de négociateur de la paix. Notre siège au Conseil de
Sécurité à l’ONU et notre puissance nucléaire militaire ne nous suffisent plus
pour nous affirmer. Par sa position économique dominante et la cohérence d’une politique
nationaliste, l’Allemagne est en train de prendre notre place.
Asservie par les États-Unis, redevable à l’Allemagne,
La France doit réaffirmer ses spécificités
Et retrouver toute sa place
Dans l’équilibre…
Est-Ouest !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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